L’Esprit Saint vient vers l’homme avec une grande délicatesse, sans s’imposer, il vient vers celui qui attend dans le silence qu’il descende en son cœur, il veut que nous accueillons sa puissance en toute liberté. Le Saint-Esprit nous accorde ses dons et notre foi s’approfondira si nous nous dépouillons de nos systèmes de sécurité, de ce qui engendre en nous les sentiments de force, de puissance, d’importance.
Sources : 1. Tadeusz Dajczer, Méditations sur la foi, Paris 2006. 2. Saint Pie X, Catéchisme. 3. Saint Jean Paul II, Catéchisme.
Aujourd’hui nous poursuivons le cycle des homélies sur les sacrements.
Après avoir réfléchi dimanche dernier sur le baptême nous parlerons cette fois de la confirmation.
Je voudrais commencer par une petite histoire.
Saint Philippe Néri, l’apôtre de Rome, comme tous les saints, a aimé Dieu ; car l’amour de Dieu est le premier et le plus grand commandement, mais la vie de Philippe réalise ce divin précepte avec une plénitude incomparable. A vingt-neuf ans, un jour dans l’octave de la Pentecôte où Philippe demanda à Dieu de remplir son âme de la présence du Saint-Esprit, le feu de la divine charité embrasa son cœur avec une telle impétuosité que deux côtes de sa poitrine éclatèrent, laissant au cœur l’espace nécessaire pour céder désormais sans péril aux transports qui l’agitaient. Cette fracture ne se répara jamais, laissant une trace sous la forme d’une proéminence visible par tout le monde. Grâce à ce soulagement miraculeux, Philippe put vivre cinquante années encore, en proie à toutes les ardeurs d’un amour qui tenait plus du Ciel que de la terre.
La confirmation est un sacrement qui nous donne le Saint-Esprit, imprime dans notre âme le caractère de soldats du Christ et nous rend “parfaits chrétiens”.
Le Saint-Esprit vient dans notre âme avec ses sept dons : la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu.
La confirmation nous rend “parfaits chrétiens” parce qu’elle nous confirme dans la foi et perfectionne les autres vertus et les dons que nous avons reçus dans le saint baptême et c’est de là que lui vient son nom de “confirmation”. Dieu se sert de ce sacrement pour confirmer en nous l’œuvre commencée dans le baptême et consolider la force chrétienne. Par la confirmation, nous nous attachons encore plus étroitement à l’Eglise. L’Eglise est notre Mère, elle nous a engendré pour la Vie Eternelle, donc nous devons aimer l’Église, comme le Christ qui « s’est livré pour Elle » (Ep 5, 25). Du fait de la sécularisation générale, nous manquons de la vision surnaturelle de l’Eglise. Dans le Credo, nous confessons : « Je crois en l’Eglise », cela signifie : « je me livre en toute confiance à l’Eglise comme si je me livrais à la personne du Christ, car l’Église est son Corps mystique ».
Dans la confirmation nous recevons un trésor et un don extraordinaire que nous ne pouvons pas garder pour nous seuls. Nous devons transmettre ce trésor, témoigner du don reçu. La confirmation nous rend donc soldats et apôtres du Christ.
Demandons à l’Esprit Saint la grâce du courage si nécessaire pour défendre la foi et entreprendre l’effort de l’apostolat.
L’évêque, pour administrer le sacrement de confirmation, étend d’abord les mains sur les confirmands en invoquant Dieu pour qu’il répande sur eux le Saint-Esprit ; puis il fait une onction en forme de croix avec le saint chrême sur le front de chacun, en disant les paroles de la forme : « Dieu très bon, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, regarde ces baptisés sur qui nous imposons les mains : par le Baptême, tu les as libérés du péché, tu les as fait renaître de l’eau et de l’Esprit. Comme tu l’as promis, répands maintenant sur eux ton Esprit Saint ; donne-leur en plénitude l’Esprit qui reposait sur ton Fils Jésus : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et d’affection filiale ; remplis-les de l’esprit de la crainte de Dieu. Par le Christ, notre Seigneur ». Ensuite, de la main droite, il donne un léger soufflet sur la joue du confirmé en lui disant : « la paix soit avec toi » ; enfin il bénit solennellement tous les confirmés.
La matière de ce sacrement, outre l’imposition des mains de l’évêque, est l’onction faite sur le front du baptisé avec le saint chrême (l’huile d’olive mêlée avec du baume et consacrée par l’évêque le Jeudi-Saint) : c’est pour cela qu’en Orient, ce sacrement est appelé chrismation, du grec chrisma, “huile”. L’huile, qui s’étend et fortifie, signifie l’abondance de la grâce qui se répand dans l’âme du chrétien pour le confirmer dans la foi ; et le baume, qui est odorant et préserve de la corruption, signifie que le chrétien, fortifié par cette grâce, est capable de répandre la bonne odeur des vertus chrétiennes et de se préserver de la corruption des vices.
