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Homélie pour la Solennité de la Toussaint 2016 (JGA)

Par les saints, Dieu nous fait signe. Nous sommes tous appelés, nous aussi, à la sainteté.
La France est une terre de saints et de saintes.
Si les saints, hommes et femmes comme nous ont réussi… Pourquoi ne réussirions nous pas aussi dans la sainteté ?


La Sainteté: à l’écoutes de Jésus sur le Mont des Béatitudes

Aujourd’hui l’Église célèbre dans une seule fête tous les hommes et femmes qui sont déjà au Ciel.

Le premier message que l’Église veut nous laisser par cette solennité est que nous sommes tous appelés à la sainteté. Jésus nous invite tous, sans exception, à être saints.

Saint Jean Paul II disait:

« Ce sont les saints que l’Eglise béatifie et canonise, mais aussi tous les saints cachés, anonymes : ils sauvent l’Eglise de la médiocrité, ils la réforment du dedans, je dirais par contagion, et ils l’entraînent vers ce qu’elle doit être. Chers amis, par les saints, Dieu vous fait signe. Vous êtes tous appelés, vous aussi, à la sainteté ! »(1) .

« Il est temps de proposer à tous, avec conviction, ce  » haut degré  » de la vie chrétienne ordinaire : toute la vie de la communauté ecclésiale et des familles chrétiennes doit mener dans cette direction »(2) .

Quel programme mettre en pratique pour arriver à la sainteté ?

« Pour savoir quelle est la voie de la sainteté, nous devons monter avec les Apôtres sur le Mont des Béatitudes, nous approcher de Jésus et nous mettre à l’écoute des paroles de vie qui sortent de sa bouche. Aujourd’hui aussi, il répète pour nous:

« Bienheureux ceux qui ont une âme de pauvres, car le Royaume des cieux est à eux! » Le divin Maître proclame « bienheureux » et, nous pourrions dire, « canonise » tout d’abord ceux qui ont une âme de pauvre, c’est-à-dire ceux qui ont le cœur libre de tout préjugé et conditionnement et qui sont donc totalement ouverts à la volonté divine. L’adhésion totale et confiante à Dieu suppose le dépouillement et un détachement cohérent de soi-même.

« Bienheureux les affligés! » C’est non seulement la béatitude de ceux qui souffrent pour les nombreuses difficultés liées à la condition humaine mortelle, mais également de ceux qui acceptent avec courage les souffrances dérivant de la profession sincère de la morale évangélique.

« Bienheureux les cœurs purs! » Ceux qui sont proclamés bienheureux sont ceux qui ne se contentent pas de pureté extérieure ou rituelle, mais qui recherchent la rectitude intérieure absolue qui exclut tout mensonge ou duplicité.

« Bienheureux les affamés et assoiffés de la justice! » La justice humaine est déjà un but très élevé, qui ennoblit l’âme de celui qui le poursuit, mais la pensée de Jésus va vers une justice plus grande encore qui se trouve dans la recherche de la volonté salvifique de Dieu: c’est surtout celui qui a faim et soif de cette justice qui est bienheureux. En effet, Jésus dit: «C’est en faisant la volonté de mon Père qu’on entrera dans le Royaume des cieux » (Mt 7, 21).

« Bienheureux les miséricordieux! » Bienheureux sont ceux qui vainquent la dureté de cœur et l’indifférence, pour reconnaître de façon concrète la primauté de l’amour plein de compassion, à l’exemple du bon Samaritain et, en dernière analyse, du Père « riche de miséricorde » (Ep 2, 4).

« Bienheureux les artisans de paix! » La paix, synthèse des biens messianiques, est une tâche exigeante. Dans un monde qui présente de terribles antagonismes et tant d’obstacles, il faut promouvoir une coexistence fraternelle inspirée par l’amour et le partage, en surmontant les inimitiés et les oppositions. Bienheureux ceux qui s’engagent dans cette très noble entreprise!

Les saints ont pris ces paroles de Jésus au sérieux. Ils ont cru que le « bonheur » leur serait donné du fait qu’ils les traduisaient dans leur existence. Et ils ont fait l’expérience de leur vérité en étant confrontés quotidiennement aux faits: malgré les épreuves, les périodes sombres, les difficultés, les échecs, ils ont goûté ici-bas la joie profonde de la communion avec le Christ. En Lui, ils ont découvert, présent dans le temps, le germe initial de la gloire future du Royaume de Dieu » (3).

