Ne doutons pas. Approchons-nous de Jésus avec foi. Demandons à Dieu qu’il augmente en nous la foi, afin de dérober le miracle de notre guérison et conversion à notre Seigneur.
Nous voici en ce dimanche devant un récit évangélique chargé de détails et d’enseignements. Faisons donc l’effort de nous mettre nous aussi dans la scène, en nous faisant l’un de ceux qui accompagnent Jésus.
L’évangéliste saint Marc commence la narration en décrivant le lieu : Jésus vient de descendre de la barque et déjà une grande foule s’assemble autour de lui. Parmi les gens un homme remarquable arrive : c’est Jaïre, chef d’une synagogue juive. Cet homme, plongé dans la détresse à cause de la grave maladie de sa fille, sort à la rencontre de Jésus. Et l’ayant trouvé le supplie, se jetant à ses pieds, d’aller imposer les mains à sa fille pour qu’elle soit sauvée.
Mais au milieu de cette scène un autre miracle a lieu, qui, à première vue, semble n’être pas dans le plan de Jésus, comme si cette femme qui obtient la guérison avait volé le miracle à notre Seigneur.
En effet, tandis que Jésus se rendait à la maison de Jaïre, entouré et même pressé par la multitude qui le suivait, une femme s’approche discrètement de Jésus, touche l’extrémité de son vêtement et, sans lui adresser un mot, obtient la guérison ardemment désirée.
Devant ce miracle c’est saint Jean Chrysostome qui nous prévient : « ce n’est pas du reste la frange du vêtement, mais ses dispositions intérieures qui ont été la cause de sa guérison ». Et un autre commentateur de l’Ecriture (Théophile) continue : « Voyez comme elle est pleine de foi : elle espère être guérie, si elle parvient à toucher seulement la frange du vêtement du Sauveur, et cette foi lui obtient sa guérison ». Ce qui veut dire que tout ce que l’on peut faire de bien à l’extérieur n’a aucune valeur si l’on manque de bonnes dispositions intérieures, c’est-à-dire si l’on ne fait pas l’effort de vivre dans la grâce de Dieu.
En ce qui concerne ce miracle, il ne s’agit certainement pas d’un vol, ni d’un acte inconscient de la part de Jésus. Il y a là une communication intime par la foi et la charité. Jésus connait bien les intentions de chacun. En fait, si Jésus demande « qui l’a touché », c’est parce qu’il veut faire connaitre la foi de cette femme qui a été guérie miraculeusement et non parce qu’il l’ignore.
Saint Jean Chrysostome trouve au moins trois motifs pour lesquels « Notre-Seigneur voulait faire connaître cette femme : d’abord pour donner des éloges à sa foi, puis pour inspirer au chef de la synagogue la confiance que sa fille serait guérie de la même manière, et dissiper en même temps la frayeur dont cette femme était saisie. Elle craignait, en effet, parce qu’elle venait pour ainsi dire de dérober sa guérison ».
Une fois que la femme guérie se fait connaitre à Jésus, lui, il l’appelle « ma fille », parce que c’est la foi qui a été le principe de sa guérison, et que c’est la foi en Jésus-Christ qui nous fait enfants de Dieu. Et Jésus continue : « ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal ». Notre Seigneur, extrêmement généreux et miséricordieux, non seulement lui donne la grâce de la guérison corporelle, mais il va beaucoup plus loin : il lui donne la paix, c’est-à-dire qu’il la rétablit dans l’amitié avec Dieu en lui pardonnant tous ses péchés. Le miracle sur le corps vient ainsi nous révéler un autre miracle caché : la guérison, et même la résurrection de l’âme par le pardon des péchés.
Et notez ici que Jésus lui dit « ta foi t’a sauvée, va en paix ». Il ne lui dit pas « ta foi t’a guérie » ou « grâce à ta foi tu as obtenu la guérison de ton corps »… Non, il lui dit : « ta foi t’a sauvée ». C’est l’âme qui a besoin d’être « sauvée » du pouvoir du démon et du péché. Après il ajoute « et sois guérie de ton mal ». En agissant ainsi le Seigneur veut nous montrer quel est le but de sa mission, pourquoi il s’est fait homme : il veut nous sauver, nous libérer de l’esclavage du péché et nous rendre enfants de Dieu, et pas seulement nous venir en aide pour nos besoins matériels. Le matériel dans notre vie doit toujours rester le “moyen” et non pas la “fin”. Là on peut se rappeler ces autres paroles de Jésus : « Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de son âme ? Et que pourra-t-il donner en échange de son âme ? » (Mt 16,26).
Jésus parlait encore à la femme lorsque les gens du chef de la synagogue vinrent lui dire : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? ». Imaginons un instant l’angoisse et la tristesse de cet homme, père de cette jeune fille. Imaginons le silence ou les pleurs autour de lui. Même s’il était quelqu’un d’important il n’était pas le maitre de la vie. Mais Notre-Seigneur qui venait de montrer sa puissance le console et insiste sur l’importance et la nécessité de croire : « Ne crains pas, crois seulement », lui dit Jésus.
Arrivé à la maison, Jésus se révèle lui-même maitre de la vie. En ce sens, même s’il sait bien que la jeune fille est morte, il affirme : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort ». A ces paroles l’Evangile dit que les gens se moquaient de lui. Bien sûr, les gens qui ne croyaient pas en lui.
Devant ce fait nous pouvons examiner notre foi spécialement en ce qui concerne les paroles de la consécration du pain et du vin pour qu’ils deviennent le corps et le sang de Jésus (je crois vraiment à la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie ? Cela me porte à adorer Jésus y présent ?) ; et aussi notre foi en ce qui concerne les paroles de l’absolution dans le sacrement de la confession (est-ce que je crois vraiment au pardon des péchés et au sacrement de la confession ou suis-je de ceux qui s’en moquent ?).
Finalement, en réponse à la foi de ce petit groupe qui le suit et lui demande des grâces, Jésus réalise le miracle de la résurrection.
Ne doutons pas. Approchons-nous de Jésus avec foi. Demandons à Dieu qu’il augmente en nous la foi, afin de dérober le miracle de notre guérison et conversion à notre Seigneur. Que la Vierge Marie intercède, Elle aussi, pour nous, ses enfants.
Ainsi soit-il.