« Celui qui prie se sauve, celui qui ne prie pas se damne! »
Saint Alphonse de Liguori.
L’Evangile que nous venons d’écouter, décrit cette très belle prière adressée à Jésus par une Cananéenne et nous montre la puissance de celle-ci, puissante telle que le Seigneur finit par guérir la jeune fille possédée par un démon.
Si la prière de la Cananéenne est tellement puissante, c’est qu’elle contient toutes les qualités nécessaires pour faire une «bonne prière», agréable, au Seigneur.
Sa première qualité est qu’elle est faite avec foi .
Alors que les juifs se montrent incrédules vis-à-vis de Jésus, cette femme l’appelle « Seigneur, fils de David », c’est-à-dire qu’elle reconnait en lui le Messie, le Sauveur qui vient délivrer les hommes du mal, du péché, du démon. Cette foi se renforce alors même que Jésus la met à l’épreuve en lui parlant durement, en feignant de la renvoyer. Ainsi, après avoir sondé son cœur, Jésus accordera son bienfait et louera cette femme de façon remarquable : « Femme, ta foi est grande ! ».
Une deuxième qualité de sa prière est la persévérance.
Alors que le Christ fait la sourde oreille, la Cananéenne continue sans se lasser : « donne lui satisfaction- disent les disciples- car elle nous poursuit de ses cris ! » …Et c’est à force de persévérance qu’elle obtient ce qu’elle demande. Si le Christ ne répond pas immédiatement à nos demandes (si tant est qu’elles soient bonnes) c’est afin d’augmenter en nos cœurs notre désir du bien, notre amour de Dieu. Le seigneur n’est pas un « papa-gâteau » qui cède aux caprices de ses enfants, mais Il veut élever nos âmes, affiner nos demandes, nous exercer à la fidélité.
Evagre le Pontique, moine du 4ème siècle, nous dit : « Ne t’afflige pas si tu ne reçois pas immédiatement de Dieu ce que tu Lui demandes ; c’est qu’Il veut te faire plus de bien encore par ta persévérance à demeurer avec Lui dans la prière. » (C.EC 2737).
Et Saint Augustin : « Il veut que notre désir s’éprouve dans la prière. Ainsi, Il nous dispose à recevoir ce qu’Il est prêt à nous donner. »
La troisième qualité de la prière de cette femme est son humilité et sa confiance dans le Seigneur.
La Cananéenne ne prend pas le Christ de haut, elle ne fait pas de chantage, ne pose pas d’ultimatum du genre : « si tu ne guéris pas ma fille, je ne prie plus, je ne crois plus en Dieu, je ne vais plus à la messe, je me laisse aller au péché ! ». Non, cette femme connaît sa petitesse vis-à-vis du Messie, elle reconnaît sa situation de créature pécheresse qui doit tout à la miséricorde divine. « Car Dieu disperse les superbes mais Il élève les humbles » (Magnificat).
En effet, autant Dieu est incommodé par la prière orgueilleuse, autant Il exauce la prière humble faite avec confiance. Notons que la prière de la Cananéenne est simple et claire : pas de complication inutile, de sous-entendu, ni même de « pieux-stress » chez elle mais la volonté de s’en remettre à Dieu qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous.
Nous avons dans ce passage de l’Evangile un merveilleux exemple de prière qui doit nous aider dans notre propre prière de tous les jours.
La foi, la persévérance, la régularité, l’humilité et la confiance sont les qualités nécessaires à une bonne prière, c’est-à-dire à l’élévation de notre âme vers Dieu.
Pensons également à ordonner celle-ci, c’est-à-dire à demander d’abord à Dieu les biens spirituels nécessaires à nos âmes, avant de demander les biens matériels… Sinon, nous risquons de ne rien recevoir du tout, Dieu ne voulant pas nous faire de cadeau empoisonné! Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice.
Saint Alphonse de Liguori a rappelé l’importance primordiale de la prière par une formule lapidaire : « Celui qui prie se sauve ; celui qui ne prie pas se damne ! » N’oublions pas de prier le Seigneur de tout cœur même – et surtout- pendant les vacances, c’est la prière qui rend possible ce qui est impossible, facile ce qui est difficile et qui permet d’accomplir réellement ce qui est bien devant Dieu.
Amen.