La France: Terre des saints .

«La France est une terre de saints et de saintes, dons admirables de Dieu. Impossible de tous les nommer, ils sont si nombreux !

Pensons à Blandine, martyrisée à Lyon en 177, avec l’évêque Pothin et 46 compagnons de foi en Jésus-Christ : modèles de ceux qui, aujourd’hui, osent dire leur foi. Parlons de Martin, mort en 397, l’infatigable évangélisateur dont la charité frappe tous les esprits et dont de nombreuses églises portent le nom. Nommons Geneviève, patronne de Paris et des gendarmes, morte en 512.

Sautons les siècles : Saint Louis chercha le juste discernement pour servir le bien commun de tous. Mort en 1270, il est le modèle de l’homme politique par le service désintéressé, par son souci de l’équité. A-t-il connu Saint Yves, né en 1253 en Bretagne, qui y exerça la justice en ami des pauvres ? Il inspire aujourd’hui bien des personnes versées dans le délicat métier de la justice.
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Sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France. N’est-elle pas pour notre temps un magnifique exemple de courage, de persévérance, de pureté et de fidélité ? « Les gens d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire » : les grandes batailles de notre temps se jouent sans doute d’abord au niveau spirituel, ils exigent la même ténacité et le même engagement.

Qui oubliera Vincent de Paul, mort en 1660, dont la charité pour les plus pauvres est prophétique ? Il inspira tant de saints et de saintes, connus et inconnus, qui aimèrent le plus rejeté ou exclu. Parmi eux, un étudiant, devenu père de famille et universitaire brillant, le bienheureux Frédéric Ozanam, mort à 40 ans en 1853, dont les « conférences de charité » devenues « conférences saint Vincent de Paul » continuent leur mission de bonté évangélique. Pensons à Salomon Leclercq, canonisé par le Pape François il y a juste 15 jours, martyr assassiné durant la Révolution française, et à tous les catholiques assassinés pour le nom de Jésus.

Ajoutons la « petite » Thérèse Martin, morte à Lisieux à 24 ans. Face à l’athéisme, ses Manuscrits dévoilent la vérité sur l’homme : chacun, y compris le criminel, est un enfant infiniment chéri de Dieu, riche en miséricorde. Elle est le héraut de l’espérance pour tous. Et ses parents, Zélie et Louis Martin, veuf après 19 ans de mariage, prophètes des saints époux et parents d’aujourd’hui !

A cause de sainte Bernadette, morte à 35 ans, des millions de pèlerins repartent chaque année de Lourdes, convertis dans l’espérance. En 1858, la Vierge Marie lui dit son nom : « l’Immaculée Conception ». Un an plus tard, meurt Jean-Marie Vianney, le saint curé d’Ars que l’on est venu voir de partout : prophète des prêtres ordinaires et humbles, habités par la « charité pastorale ».

Plus près de nous, le bienheureux Marcel Callo, jeune de Rennes, arrêté à 23 ans, car, dit le commandant nazi, « Monsieur est beaucoup trop catholique ». Quand il meurt le 19 mars 1945 au camp de Mauthausen, le colonel confie : « J’ai vu le regard d’un saint ». Prophète des témoins de la lumière dans les ténèbres» (4).

L’Histoire de France est d’abord une histoire de la sainteté… Merci Seigneur pour les saints de notre pays !

Demandons à la Vierge Marie, la toute sainte, qu’elle nous aide à répondre personnellement à Dieu qui nous appelle : « soyez saints car moi, votre Dieu, je suis saint ».

Finalement, si les saints, hommes et femmes comme nous ont réussi… Pourquoi ne réussirions nous pas aussi dans la sainteté ?

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Ainsi soit-il.

1 Jean Paul II : Message aux jeunes à Lyon, octobre 1986.

2 Jean Paul II : Lettre apostolique Novo Millennio ineunte, nº 31.

3 Jean Paul II : Homélie du mercredi 1er Novembre 2000.

4 Monseigneur Pierre d’Ornellas : http://www.laneuvaine.fr/meditation-de-mgr-pierre-dornellas/.

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