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Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques 2018 (EA).

Témoins de l’au-delà.

La Résurrection du Christ est principe et source de notre résurrection future. Gravons à feu dans notre cœur, cette Parole de Notre Seigneur avant de monter au Ciel : «  A vous d’en être les témoins. Allez et annoncez à mes frères » .

En ce temps de Pâques, de Résurrection, de joie et de paix, nous voyons, d’après les lectures de la Parole de Dieu, qu’il ne s’agit pour nous que de “témoignage”.
Remarquez d’abord, qu’après le temps ordinaire bien sûr, Pâques est le temps liturgique le plus long. Cinquante jours pour contempler et nous réjouir avec le Christ Ressuscité. Il semble que notre Mère l’Église veut s’assurer que ses enfants sont bien convaincus et imprégnés de la vérité et de la réalité de la Résurrection de Jésus, si fondamentale pour notre foi.
Puis, dans tous les récits, ou presque, de ces jours pascals nous voyons qu’il s’agit de témoignages : tantôt ceux qui rendent témoignage aux autres, les anges, Jésus Lui-même, les femmes, les disciples d’Emmaüs, les soldats, tantôt ceux qui doivent le recevoir, pour, à leur tour aussi, en être les témoins.
Le fait extraordinaire et inouï, dont il est fait témoignage, est la Résurrection du Christ.

Importance de la Résurrection.
Pourquoi une telle insistance à témoigner de cet événement en particulier ?
Le Catéchisme affirme avec clarté :
« La Résurrection de Jésus est la vérité culminante de notre foi dans le Christ, crue et vécue comme vérité centrale par la première communauté chrétienne, transmise comme fondamentale par la Tradition, établie par les documents du Nouveau Testament, prêchée comme partie essentielle du mystère pascal en même temps que la Croix : “Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort Il a vaincu la mort, aux morts Il a donné la vie”. (Liturgie byzantine, tropaire de Pâques) ».
Saint Paul, pour sa part, écrivait avec audace aux Corinthiens : « Si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine et vaine aussi notre foi » (1 Co 15, 14).
La Résurrection constitue avant tout la confirmation de tout ce que le Christ lui-même a fait et enseigné. Toutes les vérités, même les plus inaccessibles à l’esprit humain, trouvent leur justification quand en ressuscitant le Christ a donné la preuve définitive, qu’il avait promise, de son autorité divine.

Notre grand motif d’espérance et de notre joie.
Le pape saint Grégoire le Grand, lors de la Pâque de l’an 591, expliquait au peuple de Rome que la Résurrection de Jésus-Christ est le plus grand motif de notre espérance : « Des deux vies qui existaient, nous en connaissions une et ignorions l’autre. L’une est une vie mortelle, l’autre une vie immortelle ; l’une est corruptible, l’autre incorruptible ; l’une appartient à la mort, l’autre à la résurrection. Voici pourtant qu’est venu le Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ fait homme (cf. I Tm 2, 5), qui assuma la première et nous révéla la seconde. Il mena l’une jusqu’au bout en mourant et nous révéla l’autre en ressuscitant. La vie mortelle, nous la connaissons ; si donc il nous avait promis la résurrection de la chair sans nous la faire voir, qui aurait cru en ses promesses ? C’est pourquoi s’étant fait homme, il apparut dans la chair, daigna mourir de son plein gré, ressuscita par sa propre puissance et révéla à travers son exemple ce qu’il nous promettait comme récompense » . C’est pour cela que la Résurrection du Christ est la vraie cause de notre joie, le fondement de notre espérance, et notre force invincible dans les épreuves de cette vie. C’est parce que le Christ est ressuscité que les martyrs ont pu donner leur sang librement et avec joie ; c’est parce que le Christ est ressuscité que les vierges ont eu la force de consacrer leur vies à Dieu ; c’est parce que le Christ est ressuscité que les missionnaires (à la suite des apôtres) ont parcouru le monde sans relâche annonçant l’Évangile.

