Si nos paroles et surtout nos actes naissent de l’Amour de Dieu, nos frères vont reconnaître la Voix du Bon Berger et, très probablement, vont Le suivre.
Jésus est notre vrai et unique Bon Berger, qui donne sa Vie pour nous, et qui nous appelle à faire de même à notre tour, à continuer son œuvre de salut, à devenir de bons bergers pour nos frères à son image.
En ce 4eme dimanche de Pâques, l’Eglise offre à notre méditation la parabole du bon pasteur, du bon berger, de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il y a une relation très intime entre la Pâque et cette image du bon pasteur qui, si elle n’est pas évidente, est très facile à comprendre. Nous allons le faire en méditant, avec l’aide du pape Benoît XVI (homélie du 4ème dimanche de Pâques du 7 mai 2006) , sur les qualités du bon pasteur et nous verrons que ce beau tableau que Jésus nous décrit dans son discours a été réalisé dans le Mystère Pascal.
La Pâque, donc, est la mise en œuvre de son programme de bon pasteur, tandis que son discours, au chapitre 10 de saint Jean, est une peinture pour nous expliquer le sens de la Pâque. Le sacrifice de la Croix et la mort du Fils de Dieu ont un sens très concret et positif : le bon pasteur qui donne sa vie pour les brebis : c’est l’icône de l’Amour.
Le pape Benoît XVI dans la réflexion que nous suivons, s’adresse aux prêtres, mais nous pouvons très bien appliquer ses enseignements à nous-mêmes, car l’appel à l’imiter dans son amour est universel : « aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimé » (Jn 15, 9).
Jésus commence par nous dire : « Je suis le bon pasteur ». Saint Thomas d’Aquin écrit à ce propos : « Il est évident que le titre de “bon pasteur” convient au Christ, puisque de la même façon que le pasteur mène son troupeau au pâturage, le Christ nourrit ses brebis (nous tous) d’une nourriture spirituelle : son propre Corps et son propre Sang » .
Ensuite le Seigneur nous dit trois choses sur le pasteur véritable : il donne sa vie pour ses brebis ; il les connaît et elles le connaissent ; il est au service de l’unité.
La première qualité, le don de soi, parcourt avec une grande force tout le discours sur les pasteurs : le berger donne sa vie pour ses brebis.
Le sacrifice de la Croix se trouve au centre de la vie de Jésus en tant que pasteur : Il se donne lui-même pour une multitude et pas seulement dans un passé lointain. Dans la sainte Eucharistie, il réalise cela chaque jour.
C’est pourquoi, à juste titre, au centre de la vie sacerdotale (et aussi de la vie chrétienne) se trouve la sainte Eucharistie, dans laquelle le sacrifice de Jésus sur la Croix demeure sans cesse présent, réellement parmi nous. Dans chaque Messe nous sommes témoins de l’Amour infini de notre bon berger, Jésus-Christ : Ceci est mon Corps que Je livre pour vous, ceci est mon sang, versé pour vous.
Et, à partir de cela, nous apprenons également ce que signifie “célébrer” et “vivre” l’Eucharistie de manière adéquate : c’est une rencontre avec le Seigneur, caché sous l’hostie, humilié, qui renonce jusqu’à la fin du monde à sa gloire divine pour nous, et se donne ainsi comme nourriture, et comme notre compagnon de route.
Pour le prêtre (et pour tout chrétien aussi), l’Eucharistie quotidienne, dans laquelle on revit à nouveau ce mystère d’Amour de Dieu, est très importante. Dans chaque Messe il faut nous placer une fois encore entre les mains de Dieu, faisant en même temps l’expérience de la joie de savoir qu’Il est présent, qu’Il m’accueille, qu’Il me relève toujours à nouveau et me porte, qu’Il me donne Lui-même la main. Il, Dieu, est là, et pour moi.
