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Homélie du 12 ème dimanche du temps ordinaire 2015

A l’appel de Saint Paul, laissons-nous saisir par le Christ afin que nous n’ayons plus notre vie centrée sur nous-même, mais sur Lui qui est mort et ressuscité pour nous.


L’épisode de la tempête apaisée, que nous venons de lire, nous invite à une grande confiance en la personne du Christ.

En effet, cette barque, que prennent les disciples pour passer sur l’autre rive, représente la vie de l’homme qui doit traverser la mer de sa vie terrestre pour parvenir au rivage de l’éternité. Aussi de même que le bateau des disciples est exposé à la tempête, aux avaries et commence à se remplir d’eau, de même chacun d’entre nous se voit assailli durant sa vie terrestre par beaucoup de dangers, de tentations, d’occasions de pécher, se voit assailli par le respect humain, la mondanité, par ses passions désordonnées… A ce moment de violente tempête, même si la barque de notre âme commence à couler, comme celle des disciples, même si nos repères deviennent flous pour s’orienter, ne perdons pas confiance ni espoir, mais gardons les yeux fixés sur le Christ qui seul nous guidera à bon port. Il est en effet des moments si périlleux qu’il faut s’en remettre entièrement au Christ qui seul peut nous sauver.

S’en remettre au Seigneur ne veut pas dire : « ne rien faire ». Jésus reproche aux disciples leur peur et leur manque de foi, il ne leur demande pas de lâcher le gouvernail, d’arrêter leurs manœuvres et de laisser l’eau entrer dans le bateau. Comme dit le proverbe : « aide-toi, le ciel t’aidera » ; il faut travailler de son mieux et s’en remettre au Christ qui fait tout concourir à notre bien. « Les hommes d’armes bataillerons et Dieu donnera la victoire » disait Sainte Jeanne d’Arc.

En fait, Jésus reproche aux disciples d’avoir oublié Dieu dans leurs difficultés, dans leur travail. Il en est de même, et bien plus encore à notre époque : nous avons évacué Dieu de notre vie et nous nous plaignons de nos souffrances, de notre « mal vivre » et des malheurs de la société.

Le Cardinal Sarah, venu dans le diocèse il y a quelques mois, nous dit :
« Il faut avant tout que l’Occident retrouve ses racines, i.e. Dieu ! Nous vivons dans un contexte culturel où Dieu est absent. Les chrétiens sont dans une ambiance d’apostasie silencieuse. Tant que l’occident ne retrouve pas les fondements de son être, son identité, sa culture chrétienne et Dieu Lui-même, je ne vois pas comment il peut revivre ». Et de poursuivre sur l’Eglise en Occident: « Si vous vous baignez dans une rivière bouseuse, vous en ressortez couvert de boue ! En vivant dans un certain contexte, on risque de se laisser contaminer. Je pense que l’Eglise en Occident reste fidèle à sa mission. Mais il faut craindre que l’ambiance culturelle, l’absence de Dieu, la sécularisation puisse la contaminer ».

Le Cardinal Ratzinger rappelait également il y a quelques années :
« Nous devons bien comprendre que ces souffrances très réelles qui affectent l’homme dans la société d’aujourd’hui sont en définitive le produit de l’absence de Dieu. C’est là qu’est l’essence du péché : vivre en l’absence de Dieu… Il y a donc un optimisme faux et très artificiel dans cette manière de prêcher qui suppose que tout est bon et que nous sommes tous gentils. Ce n’est pas la réalité de l’homme d’aujourd’hui. Sans cela il n’y aurait pas la drogue, le suicide… et tout ce qui fait que les hommes de notre société souffrent ».

Non seulement, comme le dit le Cardinal Sarah : nous sommes dans une rivière boueuse, mais de plus, il nous faut remonter le courant, ce qui n’est pas toujours facile ! Mais quelle joie profonde de vivre dans la vérité avec le Christ, de remonter aux sources pures et de nous y abreuver.

Comme les apôtres dans la barque, il nous faut retrouver foi et confiance dans le Christ, être bien accroché au bastingage de l’Eglise. Pensons aux chrétiens qui meurent par fidélité à leur foi en Jésus aujourd’hui, au Pakistan, au Moyen-Orient, en Afrique… Ils meurent égorgés pour la parole de Dieu et nous, bien souvent, nous avons tendance à annihiler l’Evangile, à le réduire au minimum.

Si notre foi ne s’approfondit pas, si notre relation au Christ ne grandit pas, si nous ne sommes pas prêt à certains ajustements dans notre façon de vivre, peut-être même à certaines décisions douloureuses mais salutaires pour suivre le Seigneur alors nous risquons de périr noyés comme nous le voyons que de trop chez de nombreux chrétiens.

A l’appel de Saint Paul, dans la seconde lecture, laissons-nous saisir par le Christ afin que nous n’ayons plus notre vie centrée sur nous-même, mais sur Lui qui est mort et ressuscité pour nous.

Amen

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