Qui songe à considérer l’œuvre de Dieu qui conduit et gouverne le monde entier ? Si l’on considère la puissance renfermée dans une seule graine de la première espèce venue, on y découvre une très grande réalité qui éblouit l’observateur. Mais les hommes, occupés ailleurs, sont devenus insensibles au spectacle des œuvres de Dieu, qui leur donnerait à louer le Créateur chaque jour.
Lors d’un mariage, nous dit saint Jean dans l’Evangile, notre Seigneur Jésus Christ réalise le premier de ses signes, de ses miracles : il transforme l’eau en vin. « C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ».
« Et ses disciples crurent en lui ». Jésus vient pour nous apprendre un commandement nouveau, celui de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain ; il nous enseigne à appeler Dieu « notre Père » et notre prochain « frère/sœur ». Et afin de donner de l’autorité à sa doctrine il fait des miracles. Il nous montre ainsi que l’autorité de son enseignement est divine, parce que lui-même est Dieu.
Saint Augustin en commentant cet Evangile, où Jésus fait son premier miracle aux noces de Cana, nous fait redécouvrir les miracles que Dieu réalise au quotidien auxquels souvent nous ne faisons pas attention.
D’ailleurs c’est ce que saint Paul critique très durement chez certaines gens dans son épître aux Romains en disant : « ce que l’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, car Dieu le leur a montré clairement. Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité. Ils n’ont donc pas d’excuse, puisque, malgré leur connaissance de Dieu, ils ne lui ont pas rendu la gloire et l’action de grâce que l’on doit à Dieu. Ils se sont laissé aller à des raisonnements sans valeur, et les ténèbres ont rempli leurs cœurs privés d’intelligence. Ces soi-disant sages sont devenus fous » (Rm 1, 19-22).
La critique de l’apôtre s’adresse à ceux qui, voyant le miracle permanent et toujours nouveau de la nature, de la création, n’arrivent pas à reconnaître Dieu et croire en Lui.
De son côté et dans le même sens que saint Paul, saint Augustin nous apprend : « Le miracle par lequel notre Seigneur Jésus Christ a changé l’eau en vin n’a rien d’étonnant pour ceux qui savent que Dieu en est l’auteur. En effet, c’est bien le même qui, à ce jour de noces, produit du vin dans ces six jarres… et qui, tous les ans, renouvelle cette transformation dans les vignes. Ce que les serviteurs ont versé dans les jarres a été changé en vin par l’action du Seigneur ; de même, la pluie qui tombe des nuages est changée en vin par la même action du Seigneur. Cependant, nous ne l’admirons pas, parce que cela recommence tous les ans. L’habitude a fait disparaître l’émerveillement. Mais pourtant cela est beaucoup plus digne de notre attention que ce qui s’est passé dans les jarres remplies d’eau. En effet, qui songe à considérer l’œuvre de Dieu qui conduit et gouverne le monde entier ? N’est-on pas alors saisi d’étonnement et comme écrasé sous le poids de ces miracles ? Si l’on considère la puissance renfermée dans une seule graine de la première espèce venue, on y découvre une très grande réalité qui éblouit l’observateur. Mais les hommes, occupés ailleurs, sont devenus insensibles au spectacle des œuvres de Dieu, qui leur donnerait à louer le Créateur chaque jour. C’est pourquoi Dieu s’est réservé d’opérer certains prodiges inhabituels pour réveiller les hommes de leur assoupissement et les amener à le louer ».
Mais sous nos yeux et presque au quotidien il n’y a pas que ces merveilles de la nature opérées par Dieu…, il y a aussi des vrais miracles opérés par Jésus lui-même : il nous suffit de porter notre attention sur ce qui se passe chaque jour et à chaque messe quand le prêtre au nom de Jésus prenant le pain et le vin dit « ceci est mon corps » et « ceci est la coupe de mon sang »… Miracle ! Jésus-Dieu se fait vraiment présent sous les apparences du pain et du vin qui restent… Miracle infiniment plus grand que celui de la transformation de l’eau en vin.
Et pensons encore au sacrement de la confession ou de la réconciliation où Jésus lui-même nous dit par la bouche du prêtre « je vous pardonne tous vos péchés », et les péchés nous sont vraiment pardonnés. Ici je voudrais qu’on se rappelle les paroles mêmes de notre Seigneur dans l’Evangile selon saint Marc (2,…). « Des gens amènent à Jésus un homme paralysé ; et Jésus voyant sa foi dit : Qu’est-ce qui est le plus facile ? Dire à ce paralysé : “Tes péchés sont pardonnés”, ou bien lui dire : “Lève-toi, prends ton brancard et marche” ? Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité pour pardonner les péchés sur la terre… – Jésus s’adressa au paralysé – je te le dis,“ lève-toi, prends ton brancard, et rentre dans ta maison”. Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde ».
Jésus nous apprend par un miracle extérieur (la guérison de ce paralysé) le grand miracle intérieur (le pardon de péchés). Voilà un vrai miracle qui fait la joie du Paradis, comme nous l’apprend Jésus dans l’Evangile : « Je vous le dis : c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion » (Lc 15, 7 ; cf aussi 10 et 32).
Et voyons encore ce qui se passe lors d’un baptême : un enfant, un homme, une femme sur lequel on verse de l’eau tout en disant « je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit », et cet enfant, cet homme ou cette femme, devient enfant de Dieu, son péché est pardonné, Dieu vient habiter son âme et lui-même devient héritier du Paradis. Voilà un vrai miracle de l’amour de Dieu.
Demandons à notre Père du Ciel la grâce de nous émerveiller toujours davantage devant son œuvre : que notre foi grandisse spécialement au contact de ces grands miracles que sont les sacrements, particulièrement la confession et l’Eucharistie.
Et que notre Mère, la Vierge Marie, intercède pour nous.
Ainsi soit-il.