Les fins dernières. L’enfer.
Au témoignage de l’Ecriture, le châtiment fondamental c’est l’exclusion de la vision et de la jouissance de Dieu, auxquelles l’âme était appelée et qui devaient constituer sa béatitude parfaite. La perte du souverain Bien est la souveraine douleur. C’est d’abord le vide immense d’une âme faite pour Dieu, que Dieu seul est capable de rassasier et qui, au moment de le rejoindre, se voit à jamais séparée de Lui.
Sources :
Le Ciel sera si beau (par un moine bénédictin). Pensées choisies du Curé d’Ars. Histoire d’une âme de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
En ce dimanche nous continuons la suite des prédications sur les fins dernières. Le père Javier nous a parlé de la mort, le père Emmanuel du jugement particulier et aujourd’hui nous méditerons sur la réalité de l’enfer.
Le pape Pie XII disait : « La prédication des premières vérités de la foi et fins dernières non seulement n’a rien perdu en nos jours, de son opportunité́, elle est même devenue plus que jamais nécessaire et urgente. Même la prédication sur l’enfer. Sans doute, il faut traiter ce sujet avec dignité́ et sagesse. Mais quant à la substance de cette vérité, l’Eglise a devant Dieu et devant les hommes le devoir sacré de l’annoncer, de l’enseigner, sans aucune atténuation, telle que le Christ l’a révélée, et il n’y a aucune circonstance de temps qui puisse diminuer la rigueur de cette obligation. Elle lie en conscience chaque prêtre auquel, dans le ministère ordinaire ou extraordinaire, est confié le soin d’instruire, d’avertir et de guider les fidèles. Il est vrai que le désir du ciel est un motif en soi plus parfait que la crainte des peines éternelles ; mais il ne s’ensuit pas que ce soit pour tous les hommes aussi le motif le plus efficace pour les retenir éloignés du péché et pour les convertir à Dieu » (Allocution aux curés et prédicateurs de Carême de Rome, 23 mars 1949).
Une vérité de foi.
L’existence de l’enfer, châtiment des pécheurs morts impénitents, est une vérité de foi. C’est l’enseignement de la Sainte Ecriture, c’est le pur Evangile. On a cherché à le nier ou à le faire oublier, comme toute vérité gênante. Frédéric Louzeau, professeur de théologie à la Faculté Notre-Dame aux Bernardins disait dans une interview publié dans le journal « La Croix » en 2014 :
« Si on lit l’Evangile honnêtement, on est bien obligé de constater que Jésus en parle en effet beaucoup. Moi qui suis né en 1968, j’ai souvenir que dans ma catéchèse d’enfant, ou bien on ne me parlait jamais de l’enfer, ou bien des catéchistes ou des prêtres mettaient un point d’honneur à dire qu’il n’existait pas, ou qu’il était vide. Progressant dans la foi chrétienne, essayant d’aimer le Christ et d’écouter toutes ses paroles, je me suis bien rendu compte qu’il en parlait à plusieurs reprises » .
« Il y en a qui perdent la Foi, disait le Curé d’Ars, et ne voient l’enfer qu’en y entrant » .
Nous lisons dans le Catéchisme de l’Eglise catholique : « Jésus parle souvent de la « géhenne », du « feu qui ne s’éteint pas », réservée à ceux qui refusent jusqu’à la fin de croire et de se convertir, et où peuvent être perdus à la fois l’âme et le corps. Jésus annonce en termes graves qu’Il « enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d’iniquité […], et les jetteront dans la fournaise ardente » (Mt 13, 41-42) et qu’il prononcera la condamnation : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ! » (Mt 25, 41). L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer » .
La Mère de Dieu, quant à Elle, n’a pas craint de montrer l’enfer aux petits enfants de Fatima, c’était le 13 juillet 1917.
Lucie écrit : « Elle ouvrit les mains. Le reflet de la lumière qui s’en dégageait parut pénétrer la terre. Les enfants virent alors comme un océan de feu, où étaient plongés les démons et les âmes des damnés. Celles-ci étaient comme des braises transparentes, noires ou presque, ayant formes humaines. Elles flottaient dans cet océan de fumée. Les cris et les gémissements de douleur et de désespoir horrifiaient et étaient effrayantes ! Les démons se distinguaient des âmes des damnés par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme de noirs charbons embrasés. Effrayés, et comme pour demander secours, les enfants levèrent les yeux vers Notre-Dame qui dit : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs » ».
