Seigneur Jésus, si vous avez caché votre puissance par le lavement des pieds , par votre Passion en étant défiguré par la douleur, si vous cachez toujours votre puissance dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est que votre amour non seulement retient le bras de votre justice mais qu’il veut toucher nos cœurs, même les plus endurcis.
Avec la célébration de l’institution de la Sainte Eucharistie, nous entrons dans l’intime du mystère de l’Amour du Christ pour nos âmes : « sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, nous dit Saint Jean, Jésus ayant aimé les siens les aima jusqu’au bout ». En cette heure ultime, sachant qu’il va mourir, Jésus fait en quelque sorte son testament ; il nous confie ce qu’il a de plus cher, de plus intime, de plus beau …i.e. lui-même dans le sacrement de son amour.
Nous sommes invités pendant cette messe, tout à l’heure devant le Saint Sacrement, durant les heures à venir : vendredi et samedi saints, à nous unir à la prière du Seigneur, à nous unir à son agonie, à nous recueillir pour méditer de quel amour le Fils de Dieu nous a aimé en se livrant pour nous dans sa Passion et sa mort sur la croix, en se livrant à nous dans le sacrement de l’Eucharistie, en se livrant comme notre serviteur par le lavement des pieds.
Il nous faut demander la grâce et l’aide du Seigneur, l’implorer afin d’être blessé de cet Amour divin, car c’est cela qu’il nous manque : être vulnérable à l’amour de Dieu ; nous ne voulons pas laver les pieds des autres et parfois encore moins nous laisser laver les pieds.
C’est seulement en nous laissant laver, rendre pur, par le Seigneur lui-même que nous pouvons marcher à sa suite, pardonner comme Il nous pardonne, aimer comme il nous aime. C’est en nous laissant plonger dans sa miséricorde que notre cœur trouvera Dieu, dépouillé de cet amour-propre, de ces mondanités, qui nous empêchent, comme Saint Pierre dans un premier temps, de nous laisser faire par le Christ, d’avoir confiance en lui.
Oui vraiment la logique divine n’est pas la logique du monde.
Etre chrétien est avant tout un don du Seigneur, et pour que notre cœur reçoive, accueille cette grâce il faut nous laisser modeler par le Christ ; alors nous ferons, nous aussi, comme Jésus a fait pour nous.
Ne laissons pas Jésus, seul, laver les pieds de ses disciples ; ne laissons pas Jésus, seul, au jardin des oliviers ; ne laissons pas Jésus, seul, vivre sa Passion ; ne le laissons pas seul sur la Croix à l’heure de sa gloire véritable.
Unissons toute notre vie à son sacrifice rédempteur, sacrifice actualisé mystérieusement mais bien réellement par la célébration de la Sainte Messe, car « chaque fois qu’est célébré ce sacrifice en mémorial, c’est l’œuvre de notre rédemption qui s’accomplit » nous rappelle la prière sur les offrandes ; et n’oublions pas que si le Fils de Dieu descend du Ciel par la consécration, c’est pour trouver celui de nos âmes. Le lavement des pieds nous enseigne d’ailleurs que la pureté de l’âme est nécessaire pour recevoir le sacrement de son corps et de son sang et qu’il n’est pas possible d’obtenir cette purification si le Christ lui-même ne nous la donne, en nous lavant dans le sang de sa Passion.
Seigneur Jésus, si vous avez caché votre puissance en devenant fils d’homme à Noël, si vous avez caché votre puissance en restant inconnu trente ans durant à Nazareth, si vous avez caché votre puissance en vivant pauvre au milieu de votre peuple, si vous avez caché votre puissance par le lavement des pieds , par votre Passion en étant défiguré par la douleur, si vous cachez toujours votre puissance dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est que votre amour non seulement retient le bras de votre justice mais qu’il veut toucher nos cœurs, même les plus endurcis. Seigneur, donnez- nous un peu de temps pour vous en manifester de la reconnaissance et préparer notre éternité avant de ressusciter votre Puissance.
Amen.