Aller au contenu

Homélie pour le 12ème dimanche du temps ordinaire 2018 (EA).

Dans la découverte et la réalisation de notre vocation propre et personnelle se trouve tout l’enjeu de notre vie. Dieu nous a pensé depuis toute éternité pour développer telle ou telle vocation ou ministère, et pour que à travers cela nous nous sanctifiions et soyons heureux.

En ce dimanche, le douzième de ce temps ordinaire, l’Eglise célèbre, chose étonnante, la naissance d’un saint, saint Jean Baptiste.
Lorsque l’on évoque la mémoire d’un saint, habituellement on le fête le jour de sa mort, c’est à dire, de l’entrée au Ciel, de la naissance à la vie éternelle. D’autant plus que les saints étaient des hommes comme nous, nés dans le péché originel, et que si on les célèbre c’est parce qu’ils sont morts dans la grâce de Dieu et en sainteté, en nous laissant un modèle pour notre vie et notre mort.
C’est pour cela qu’à part cette solennité d’aujourd’hui, l’Eglise célèbre seulement les naissances de Jésus et de Marie, nés, l’Un comme Dieu, et l’Autre toute sainte et immaculée car Mère de Dieu.
Qui plus est, cette année nous célébrons Saint Jean Baptiste un dimanche. L’Eglise considère que cette fête est tellement importante pour nous qu’elle doit prendre le pas sur la célébration du dimanche.

Pourquoi célébrer la naissance de saint Jean, quelle est son importance ? D’abord, parce que lui aussi est né sans péché, étant sanctifié par la présence de Jésus dans le sein de sa mère lors de la visite de Marie à sa cousine, comme nous le rapporte l’évangile de saint Luc, que vous connaissez très bien.
Mais aussi, car saint Jean Baptiste a eu, par la volonté de Dieu, une mission vraiment extraordinaire : être le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament, préparer en toute proximité l’avènement charnel du Fils de Dieu, l’annoncer de son doigt et proclamer que les temps de notre salut s’étaient accomplis. Vous vous rendez compte de sa pertinence. Une vocation tout à fait spéciale.

Être appelés.
Aujourd’hui je voudrais, comme nous invitent à le faire les lectures, que l’on médite sur la vocation, sur les appels de Dieu. Il y a là quelque chose d’extraordinaire, qui peut beaucoup nous aider dans notre vie spirituelle et quotidienne. C’est le fait de nous savoir tous “appelés”. Pas tous à la même chose, à la même mission ou vocation, mais tous, nous avons un appel, une vocation personnelle, une mission.
Nous pouvons appliquer le très beau texte du prophète Isaïe à notre propre vie et existence :
« Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom ».
Il n’y a aucun doute. C’est vraiment Dieu qui nous a donné la vie, qui nous a fait exister, qui nous a donné la possibilité de partager son propre Bonheur. Evidemment, dans la lecture, Isaïe parle de sa vocation très particulière à devenir ministre de Dieu, son messager, son prophète. Il nous faut donc faire quelques distinctions, il y a différents niveaux de vocations.

A l’existence. Le premier appel, universel, c’est l’être, l’appel à l’existence. C’est déjà une grande joie de nous savoir pensés, aimés et choisis par Dieu. Si nous sommes, si nous existons, tout simplement, c’est parce que Dieu, le Créateur de tout et notre Bon Père, nous a voulu, nous a appelés à la vie dans ce monde et, par conséquence, à sa finalité voulue par Lui-même, le bonheur éternel du Ciel.

Le psaume 138 nous aide aussi à saisir cette vérité très consolatrice : tout un Dieu qui pense à moi.
« Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées,
tous mes chemins te sont familiers.
C’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
Je reconnais devant toi le prodige,
l’être étonnant que je suis.
Étonnantes sont tes œuvres,
toute mon âme le sait.
Mes os n’étaient pas cachés pour toi
quand j’étais façonné dans le secret ».

Aujourd’hui, au cours de cette messe, nous pouvons réfléchir à ce fait, de notre première vocation commune : l’être, la vie, et Le remercier de tout cœur. Malgré tout, tous les maux, tous les soucis, les maladies, même la mort qui nous menace chaque jour, nous avons été appelés à la vie, nous avons la grande grâce d’exister. Dieu nous aime, Dieu pense à moi. C’est une vérité qui porte une puissance énorme, il nous faut en profiter.

