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Homélie pour la solennité de la Sainte Famille 2018 (JGA).

« La famille de Nazareth, que l’Église met devant les yeux de toutes les familles constitue le point de référence culminant pour la sainteté de toute famille humaine »( Saint Jean-Paul II).


Dans le prolongement de Noël, nous célébrons aujourd’hui la fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. «La famille de Nazareth, que l’Église met devant les yeux de toutes les familles constitue le point de référence culminant pour la sainteté de toute famille humaine»( Jean-Paul II, homélie du 31 décembre 1978).

Un père, une mère, un enfant (d’après P. Elie Pascal Epinoux, http://toulouse.dominicains.com /homelie/une-sainte-famille /).

«Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Lorsqu’il eut douze ans, ils y montèrent selon la coutume pour la fête ». Une sainte famille, la Sainte Famille: un père, une mère, un enfant.

Un père: «un homme du nom de Joseph de la maison de David» (Lc 1, 27). De lui: pas un mot, quelques gestes à peine; un bloc de silence et d’obéissance. Un père qui donne un nom, qui enracine dans un lignage, qui transmet la mémoire d’un peuple, un père qui donne un métier, qui enracine dans un village, qui transmet le savoir du quotidien. Un père qui enracine dans la loi du Seigneur, qui enseigne et transmet rites et commandements de la loi de Moïse. Un père qui ouvre à une paternité plus haute que la sienne. Un père qui sait sa paternité accomplie le jour où son fils se sait et se vit Fils de Dieu.

Une mère: «et le nom de la Vierge était Marie» (Lc 1, 27). D’elle: quelques mots, une écoute surtout, un tressaillement d’accueil et de résonance. Une mère qui sait le secret de l’origine, gardienne des paroles de l’Ange: «l’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre, c’est pourquoi l’être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1, 35) Une mère qui sait le secret de l’identité, gardienne des paroles des bergers: «Aujourd’hui vous est né un sauveur qui est le Christ Seigneur de la cité de David» (Lc 2, 11). Une mère qui sait le secret de la mission, gardienne des paroles de Syméon: «Vois! Cet enfant amènera la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël. Il sera un signe en but à la contradiction» (Lc 2, 34). «Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur» (Lc 2, 19). Une mère qui sait l’origine et qui pourtant ne peut maîtriser le destin de l’enfant.

Un enfant: «tu l’appelleras du nom de Jésus» (Lc 1, 31).

Une sainte famille: un père, une mère, un enfant. Cette famille est donc formée nécessairement d’un homme et d’une femme, seule image complète de l’humanité. Sans juger personne, il est important de ne pas accepter de compromis sur ce point.

Pourquoi sainte?

Famille Sainte parce qu’elle offre un lieu où chacun peut découvrir et réaliser son identité et sa vocation la plus profonde: être enfant de Dieu.

Pour nous approcher du mystère de la sainteté de la famille de Jésus, Marie, et Joseph écoutons les paroles que le Pape Paul VI prononçait lors de sa visite à Nazareth le 5 janvier 1964 : «Nazareth est l’école où l’on commence à comprendre la vie de Jésus: l’école de l’Évangile. Ici on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. (…)Ici, à cette école, on comprend la nécessité d’avoir une discipline spirituelle, si l’on veut suivre l’enseignement de l’Evangile et devenir disciples du Christ. Oh ! Comme Nous voudrions redevenir enfant et Nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth !».

Pour que cet appel à imiter dans nos familles les sublimes exemples de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, ne reste pas abstraite, je voudrais vous proposer aujourd’hui un petit écrit de saint Marcellin Champagnat sur ce qu’il appelle « Les petites vertus ». Lui-même souligne l’importance de les mettre en pratique: «La négligence ou l’absence des petites vertus, voilà la grande cause des dissensions, des divisions et des discordes dans les familles».

Quelles sont ces vertus ? :

1. l’indulgence, qui excuse les fautes d’autrui, les diminue, les pardonne même très facilement.