Et sainte Faustine, l’apôtre de la Miséricorde, a écrit ces lignes impressionnantes dans son Petit Journal : « Moi, sœur Faustine, par ordre de Dieu, j’ai été dans les gouffres de l’enfer, pour en parler aux âmes et témoigner que l’enfer existe […]. J’ai remarqué une chose : qu’il y a là-bas beaucoup d’âmes qui doutaient que l’enfer existe. Quand je suis revenue à moi, je ne pouvais apaiser ma terreur de ce que les âmes y souffrent terriblement, c ’est pourquoi je prie encore plus ardemment pour la conversion des pécheurs, sans cesse j’appelle la miséricorde de Dieu pour eux ».
Puisque nous ne pouvons douter de l’enfer, il ne nous reste qu’à le craindre par-dessus tout et à l’éviter à tout prix : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme : craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Mt 10,28). Et « si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le : mieux vaut pour toi entrer borgne dans le Royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point » (Mt 5,29). Il faudrait avoir perdu la foi pour rester indifférent à ces mises en garde répétées du Sauveur. Elles ne doivent pas pour autant créer d’angoisse, mais elles représentent un avertissement nécessaire et salutaire à la liberté.
On se souvient d’un prédicateur de retraites qui, dans les années soixante-dix, enseignait à son auditoire que l’enfer était vide d’âmes : puisque Dieu est Amour, disait-il, il ne peut abandonner aucun homme aux tourments de l’enfer. Thèse bienveillante et pleinement rassurante pour les pécheurs que nous sommes ! Mais qu’en est-il en réalité ? Les anges rebelles seraient-ils les seuls à peupler l’enfer ?
C’est la question que se pose le père Jean-Marc Bot dans un livre récent (Osons parler de l’enfer). Nous n’avons rien à ajouter à sa réponse : « Nulle part on ne trouve dans l’Ecriture la problématique qui domine la pensée actuelle sur l’existence seulement hypothétique d’un enfer peuplé […]. L’existence des êtres humains damnés est affirmée comme une évidence jamais remise en cause. Quand cette affirmation n’est pas directe, elle est implicite. Par exemple, Jésus précise, en réponse à une question sur le nombre des sauvés, qu’il y aura beaucoup de gens perdus : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas »(Lc 13,24). De même, à la fin du grand tableau sur le Jugement dernier, Jésus conclut : « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle ».
On n’imagine pas la Parole de Dieu lançant des discours et des avertissements sur un ensemble vide ! De deux choses l’une : ou bien il y a des damnés ou bien il n’y en a pas. S’il n’y en a pas, tout le langage de l’Ecriture sainte apparaît comme le plus odieux : des avertissements se présentant comme des prédictions et induisant les lecteurs en erreur. Dieu nous menace d’un risque imaginaire pour nous faire marcher droit ! [..] Et comment imaginer qu’il faille attendre dix-neuf siècles pour entrer dans l’intelligence véritable de l’Evangile sur un point aussi important ? » .
Mais comment peut-on en arriver là ?
Comment l’homme, si faible, si limité, peut-il mériter le châtiment éternel de l’enfer ? Celui-ci n’est-il pas disproportionné à sa faute, et en cela contraire à la Justice de Dieu, et plus encore à sa Miséricorde infinie ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de comprendre ce qu’est le péché, dont l’enfer est le châtiment. Le péché est un acte volontaire, libre, mais mauvais parce que désordonné. Le péché par excellence, c’est-à-dire le péché mortel, est un acte par lequel nous nous détournons de Dieu, notre fin dernière, pour nous attacher à une créature. L’homme place ainsi son bien souverain dans la créature, en lui-même. Il préfère la créature au Créateur. Le péché mortel consomme ainsi la séparation d’avec Dieu. De soi, celle-ci est absolue, sans remède. L’âme reste dans son péché, dans sa souillure, et donc livrée au châtiment qui n’est autre que la privation du Bien divin librement refusé. Cependant l’homme, par nature, est apte à rectifier son choix, y compris celui qui porte sur la fin dernière, et Dieu lui accorde la grâce nécessaire à cette conversion qui est une résurrection. Au moment même de la mort, l’homme est capable d’un dernier sursaut, d’un dernier regard. Mais il est capable aussi de persister, de s’obstiner. C’est là le mystère de la liberté. Et Dieu ne veut jamais, ne peut jamais obliger quelqu’un à l’aimer. Et c’est là le mystère de l’amour, que nous pouvons soupçonner par notre vie : il n’y a rien de plus odieux que d’imposer son amour à quelqu’un, car c’est aller contre l’amour même.
