Jésus nous assure qu’il nous aime comme le Père lui-même l’aime. Comment pouvons-nous donc rester indifférents devant un tel amour au lieu de nous remplir d’étonnement et de gratitude?
En ce sixième dimanche de Pâques, Jésus nous expose dans l’Evangile son enseignement sur l’amour, son commandement par excellence. Dans les dimanches précédents Jésus nous a déjà parlé de ce sujet, mais en ayant recours à des paraboles : celle du bon berger qui connait ses brebis et qui donne sa vie pour elles ; et celle de la vigne et des sarments, ces derniers ayant besoin de rester attachés à la vigne et bien taillés pour porter des fruits.
Le récit évangélique d’aujourd’hui fait également partie du discours prononcé par Jésus au cours du dernier repas, le Jeudi Saint. Notre Seigneur est sur le point de donner sa vie en sacrifice sur la croix. Et manifestement on ne trouve dans son cœur qu’une charité ardente. Rien d’autre que de l’amour pour son Père et pour les âmes. C’est son testament.
Jésus nous dit : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés »… « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »… « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ».
Le même apôtre Jean, qui nous a transmis les paroles de Jésus Christ dans l’évangile, explique dans sa première lettre : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés ».
Quelques remarques sur ce passage de l’Evangile :
Etant Dieu infini, son amour l’est aussi. Et Jésus nous assure qu’il nous aime comme le Père lui-même l’aime. Comment pouvons-nous donc rester indifférents devant un tel amour au lieu de nous remplir d’étonnement et de gratitude?
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », dit Jésus. Mais Lui, Il a donné sa vie aussi pour ceux qui semblaient être ses ennemis. C’est Jésus lui-même qui avait commandé (dans l’évangile selon saint Matthieu) : « Eh bien ! Moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 44-45). Étant Jésus le Fils de Dieu par nature, lui le premier nous a donné l’exemple. Jésus a aimé Pierre et les apôtres, y compris Judas le traître, après même leur reniement et leur abandon. Si l’un d’entre eux a désespéré c’est parce qu’il n’a pas confié à l’amour infini de Jésus.
Voici donc deux questions à nous poser : A quel point puis-je faire confiance à cet amour infini de Jésus qui sait m’aimer malgré mes péchés et infidélités ? Et comment suis-je capable de suivre l’exemple d’amour de Jésus : donner sa vie pour ceux qu’on aime, sachant que c’est un devoir de tout chrétien d’aimer même ses ennemis ?
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». L’Evangile selon saint Marc dit : « Jésus appela ceux qu’il voulait » (3, 13). Voici qu’il n’y a rien de notre part qui puisse attirer sur nous le choix de Dieu. Le choix que Dieu fait et l’appel qu’il nous adresse pour devenir ses enfants sont totalement gratuits. Mais nous, ayant reçu cet appel de Dieu, à notre tour nous devons choisir d’aimer et suivre notre Seigneur Jésus Christ. En effet, à cause de notre faiblesse, chaque jour nous devons refaire ce choix.
Pour finir j’aimerais citer un texte de saint Grégoire (Homélie 27 sur les Evangiles) où il souligne l’importance capitale de la charité dans nos vies :
« Toutes les pages des saintes Lettres sont remplies des commandements de Dieu, comment donc, le Sauveur nous recommande-t-il ici le précepte de l’amour comme le précepte spécial et unique, si ce n’est parce que tous les commandements ont pour but unique la charité, et qu’ils se réduisent tous à un seul, parce que tout précepte ne peut s’appuyer solidement que sur la charité ? De même que toutes les branches de l’arbre sortent d’une seule racine, ainsi toutes les vertus sont produites par la charité, et les branches, figure des bonnes œuvres, ne peuvent se couvrir de verdure, si elles ne sont unies à la racine de la charité. Les commandements du Seigneur sont nombreux et variés, quant à la diversité des œuvres, mais ils se réduisent à un seul, si l’on considère la racine de la charité qui les produit ».
Et saint Grégoire continue plus loin : « La grande et unique preuve d’amour, c’est d’aimer ceux qui nous sont contraires. C’est ainsi que la vérité elle-même, tout en souffrant le supplice ignominieux de la croix, donne à ses persécuteurs un témoignage touchant d’amour dans cette prière : « Mon Père, Pardonnez-leur, parce qu’ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23); amour porté au plus haut degré, comme il le dit lui-même: « Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Notre-Seigneur était venu mourir pour ses ennemis, et cependant il déclare qu’il doit donner sa vie pour ses amis, et il nous apprend ainsi que lorsque nous pouvons gagner nos ennemis par notre affection, nos persécuteurs eux-mêmes deviennent nos amis ».
Cette vérité, on peut la constater tout au long de l’histoire en chaque martyr : ils meurent manifestant l’amour qu’ils portent à leurs ennemis comme s’ils étaient leurs amis.
Que la Vierge Marie, Mère du Bel Amour, intercède pour nous afin que nous puissions agir en disciples de Jésus Christ, en accomplissant dans la joie son commandement de l’amour.
Ainsi soit-il.