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Homélie pour le 3ème dimanche de l’Avent 2018(JA).

Il nous faut avoir de moments de désert dans notre vie. Nous pouvons les avoir même sans les chercher, mais il nous faut les accueillir de bon gré. Il s’agit d’une étape nécessaire dans notre cheminement dans la foi si nous voulons avancer dans la sainteté.


Aujourd’hui encore, comme dimanche dernier, l’Evangile met en scène la personne de saint Jean Baptiste, le précurseur du Seigneur, celui qui est chargé de préparer le chemin du Sauveur.

D’abord il est intéressant de remarquer que Jean développe sa mission de précurseur dans le désert. Lui, qui vient pour préparer la venue de Jésus, il prêche dans le désert. Ce serait peut-être beaucoup plus fructueux et il aurait beaucoup plus de réussite s’il prêchait au milieu de la ville ou dans le temple où l’on trouve des gens en multitudes. Mais non ! C’est le désert qu’il a choisi, ou plutôt où Dieu l’a envoyé pour qu’il y fasse sa prédication.

Mais pourquoi dans le désert ? Qui peut entendre sa voix, sa prédication dans le désert ?

Le désert c’est le lieu propice pour entendre la voix de Dieu, car là-bas c’est le silence qui règne ; on peut entendre la voix du Créateur et non pas celles des créatures. On n’a pas de quoi se distraire, là il n’y a rien ; où plutôt il y a tout ce qu’il faut afin de connaître la vérité sur nous-mêmes et sur Dieu, afin de reconnaître notre condition de créature.

La réalité du désert on la trouve très clairement tout au long de la Bible : Abraham, Moïse, le peuple d’Israël, le prophète Élie, Jean Baptiste, Jésus lui-même… Dieu conduit l’homme au désert par amour, car le désert est un don de Dieu. Le désert réalise ce que demandait Saint Augustin quand il disait : « Seigneur, fais que je te connaisse et que je me connaisse ».

C’est donc dans le désert que l’on se prépare le mieux pour rencontrer et connaitre Dieu et découvrir sa volonté à notre égard.C’est là que l’on peut découvrir notre condition de pécheur aussi bien que l’amour miséricordieux de Dieu.

Il nous faut donc avoir de moments de désert dans notre vie. Nous pouvons les avoir même sans les chercher, mais il nous faut les accueillir de bon gré. Il s’agit d’une étape nécessaire dans notre cheminement dans la foi si nous voulons avancer dans la sainteté.

Alors situons-nous dans le désert, prenons garde à nos sens et spécialement à notre imagination, afin d’entendre la prédication du précurseur du Seigneur. Quel est donc le message de saint Jean Baptiste ?

Un premier message général est celui qu’avait déjà donné le prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».
Mais les gens pas totalement fidèles à ce message, demandaient par groupe, selon leur profession, quelque chose de plus concret : « Que devons-nous faire ? ». Cela demande déjà une certaine disposition intérieure pour accueillir la réponse quelle qu’elle soit.

Moi, concrètement, pas mon voisin, mon ami ou mon compagnon de travail ; « moi-même », que dois-je faire ? Voilà une question qui doit guider notre vie. Ai-je déjà posé cette question à Dieu sincèrement, avec vraiment envie de recevoir une réponse de la part de Celui qui est mon Père et qui m’aime, et qui en même temps connait et dirige toute chose ?

Nous devons nous mettre en présence de Dieu et l’interroger sincèrement au sujet de sa volonté à notre égard. Notre tâche c’est de découvrir et d’accepter cette divine volonté, et non pas de nous programmer nous-même pour ce qui nous plait en essayant de nous convaincre nous-même (et de convaincre Dieu si possible) que c’est cela la volonté divine pour nous. Ce serait tout simplement et tristement nous tromper.

Jean parlait de la part de Dieu, voilà pourquoi les gens sortaient à sa rencontre. Il indiquait ainsi la manière précise de préparer la venue du Sauveur.

Mais jetons encore un regard sur la personne de Jean le Baptiste. L’Evangile nous dit« qu’il avait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture de peau autour des reins ; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage» (Mt 3,4).

Remarquons donc ici qu’il prêchait spécialement par l’exemple de sa propre vie : « Jean lui-même a parfaitement tracé et ordonné sa voie pour l’arrivée du Christ, car il a été en tout point sobre, humble, pauvre et vierge. Quelle plus grande marque d’humilité que le mépris des vêtements moelleux pour se vêtir de poils rugueux ? Quelle plus profonde marque de foi que d’être toujours prêt, les reins ceints, à tous les devoirs du service ? Quelle marque de renoncement plus éclatante que de se nourrir de sauterelles et de miel sauvage ? » (Saint Maxime de Turin).

Mais pour nous éviter de penser que la conversion (c’est cela que prêchait saint Jean Baptiste) c’est une vie triste, cet évangile est précédé par trois exhortations à la joie : le prophète Sophonie, le psaume (pris d’un cantique du prophète Isaïe) et saint Paul nous poussent à être joyeux parce que le Seigneur est proche. La conversion implique la joie parce qu’en effet on s’approche de Dieu, unique source de la vraie joie.

« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie… Ne soyez inquiets de rien »… Insiste l’apôtre saint Paul qui avait mis pleinement sa confiance en Dieu le Père. N’ayons pas peur de nous convertir ; le Seigneur seulement peut nous donner la joie et la paix que désire notre cœur.

Que par l’intercession de notre Mère du Ciel, le Seigneur nous accorde ce que nous venons de lui demander dans la prière d’ouverture de cette Messe : « Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère, pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau ».

Ainsi soit-il.

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