Délivrée de son corps, l’âme en état de péché mortel se fixe dans l’orientation qui est la sienne au dernier moment de sa vie corporelle. La lumière qu’elle reçoit après la mort ne suffit pas à rectifier son orientation. Cette rectification n’est plus possible. Elle sait avec certitude que Dieu est le bien final de toute créature spirituelle, elle sait que Dieu pourrait être sa joie parfaite, mais elle persiste dans le refus de Dieu. Il n’y a plus pour elle de conversion possible, de voyage à continuer. Elle est arrivée au terme de son voyage, de sa course, elle est butée, au but. Elle entre dans l’éternité en état d’aversion à l’égard de Dieu ; elle y demeure.
Cette terrible éventualité témoigne du sérieux de notre existence : l’homme n’est pas un être qui, durant sa vie mortelle, serait cantonné dans l’éphémère et le relatif, pour déboucher enfin par la mort dans l’absolu et l’éternel. Il vit déjà l’éternel et l’absolu dans le temps. C’est là sa grandeur. La mort ne fait que manifester cette profondeur cachée.« Si vous n’étiez pas si grand, écrivait Julien Green, vous ne pourriez vous damner » .
Mystère de la liberté et mystère de l’amour : ce sont eux seuls qui peuvent nous aider à comprendre comment la mauvaise disposition obstinée du pécheur est capable de tenir pour ainsi dire en échec la miséricorde divine elle-même. Celle-ci ne trouve plus, dans la créature qui se soustrait à elle, son point d’application. Jésus a versé inutilement le sang de son cœur pour elle. Et puisqu’il n’y a en Dieu ni fausse bonté, ni faiblesse, il ne peut laisser le pécheur tranquillement installé dans le refus du pardon, dans le mal. Ce serait lui donner raison ; ce serait le triomphe du mal sur le bien.
Heureusement pour les élus, les ennemis de Dieu ne pourront troubler impunément l’ordre qui règne dans le Ciel. La Justice exige leur châtiment. A un désordre sans remède doit répondre une peine sans fin. « Le Bon Dieu n’est pas méchant, disait le Curé d’Ars, mais il est juste » .
Je le veux bien, dira-t-on, mais l’homme est si faible ! La Justice de Dieu prend aussi en considération cette faiblesse, comme l’écrit sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est juste, c’est-à-dire qu’il tient compte de nos faiblesses, qu’il connaît parfaitement la fragilité de notre nature » .
Ici, il convient de distinguer les péchés de faiblesse, d’infirmité, provenant d’une disposition passagère due à la passion (emportement…), et les péchés de malice, qui ont pour cause une disposition volontaire, réfléchie, déterminée. Non que ceux-ci seuls puissent être fautes mortelles, mais ce que nous savons de la miséricorde divine, de son équité, permet de penser que la grâce assiste plus spécialement celui dont le cœur n’est pas ancré dans ses mauvaises dispositions. Nul ne sera damné qui ne l’aura pleinement mérité. Cependant la répétition des fautes de faiblesse conduit le pécheur à s’installer dans la recherche de soi, la satisfaction systématique de ses désirs : adoration de son corps par la luxure, la gourmandise, la vanité ; adoration de sa pensée, de sa volonté. Le pécheur s’enfonce alors dans une malice dont seules des grâces de plus en plus extraordinaires pourront le retirer. La malice humaine peut ainsi atteindre des degrés extrêmes de résolution et d’obstination, jusqu’à fixer sa fin en soi-même de façon plénière et, par là, définitive. « Là où je suis, écrit un auteur moderne, là est ma volonté libre et là où est ma volonté libre, l’enfer absolu et éternel est en puissance . C’est Dieu qui crée le paradis, mais c’est la créature qui crée l’enfer. C’est Dieu qui crée la liberté, mais les créatures peuvent librement en user pour créer l’enfer. L’enfer n’est que l’horrible garantie de la liberté humaine » .