Et, de cette manière en conséquence, L’Eucharistie doit devenir pour nous une école de vie dans laquelle nous apprenons à donner notre vie. On ne donne pas sa vie seulement au moment de la mort et pas seulement dans le martyre. Nous devons la donner jour après jour. Je dois apprendre jour après jour que je ne possède pas ma vie pour moi-même. Jour après jour, je dois apprendre à m’abandonner moi-même ; à me tenir prêt pour cette chose pour laquelle Lui, le Seigneur, a besoin de moi sur le moment, même si d’autres choses me semblent plus belles et plus importantes. Donner la vie, ne pas la prendre. C’est précisément ainsi que nous faisons l’expérience de la liberté. La liberté de nous-mêmes, comme Jésus, de posséder la vie mais pour pouvoir la donner. Précisément ainsi, en étant utile, en étant une personne dont on a besoin dans le monde, notre vie devient importante et belle. Seul celui qui donne sa propre vie, la trouve.
Cela est la première et fondamentale qualité de tout bon berger, que doit être tout chrétien envers ses frères : le don de soi, l’amour total.
En deuxième lieu, une autre qualité est la capacité d’être un bon instrument de la grâce de Dieu, un vrai écho de la voix divine.
Le Seigneur dit : « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père » (Jn 10, 14-15). Dans cette phrase, se trouvent deux relations apparemment totalement différentes qui sont ici mêlées l’une à l’autre : la relation entre Jésus et le Père et la relation entre Jésus et les hommes qui lui sont confiés. Mais ces deux relations vont précisément de pair, parce que les hommes, en fin de compte, appartiennent au Père et sont à la recherche du Créateur, de Dieu.
C’est la soif de l’Absolu que nous avons tous dans notre cœur.
Pour cette raison nous devons parler à nos frères de la part de Dieu et selon la Parole de Dieu, pas selon notre plaisir ou les idées que nous voulons répandre.
Nous devons tout d’abord vivre intimement en nous la relation avec le Christ et, par son intermédiaire, avec le Père ; vivre l’Evangile dans notre propre vie, ainsi pouvoir en être les témoins fidèles parmi nos frères.
Alors, celui qui nous écoute se rendra compte que nous ne parlons pas de nous, de quelque chose, mais du véritable Pasteur, du message de salut.
Ainsi, si nos paroles et surtout nos actes naissent de l’Amour de Dieu, nos frères vont reconnaître la Voix du Bon Berger et, très probablement, vont Le suivre.
Enfin, le Seigneur nous parle du souci de l’unité confiée au Pasteur : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » (Jn 10, 16).
L’évangéliste saint Jean disait juste avant la mort de Jésus : « Jésus allait mourir pour la nation, et non pas pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés » (11, 52).
La relation entre la Croix, le Bon Berger et l’unité se révèle, et s’éclaire ; l’unité de l’humanité en Dieu se paye avec la Croix, avec le sacrifice du Bon Pasteur.
Nous voyons que le sacrifice de la Croix a une action universelle. Il ne s’agit plus seulement de l’unification de l’Israël dispersé, du peuple juif, mais de l’unification de tous les fils de Dieu, de toute l’humanité, de l’Eglise des juifs et des païens, comme dit saint Paul à plusieurs reprises. En fait, tout de suite, après la mort de Jésus c’est un païen, le soldat avec la lance, qui le premier confessera la divinité de Jésus.
La mission de Jésus concerne l’humanité tout entière et l’Eglise reçoit donc une responsabilité pour toute l’humanité. L’Eglise ne doit jamais se contenter de l’assemblée de ceux qu’elle a réussi à atteindre à un certain moment et dire que les autres vont bien ainsi : les musulmans, les hindouistes, les protestants et ainsi de suite. L’Eglise ne peut pas se retirer commodément dans les limites de son propre domaine. Elle est chargée de la sollicitude universelle, elle doit se préoccuper pour tous et de tous. Son domaine est le monde entier.
Nous voyons maintenant très clairement comment le mystère pascal, de la mort et la résurrection de Jésus, est expliqué et préparé par cette belle parabole du Bon Berger. Jésus est notre vrai et unique Bon Berger, qui donne sa Vie pour nous, et qui nous appelle à faire de même à notre tour, à continuer son œuvre de salut, à devenir de bons bergers pour nos frères à son image.
Que la Très Sainte Vierge Marie, la douce Mère du Bon Berger, nous accorde cette grâce.
Ainsi soit-il.