La forme du sacrement de confirmation est celle-ci : « Accipe signaculum doni Spiritus Sancti – Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu »- (Paul VI, constitution apostolique “Divinæ consortium naturæ”).
Expliquons deux moments du rite de la confirmation qui peuvent susciter notre curiosité :
Pourquoi l’onction est-elle faite sur le front ? L’onction est faite sur le front, où apparaissent les signes de la crainte et de la honte, afin que le confirmé comprenne qu’il ne doit pas rougir du nom et de la profession de chrétien, ni avoir peur des ennemis de la foi.
Pourquoi l’évêque donne-t-il un léger soufflet au confirmé ? L’évêque donne un léger soufflet au confirmé pour qu’il sache qu’il doit être prêt à souffrir toute sorte d’affront et de peine pour la foi de Jésus-Christ.
Mais mon père je suis déjà catholique par le baptême et j’ai fait ma première communion, je viens à la messe le dimanche et je prie à la maison, est-il nécessaire de recevoir la confirmation ?
C’est le Catéchisme de l’Eglise catholique (CEC)et le Code de Droit Canon (CIC) qui répondent à cette question : « La réception de ce sacrement est nécessaire à l’accomplissement de la grâce baptismale » (CEC n°1285), du fait, encore une fois, qu’il est un des sacrements de l’initiation chrétienne. « Tout baptisé non encore confirmé peut et doit recevoir le sacrement de la confirmation. Puisque baptême, confirmation et Eucharistie forment une unité, il s’ensuit que les fidèles sont tenus par l’obligation de recevoir ce sacrement en temps opportun » (CIC, canon 890), « car sans la confirmation, le sacrement du baptême est, certes, valide et efficace, mais l’initiation chrétienne reste inachevée » (CEC n°1306).
D’autre part, il est grandement souhaitable que tous les chrétiens reçoivent ce sacrement, car ils ont besoin de la grâce de la confirmation pour vaincre dans la lutte ascétique et afficher sans crainte leur foi devant les hommes et pour gagner des âmes au Christ .
« La tradition latine donne « l’âge de la discrétion » comme point de référence pour recevoir la confirmation » (CEC n° 1307). C’est à cet âge que commencent d’habitude les tentations et les années suivantes sont décisives pour acquérir et consolider les dispositions intérieures et les habitudes de lutte nécessaires dans une vie chrétienne cohérente. C’est aussi la raison pour laquelle les confirmés ont des parrains et des marraines de confirmation, afin que, par leurs paroles et leurs exemples, ils guident le confirmé dans la voie du salut et qu’ils le soutiennent dans le combat spirituel.
Les grâces du sacrement n’agissent pas automatiquement. La confirmation n’efface pas les défauts de caractère, n’élimine pas les manquements attachés au tempérament, ne remplacera pas notre effort personnel. Après sa réception, nous pouvons rester misérables, craintifs, tièdes dans la foi, esclaves de la considération humaine. L’Esprit Saint vient vers l’homme avec une grande délicatesse, sans s’imposer, il vient vers celui qui attend dans le silence qu’il descende en son cœur, il veut que nous accueillons sa puissance en toute liberté. Le Saint-Esprit nous accorde ses dons et notre foi s’approfondira si nous nous dépouillons de nos systèmes de sécurité, de ce qui engendre en nous les sentiments de force, de puissance, d’importance. Saint Jean de la Croix a dit que Dieu aime le plus l’âme quand il la dépouille, parce que l’homme peut alors parvenir à la plénitude de la foi. Le Saint-Esprit est le principal bâtisseur de notre sainteté ; son don est de nous dépouiller et de nous rendre encore plus pauvres, pour que nous soyons plus ouverts à sa puissance et à son amour, alors seulement il deviendra lui-même don pour nous parce qu’il pourra descendre dans ce vide de notre dépouillement et le remplir de sa puissance et de son amour infinis.
Disons finalement que pour conserver la grâce de la confirmation, le chrétien doit prier souvent, faire de bonnes œuvres et vivre selon la loi de Jésus-Christ, sans respect humain.
Demandons chaque jour la grâce d’être fidèles à l’Esprit Saint qui habite en nous, demandons son assistance, sa lumière, le feu de son amour. Nous pouvons le faire avec la prière de la séquence de la messe du jour de la Pentecôte :
« Viens, Esprit Saint, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos, dans la fièvre, la fraîcheur, dans les pleurs, le réconfort. O lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles. Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. A tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu, donne le salut final donne la joie éternelle ».
Ainsi soit-il.