Les peines de l’Enfer.
Au témoignage de l’Ecriture, le châtiment fondamental des damnés est d’être exclu du Royaume, banni de la présence divine, de la présence du Christ et des élus : « Je ne sais d’où vous êtes ; éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice » (Lc 13,27). « Ceux-là, dit saint Paul, seront châtiés d’une perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur » (2 Th l,9.).
Outre cette peine, qui est une privation et que les théologiens ont appelée la peine du dam, l’Evangile et tout le Nouveau Testament mentionnent, sous des termes divers, des tourments positifs : la flamme, la fournaise ardente, l’étang de feu et de souffre, le feu surtout : « Allez au feu éternel » (Mt 25,41).
La peine du dam représente l’essentiel de la damnation : elle fait le « damné ». C’est l’exclusion de la vision et de la jouissance de Dieu, auxquelles l’âme était appelée et qui devaient constituer sa béatitude parfaite. Ce châtiment est de soi infini, perte du Bien infini, et le même pour tous les damnés. Mais comment ce châtiment est-il ressenti en Enfer ? Car, ici-bas, les pécheurs ne se mettent guère en peine d’être éloignés de Dieu. Pour les damnés, au contraire, la perte du souverain Bien est la souveraine douleur. C’est d’abord le vide immense d’une âme faite pour Dieu, que Dieu seul est capable de rassasier et qui, au moment de le rejoindre, au moment où disparaissent tous les biens créés qui pouvaient lui faire illusion et tromper sa faim de Dieu, se voit à jamais séparée de Lui. C’est plus encore la contradiction qui déchire intérieurement l’âme du damné. Elle connaît aussi Dieu. Elle n’ignore pas non plus que ce Dieu se serait donné à elle, pour son Bien, éternellement. Or ce Dieu, vers lequel elle tend foncièrement, de tout son être et de tout son appétit de bonheur, c’est Lui qu’elle rejette de toute sa volonté libre rivée à son égoïsme effréné et à son orgueil. L’âme s’enfuit loin de Dieu de toute la force de sa volonté, et se trouve ramenée à Lui de tout l’élan de sa nature, comme le papillon de nuit vers la flamme, dans un déchirement affreux et sans issue. Le damné a horreur de lui-même. Il sait ne devoir s’en prendre qu’à lui-même de son malheur. Sa conscience lui reproche toutes les miséricordes, toutes les grâces et toutes les bontés dont Dieu l’a poursuivi avec la plus attentive tendresse, et qu’il a repoussées librement. Il est poursuivi désormais par la honte et rongé par un remords stérile, où l’on peut reconnaître le ver qui ne meurt pas de l’Evangile (Mc 9,48). Il déteste de même tous les autres : haine envieuse des élus et de leur bonheur ; haine même des autres damnés, témoins de sa honte et de la justice de Dieu, et dont il sait n’avoir à attendre aucune compassion. Enfin à la haine s’ajoute le désespoir, désespoir atroce d’avoir manqué pour toujours sa véritable fin, d’être rejeté définitivement du bonheur éternel. « Il y aura, dit le Seigneur, des pleurs et des grincements de dents » (Mt 25,30).
La peine du sens. On désigne par là des peines positives infligées aux damnés et que l’Ecriture exprime le plus souvent sous le nom de feu. Bien que de nature différente, ce feu mystérieux comporte une certaine analogie avec notre feu terrestre, causant chez les damnés des souffrances aiguës que l’on peut comparer à nos brûlures corporelles. Ce feu agit d’abord sur les âmes. De même qu’une réalité matérielle, l’eau du baptême, est pour l’âme l’instrument de la miséricorde de Dieu, ainsi le feu de l’enfer devient pour elle l’instrument de sa justice, enchaînant et inhibant ses facultés spirituelles.
