La Transfiguration.
Nous chrétiens, nous avons le Christ lui-même pour Loi. Nous devons l’écouter. Pour écouter il nous faut du silence. Du silence extérieur mais surtout du silence intérieur, c’est-à-dire, une volonté ferme de quitter le péché, une intention droite, un grand désir de sainteté.
Jésus s’apprêtait à passer de Galilée en Judée pour se rendre à Jérusalem, où il devait se trouver pour la fête de Pâques. C’était cette dernière Pâque, qui devait commencer par l’immolation de l’agneau figuratif et se terminer par le Sacrifice de l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. Jésus ne devait plus être inconnu à ses disciples. Ses œuvres, tout particulièrement les miracles, lui avaient rendu témoignage, aux yeux même des étrangers ; sa parole si fortement empreinte d’autorité, sa bonté si attrayante, sa patience à souffrir la grossièreté de ces hommes qu’il avait choisis pour sa compagnie: tout avait dû contribuer à les attacher à lui jusqu’à la mort. Les apôtres avaient entendu Pierre, l’un d’entre eux, déclarer par une inspiration divine qu’il était le Christ, Fils du Dieu vivant ; mais cependant l’épreuve qui se préparait allait être si redoutable pour leur faiblesse, que Jésus voulut, avant de les y soumettre, leur accorder encore un dernier secours, afin de les prémunir contre la tentation. Ce dernier secours serait la Transfiguration : Jésus manifeste ainsi sa gloire devant ses disciples.
L’Evangile nous raconte les détails de cet épisode :
« Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques »… Pierre monte avec Jésus sur la montagne –explique saint Ambroise–, parce qu’il devait recevoir les clefs du royaume des cieux ; Jean, parce que le Sauveur devait lui confier sa mère ; Jacques, parce qu’il devait souffrir le martyre le premier.
« Jésus gravit la montagne pour prier ». Il nous enseigne ainsi à chercher la solitude et à nous élever au-dessus des choses terrestres pour assurer le succès de nos prières. Jésus consacre du temps à la prière. Il cherche aussi les meilleures dispositions pour la prière ; tels des époux ou des amis qui partent ensemble dans des beaux et calmes lieux afin de s’entretenir sur des choses importantes, ou afin d’approfondir leur amitié.
« Pendant que Jésus priait l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante » nous dit saint Luc. Et saint Matthieu : « il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige ».
Saint Léon commente : «« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère » et, ayant gravi avec eux une haute montagne, à l’écart, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car ils avaient certes reconnu en lui la majesté de Dieu, mais ils ignoraient encore la 
puissance détenue par ce corps qui cachait la divinité. Et voilà pourquoi il avait promis en termes formels et précis que certains des disciples présents « ne goûteraient pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son royaume », c’est-à-dire avec l’éclat royal qui convenait spécialement à la nature humaine assumée par la divinité et qu’il voulut rendre visible à ces trois hommes ».
Les Apôtres virent donc alors la face du Seigneur plus lumineuse et éclatante que le soleil, et cette clarté, cette gloire, s’épancha jusque sur ses vêtements. « Il nous fit voir par-là –nous dit Saint François de Sales– un petit échantillon du bonheur éternel et une goutte de 
cet océan et de cette mer d’incomparable félicité pour nous la faire désirer tout entière ; si bien que le bon Saint Pierre, qui parlait pour tous, comme devant être leur chef, s’écria tout ému de joie et de consolation : « Ô qu’il est bon d’être ici », j’ai vu, voulait-il dire, beaucoup de choses, mais il n’y a rien de si désirable que d’être en ce lieu ».
Dieu se révèle sur le visage du Christ. « Qui m’a vu, a vu le Père » dit Jésus dans l’Evangile selon saint Jean (14, 9). Nous sommes invités à contempler la beauté et la grandeur de Dieu sur le visage de Jésus.
Les trois disciples virent encore Moïse et Élie qu’ils n’avaient jamais vus et qu’ils reconnurent cependant très bien . Tous deux s’entretenaient avec notre divin Maître de son départ qui devait arriver en Jérusalem (Lc 9,31), départ qui n’est autre que la mort sur la croix qu’il devait souffrir par amour.
Puis soudain, après cet entretien, les Apôtres entendirent la voix du Père éternel disant : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ».
« Celui-ci est mon Fils » dit Dieu le Père. Celui-ci en qui j’ai mis toutes mes complaisances, dont la prédication me manifeste, dont l’humilité me glorifie, écoutez-le sans hésitation, car il est, lui vérité et vie, il est ma puissance et ma sagesse. Celui-ci est mon Fils, cela doit résonner dans nos cœurs spécialement au moment de la Croix.
« Ecoutez-le ! ». La mission que nous recevons de Dieu se résume dans une seule parole : « Ecoutez-le ». Il ne s’agit pas d’une liste de commandements à observer comme le prétendaient les pharisiens, mais d’entrer en relation avec une personne, la personne divine qu’est Jésus.
Nous chrétiens, nous avons le Christ lui-même pour Loi. Nous devons l’écouter. Pour écouter il nous faut du silence. Du silence extérieur mais surtout du silence intérieur, c’est-à-dire, une volonté ferme de quitter le péché, une intention droite, un grand désir de sainteté.
Ecoutons ainsi Jésus dans la prière, dans la lecture et la méditation des Evangiles. Ecoutons-le quand il nous dit dans le sacrement de la confession : « Je vous pardonne tous vos péchés », ou dans la Sainte Messe quand il dit : « Ceci est mon Corps… ; Ceci est la coupe de mon Sang ». Ecoutons-le, croyons à ses paroles et adorons-le. Ecoutons-le aussi par le conseils des saints qui l’ont aimé et suivi et qui se réjouissent éternellement avec lui dans le Ciel. Ecoutons-le enfin dans tous ceux qui réclament notre aide. «Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait».
Que le Bon Jésus, par l’intercession de notre Mère du Ciel, nous accorde la grâce de l’écouter et de le suivre jusqu’au calvaire afin de pouvoir partager aussi la gloire qu’il promet à ses enfants.
Ainsi soit-il.