Vocation à la sainteté, à la charité de Dieu. Il existe aussi un autre appel qui est universel : la vocation à la charité ou à la sainteté ou à participer à la vie et l’amour de Dieu ici-bas, mais surtout dans l’éternité.
Saint Jean Paul II, en expliquant cela avec la parabole de la vigne et les ouvriers (Mt 20, 1-10), affirme : « La parabole évangélique met sous nos yeux l’immense vigne du Seigneur, et la foule des personnes, hommes et femmes, qu’Il appelle et qu’Il envoie y travailler. La vigne, c’est le monde entier (cf. Mt 13, 38), qui doit être transformé selon le dessein de Dieu, en vue de l’avènement définitif du Royaume de Dieu ». (Pour que même dans ce monde règne l’amour de Dieu).
« L’appel du Christ : Allez, vous aussi, à ma vigne (Mt20, 3-4) ne cesse de se faire entendre depuis ce jour lointain de notre histoire : il s’adresse à tout homme venu en ce monde ».
Le pape continue : « Allez, vous aussi ». L’appel ne s’adresse pas seulement aux Pasteurs, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses ; il s’étend à tous : les fidèles laïcs, eux aussi, sont appelés personnellement par le Seigneur, de qui ils reçoivent une mission pour l’Eglise et pour le monde. Saint Grégoire le Grand le rappelle, lorsque, prêchant au peuple chrétien, il commente la parabole des ouvriers de la vigne : « Examinez donc un peu, mes frères, votre mode de vie, et vérifiez bien si déjà vous êtes des ouvriers du Seigneur. Que chacun juge ce qu’il fait et se rende compte s’il travaille dans la vigne du Seigneur ».

Les vocations particulières ou les états de vie au service de la charité (la première finalité universelle).
Enfin, il y a aussi les vocations particulières, comme celle du prophète Isaïe, ou celle de saint Jean Baptiste, ou celle de chacun de nous. Tous, nous avons une vocation spécifique, qui va nous conformer dans un état de vie au service de la finalité première et universelle de tout homme : la sainteté, la charité. Là, on retrouve toutes les vocations particulières : le mariage, le sacerdoce, la vie religieuse, les laïcs consacrés, les célibataires… etc.
Et, dans la découverte et la réalisation de notre vocation propre et personnelle se trouve tout l’enjeu de notre vie. Dieu nous a pensé depuis toute éternité pour développer telle ou telle vocation ou ministère, et pour que à travers cela nous nous sanctifiions et soyons heureux.
Parmi nous, il y aura des personnes qui l’ont déjà découverte et même vécue depuis longtemps (ceux qui sont déjà mariés, par exemple, ou nous aussi les prêtres). Mais il y en a d’autres qui sont encore dans la recherche, qui n’ont pas encore découvert cette vocation très profonde et personnelle.

Quelques conseils qui peuvent nous aider tous, soit pour persévérer dans notre propre vocation, soit pour la découvrir et pouvoir la suivre.