Cette peine est extrêmement grave et lourde, et pourtant convenable et juste. L’humiliation pour l’esprit d’être ainsi soumis à une réalité inférieure est un juste châtiment de son orgueil impénitent. C’est aussi la juste expiation de l’usage sans frein qu’il a fait de sa liberté, et spécialement à l’égard des choses corporelles dans lesquelles il a mis ses délices et qui se retournent justement contre lui. Chaque âme est tourmentée d’une façon terrible et indescriptible par ce en quoi ont consisté ses péchés. Après la résurrection générale, les corps qui auront le malheur de se voir réunis à une âme damnée seront à leur tour justement tourmentés pour avoir été les instruments des fautes de cette âme et pour avoir participé à ses jouissances coupables.
Imaginer un enfer tolérable, sinon confortable, relève de l’enfantillage et fait le jeu du prince des ténèbres. Le mépris définitif de l’amour de Dieu, les rigueurs inévitables de sa justice et la compagnie forcée de Satan des démons et des autres damnés sont causes d’une souffrance absurde, indicible et irrémédiable. C’est la seconde mort dont parle l’Apocalypse (Ap 20,14). Elle est éternelle.
Qui sont menacés du châtiment de l’Enfer ?
Le Seigneur a tenu à nous en avertir, n’entreront pas dans le Royaume des Cieux : Ceux qui refusent de croire à l’Evangile et de faire pénitence, comme Capharnaüm et les villes maudites du lac de Tibériade :« Je vous le dis, on sera moins dur au jour du jugement pour le pays de Sodome que pour toi » (Mt 11,20). Ceux qui refusent les préceptes de l’Evangile, en particulier le grand commandement de la charité fraternelle : « J’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger » (Mt 25,41), etc. Ceux dont la justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, dont Jésus dit : « Serpents, engeance de vipères, comment pourrez-vous éviter d’être condamnés à la géhenne ! » (Mt 5,20).
En définitive, ceux qui refusent le Seigneur, et sa Croix :« Celui qui sauve sa vie la perdra ; celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges » (Mt 16,2).
Saint Paul donne trois catalogues de fautes qui privent de l’héritage du Royaume et vouent à la colère de Dieu. Citons, par exemple, la première Epître aux Corinthiens (6, 9-10) : « Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni sodomites, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu… à moins qu’ils ne se convertissent comme les chrétiens de Corinthe, car saint Paul poursuit : Et cela, vous l’étiez bien, quelques-uns. Mais vous vous êtes lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (V, 11).
Quant à ceux qui ferment résolument leur âme à la lumière et refusent de se convertir, il n’y a plus de pardon possible ni dans ce monde, ni dans l’autre(Mt 12,32). C’est le péché éternel, irrémissible, non que la miséricorde de Dieu soit impuissante à pardonner un péché, quel qu’il soit, mais parce que ce péché témoigne d’un état d’endurcissement, de raidissement contre la miséricorde, parce qu’il exclut le Saint-Esprit, par lequel s’opère la rémission des péchés. De même, pour les apostats qui, après s’être convertis, retournent sciemment et volontairement à leurs péchés, il ne reste que l’expectative effrayante du jugement et le feu ardent qui doit dévorer les rebelles (Hb 10,26).
Sœur Lucie de Fatima disait de sa petite cousine, la bienheureuse Jacinta Marto : « La vision de l’Enfer l’avait horrifiée à tel point que toutes les pénitences et les mortifications lui paraissaient peu de chose, pour arriver à préserver quelques âmes de l’Enfer… Souvent elle s’asseyait par terre ou sur quelque pierre et, toute pensive, elle se mettait à dire : « Oh, l’enfer ! Oh, l’enfer ! Que j’ai pitié des âmes qui vont en enfer ! Et les gens qui sont là, vivants, à brûler comme le bois dans le feu ! ». Et, toute tremblante, elle s’agenouillait, les mains jointes, pour réciter la prière que Notre-Dame nous avait enseignée : « Ô mon jésus ! Pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer et attirez toutes les âmes au ciel, principalement celles qui en ont le plus besoin »… »
Faisons nôtre le conseil de la Sainte Vierge aux trois enfants de Fatima : « Priez, priez beaucoup, et faites des sacrifices pour les pécheurs ! Rappelez-vous que beaucoup d’âmes vont en enfer, parce qu’il n’y a personne qui prie et fasse des sacrifices pour elles ! »
Ainsi soit-il.