Le bienheureux Charles de Foucauld, si cher à nous tous, s’écriait, ravi d’allégresse, le soir de la fête de Pâques en l’an 1898 :
« Quoi qu’il m’arrive jamais dans la vie, mon Dieu, merci de tout, merci de tout, merci de tout. Je suis bienheureux, mon Dieu, je suis bienheureux ! J’ai reçu ma part de bonheur : vous êtes ressuscité. Alléluia !. Vous êtes ressuscité je suis bienheureux, vous êtes ressuscité, mon bonheur est parfait. Vous êtes ressuscité, il ne vous manque rien, vous êtes heureux pour l’éternité, je suis bienheureux ! Alléluia. Et pourtant il me manque encore quelque chose, c’est de vous obéir, c’est de faire en tout votre volonté, c’est de faire jusqu’à mon dernier soupir à tout instant ce que vous voulez de moi. Ce que vous voulez de moi c’est au fond, en somme, de vous aimer et de vous faire aimer de tout mon pouvoir pendant le temps qu’il me reste à passer sur terre : ceci contient tout, car tout est renfermé dans l’amour. Faites-moi donc cette grâce, ô Jésus ressuscité, je vous le demande en votre Nom, à vos pieds glorieux, par l’intercession de ma mère la sainte Vierge et de ma mère sainte Madeleine ; je vous le demande en vous, par vous et vous, ô bienheureux Sauveur, je vous le demande non pour moi seul, mais pour tous les hommes, car ils sont tous dans votre cœur, ô glorieux Jésus ! Je vous le demande en vous adorant, jouissant de votre bonheur, et au milieu des alléluia, alléluia, alléluia ! » .

Nous aussi, nous devons en être les témoins. Et il faut comprendre qu’il s’agit aussi pour nous d’un événement historique, comme il l’a été pour les apôtres et les premiers disciples.
Le Catéchisme nous rappelle encore que nous avons les mêmes preuves qui nous l’attestent :
Le tombeau vide. (640) Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, mais il est ressuscité (Lc 24, 5-6). Dans le cadre des événements de Pâques, le premier élément que l’on rencontre est le sépulcre vide. Il n’est pas en soi une preuve directe. L’absence du corps du Christ dans le tombeau pourrait s’expliquer autrement (cf. Jn 20, 13 ; Mt 28, 11-15). Malgré cela, le sépulcre vide a constitué pour tous un signe essentiel. Sa découverte par les disciples a été le premier pas vers la reconnaissance du fait de la Résurrection.
Les apparitions du Ressuscité.
(641) Marie de Magdala et les saintes femmes, qui venaient achever d’embaumer le corps de Jésus (cf. Mc 16, 1 ; Lc 24, 1) enseveli à la hâte à cause de l’arrivée du Sabbat le soir du Vendredi Saint (cf. Jn 19, 31. 42), ont été les premières à rencontrer le Ressuscité (cf. Mt 28, 9-10 ; Jn 20, 11-18).
Ainsi les femmes furent les premières messagères de la Résurrection du Christ pour les apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 9-10). C’est à eux que Jésus apparaît ensuite, d’abord à Pierre, puis aux Douze (cf. 1 Co 15, 5). Pierre, appelé à confirmer la foi de ses frères (cf. Lc 22, 31-32), voit donc le Ressuscité avant eux et c’est sur son témoignage que la communauté s’écrie : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon  » (Lc 24, 34. 36).
La foi de la première communauté des croyants est fondée sur le témoignage d’hommes concrets, connus des chrétiens et, pour la plupart, vivant encore parmi eux. Ces  » témoins de la Résurrection du Christ  » (cf. Ac 1, 22) sont avant tout Pierre et les Douze, mais pas seulement eux : Paul parle clairement de plus de cinq cents personnes auxquelles Jésus est apparu en une seule fois, en plus de Jacques et de tous les apôtres (cf. 1 Co 15, 4-8).

Devant ces témoignages il est impossible d’interpréter la Résurrection du Christ en-dehors de l’ordre physique et de ne pas la reconnaître comme un fait historique.
Mais aussi, et c’est très important pour nous, la Résurrection du Christ, et le Christ ressuscité lui-même, est principe et source de notre résurrection future : « Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis (…), de même que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ » (1 Co 15, 20-22). Gravons à feu dans notre cœur, cette Parole de Notre Seigneur avant de monter au Ciel : «  A vous d’en être les témoins. Allez et annoncez à mes frères » (Mt 28, 10 ; Jn 20, 17).

Que notre Mère du Ciel, Sainte Marie, nous donne la grâce de vivre en plénitude dans notre propre vie le mystère de la Résurrection de Jésus, afin de pouvoir en être les témoins.

Ainsi soit-il.

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