1-Vie sacramentelle très régulière et fidèle dans le temps.
Eucharistie si possible tous les jours et confession mensuelle. Jésus eucharistie, qui est la vie de Dieu en nous, est la source de grâces abondantes. La confession, en plus de la force qu’elle donne pour lutter contre son péché, permet notamment de se reconnaître pauvre devant Dieu et ainsi dépendant totalement de lui. Les sacrements, en étant un lieu fort de rencontre personnelle, permettent notamment de traverser les épreuves et les combats qui sont souvent au rendez-vous pendant le discernement. « Ouvrez, pleins de confiance, vos aspirations les plus intimes à l’amour de Jésus qui vous attend dans I ’Eucharistie. Vous y trouverez la réponse à toutes vos inquiétudes et vous verrez avec joie que la cohérence de vie qu’il vous demande est la clé de la réalisation des plus nobles désirs de votre jeune âme. » Jean-Paul II.
2. Oraison et prière personnelle quotidiennes.
Prendre des temps d’adoration régulièrement : c’est le lieu du dialogue avec le Seigneur ! Après avoir fait une rencontre intime et personnelle de Jésus Christ et de son amour infini, il faut prendre l’engagement de le retrouver régulièrement dans la prière. Il est l’ami véritable qui chemine avec nous : il nous appelle pour être avant tout avec lui. Il peut être bon de faire un petit oratoire dans sa chambre. Dans la phase de discernement, un des fruits de la prière sera aussi la capacité de se rendre disponible à l’appel. N’oublions pas que le consacré est celui qui vit en permanence en contemplant la face du Seigneur : Jésus devient l’époux de son âme. « Tâchez de connaître vraiment Jésus ! Efforcez-vous de nouer des liens d’amitié avec lui ! C’est uniquement la connaissance de Jésus qui peut vous donner la véritable joie, et non la joie égoïste, superficielle. C’est la connaissance de Jésus qui brise la solitude, surmonte les tristesses et les incertitudes, donne à la vie sa vraie signification, freine les passions, sublime les idéaux, répand les énergies dans la charité, éclaire les options définitives. Cherchez Jésus dans la prière, dans le dialogue sincère et assidu avec lui. Faites-le participer aux questions suscitées par vos problèmes et vos propres projets.
Méditez dans le recueillement et dans la prière le choix que vous allez faire ; si la voix du Seigneur retentit au plus intime de votre cœur, écoutez-le
. » Jean-Paul II.
3. Accompagnement spirituel indispensable et fréquent.
L’accompagnement suppose une confiance réciproque, de faire une demande claire de direction spirituelle qu’il accepte, une démarche de prière, une liberté de l’un vis-à-vis de l’autre dans les propos et dans la relation d’accompagnement… Cet accompagnement aidera à découvrir l’action du Seigneur dans votre vie depuis notre enfance. Aidé par l’Esprit Saint et son expérience d’accompagnateur, il prendra aussi facilement du recul par rapport aux évènements, et pourra vous aiguiller dans vos choix.
« La direction spirituelle, qui peut avoir lieu en dehors du sacrement de pénitence et même être réalisée par quelqu’un qui ne possède pas les ordres sacrés, aide à surmonter le danger de l’arbitraire au moment de connaître et de décider de sa propre vocation à la lumière de Dieu.
Cherchez un directeur spirituel qui vous assiste dans cet apprentissage. Entretenez-vous régulièrement avec lui. Comme la jeune pousse réclame des soins attentifs de la part de l’agriculteur, l’amour qui naît dans l’âme trouvera son plein développement grâce à un directeur spirituel expérimenté, d’une grande droiture méthodologique et animé d’un zèle ardent
. » Jean-Paul II.
4. Lire la Parole de Dieu.
Lecture : surtout la parole de Dieu, et pourquoi pas la vie de saints qui peut réveiller de grands désirs en nous et embraser notre cœur. Le Seigneur parle souvent au détour d’un verset biblique : la parole prend tout à coup vie pour soi. De plus, Jésus se révèle, se fait connaître et aimer dans les évangiles. Sa lecture nourrit notre amour pour lui : la rencontre est réelle dans la Parole de Dieu.
5. Se former.
Cette étape n’est pas indispensable dans un premier temps. Mais rencontrer le Christ comme un ami donne souvent soif d’une formation intellectuelle. Connaître le Christ permet de mieux l’aimer. En l’aimant plus, nous pouvons mieux l’imiter et donc le transmettre !
6. Donner de son temps.
Engagement ecclésial. L’amour de l’Eglise doit passer par le service gratuit de ses frères, par le don de soi (scoutisme, caritatif, liturgie, organisation de groupes de prière, de pèlerinages, des JMJ, engagement dans sa paroisse …).
« Appelés, consacrés, envoyés. Cette triple dimension explique et détermine votre conduite et le style de votre vie. Vous êtes mis à part, mais vous n’êtes pas séparés. Vous pouvez ainsi vous consacrer totalement à l’œuvre qui va vous être confiée : le service de vos frères. » Jean-Paul II
7. Avoir une vie cohérente.
Maîtrise de sa vie. Maturité humaine et spirituelle. Avoir sa vie en mains et être libre vis-à-vis de son emploi, sa famille, ses amis et de l’opinion du monde !
« Nous vivons malheureusement à une époque où le péché est devenu une industrie qui produit de l’argent, fait bouger l’économie, apporte du bien-être. Cette situation est vraiment impressionnante et terrible. On ne peut pas avoir peur ni se laisser impressionner ! Toutes les époques demandent au chrétien d’être cohérent ! » Jean-Paul II.
8. Prendre le temps de faire une retraite.
Opter pour des temps longs (1 week-end n’est pas suffisant, une semaine c’est mieux !). Les exercices spirituels de saint Ignace sont fortement conseillés. Rechercher le silence, partir au « désert » pour écouter ce que Dieu met dans le cœur. Il est indispensable de savoir prendre du recul et de la hauteur dans le rythme fou de la vie urbaine.
9. Rejoindre d’autres chercheurs de Dieu.
Aides supplémentaires : être suivi par le service des vocations du diocèse, participer à des soirées de prière pour les vocations, faire des pèlerinages ou marches pour les vocations, suivre le triduum pascal ou passer quelques jours dans un séminaire ou dans une communauté. Le Seigneur donne souvent une grande paix là où il nous appelle.
10. Demander l’aide de Marie, la mère de Dieu.
Pour finir, il n’est pas superflu d’avoir une grande dévotion à la Vierge Marie, elle qui a permis à son fils de réaliser pleinement sa vocation : elle nous aide en bonne mère à réaliser la nôtre. Elle nous montre le parfait exemple à suivre pour accomplir la volonté de Dieu en toute chose. « « Faites ce qu’il vous dira ». Dans ces paroles, Marie exprime surtout le secret le plus profond de sa vie. Sa vie a été un OUI profond au Seigneur. Un OUI plein de joie et de confiance. Il faut que vous accueilliez Marie dans vos jeunes vies, comme l’apôtre Jean l’a accueillie chez lui. « Permettez-lui d’être votre Mère ». Ouvrez-lui vos cœurs et vos consciences. Quelle vous aide à trouver le Christ pour le suivre sur le chemin de votre vie. « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta volonté » (Luc 1, 38). Ce fut le moment de la vocation de Marie.  ». Jean-Paul II.

Que la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère à tous, nous accorde la grâce de découvrir et suivre en fidélité notre propre vocation et de vivre toujours dans la joie et l’action de grâces de nous savoir aimés par le Dieu, notre Père.

Ainsi soit-il.






Faire défiler vers le haut