2. la charitable dissimulation, qui paraît ne pas apercevoir les défauts, les torts, les manquements, les paroles mal placées du prochain, et qui supporte tout sans rien dire et sans se plaindre.

3. la compassion, qui s’approche des peines de ceux qui souffrent, pour les adoucir, qui pleure avec ceux qui pleurent, qui prend part aux maux de tous, et se met en quatre pour les soulager ou les porter soi-même, afin de les diminuer.

4. la sainte gaieté, qui s’approprie de même les joies des heureux pour les accroître, et pour procurer à ses frères toutes les consolations, tout le bonheur de la vertu et de la vie de communauté.

5. la souplesse d’esprit, qui n’impose jamais, sans de grandes raisons, ses opinions à personne, mais qui adopte sans résistance ce qu’il y a de judicieux et de bon dans les idées d’autrui, et qui applaudit sans envie aux découvertes des autres, à leurs sentiments, pour la sauvegarde de l’union et de la charité.

6. la sollicitude, la prévenance, qui prévient les besoins des autres afin de leur épargner la peine de les sentir et l’humiliation de demander assistance.

7. l’affabilité, qui écoute, sans témoigner la moindre peine, les importuns eux-mêmes, qui est toujours prête à venir en aide à ceux qui réclament du secours, qui instruit en toute patience les ignorants.

8. l’urbanité et la politesse, qui portent à prévenir tout le monde par des témoignages de respect, d’égard de déférence et qui cèdent partout le premier rang pour faire honneur aux autres.

9. l’altruisme, la sainte condescendance, qui se prête facilement aux désirs d’autrui, qui s’incline pour complaire à ceux qui sont au-dessous de nous, qui écoute facilement les raisons d’autrui et parait les apprécier bien qu’elles ne soient pas toujours parfaitement fondées.

10. le dévouement, ou le sens du bien commun, qui porte à préférer les intérêts de la communauté, et même ceux des particuliers, aux siens propres, et qui se sacrifie pour le bien de ses frères et la prospérité de la communauté ou de la société.

11. la patience, qui se tait, qui supporte, supporte toujours, et ne se lasse jamais de faire du bien, même aux ingrats. L’homme emporté ressemble à un fiévreux; l’homme patient, à un médecin qui modère les accès de la fièvre, et qui rend la paix à ceux qui l’ont perdue par leur emportement.

12. l’égalité d’âme et de caractère, qui fait qu’on est toujours le même, et qu’on ne se laisse pas aller à une folle joie, à l’emportement, à l’ennui, à la mélancolie, à l’humeur, mais qu’on reste toujours bon, gai, affable et content de tout et de tous.

Saint Champagnat termine: «Voulez-vous que votre maison soit un paradis par l’union des cœurs ? Aimez les petites vertus, pratiquez-les fidèlement; ce sont elles qui font tout le bonheur d’une belle maisonnée».

Sœur Lucie, la voyante de Fatima, disait dans une lettre écrite en 1983 au Cardinal Caffarra, que «la bataille finale entre le Seigneur et le royaume de Satan portera sur le mariage et la famille». Elle ajoute également : «N’ayez pas peur (…) Notre Dame lui a déjà écrasé la tête».

« »Rari nantes in gurgite vasto » (quelques malheureux nageant sur le vaste abime). Ce vers célèbre de Virgile donne une photographie parfaite de la situation du mariage en Occident. L’édifice du mariage n’a pas été détruit; il a été déconstruit, démonté morceau par morceau»: divorce, unions des homosexuels, avortements, contraception, pornographie, idéologie du genre, PMA, GPA, etc, etc.

Devant ce constat désolateur n’ayons pas peur, mais regardons avec confiance la Sainte Famille et implorons humblement sa protection pour la nôtre. Travaillons, efforçons nous pour que grâce à la prière, l’amour, le respect, l’écoute, la bienveillance, l’humilité, le silence nos familles fassent de l’amitié avec Jésus leur trésor et soient à l’abri de toutes les attaques du malin.

Jésus, Joseph et Marie, priez pour nous !

Ainsi soit-il.

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