Nous aussi sommes appelés à être Rois, Reines, à régner au Paradis avec le Seigneur. Aussi, comme pour la Sainte Vierge Marie, notre participation à son règne éternel sera lié à notre participation à régner avec Jésus sur la Croix, à être couronné d’épines.
En cette fête du couronnement de la Sainte Vierge Marie au Ciel, « Marie Reine », l’Eglise propose à notre méditation l’Evangile de l’Annonciation.
En effet, la royauté de la Sainte Vierge Marie est liée à celle de son Fils et la royauté de Jésus débute en ce jour de l’Annonciation qui est celui de son Incarnation ; la victoire du Christ sur le péché, sur le démon commence donc en ce jour et elle sera complète et définitive par sa Passion et sa Résurrection, quand le diable, prince de ce monde, sera battu : « le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David », dit l’Ange Gabriel, « il régnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin ».
Si le Christ est Roi, non seulement par sa divinité, mais par son humanité, par droit de conquête sur Satan, alors, logiquement, sa Mère est Reine. En effet la Sainte Vierge Marie est la première à participer, corps et âme, à ce règne de gloire et d’union à Dieu dans l’éternité. En ce jour qui fait suite à l’Assomption, elle est couronnée au Ciel.
Il reste que ce couronnement céleste est précédé d’un couronnement d’épines. Le Christ, sur terre, n’a jamais accepté d’être couronné, si ce n’est d’épines ! C’est un Roi, mais un Roi crucifié. La réalisation des paroles de l’Annonciation que nous venons d’entendre s’accomplit sur le trône du Calvaire ; mais c’est justement grâce à l’humilité de ce Roi crucifié que l’annonce de l’Ange, « son règne n’aura pas de fin », prend sa pleine signification. La Croix est notre victoire, la victoire sur le démon, sur le péché, sur la mort, sur le mal.
Par sa résurrection, le Christ assure qu’il est le Seigneur de la vie et qu’il embrasse chacune de nos existences pour les conduire à Dieu son Père dans le Royaume des Cieux.
Aussi, le règne de Marie prend naissance dans l’union intime de la Mère à la Croix de son Fils. C’est parce qu’elle participait maternellement au sacrifice de Jésus qu’elle participe maintenant pleinement à la prophétie de l’Annonciation : « son règne n’aura pas de fin », elle est Reine des Cieux.
Nous aussi sommes appelés à être Rois, Reines, à régner au Paradis avec le Seigneur. Aussi, comme pour la Sainte Vierge Marie, notre participation à son règne éternel sera lié à notre participation à régner avec Jésus sur la Croix, à être couronné d’épines. Il n’y a pas de dimanche de Pâques sans Vendredi Saint, il n’y a pas de résurrection sans mort au péché, sans mort à nous-même.
L’actualité nous rappelle également, de façon très forte, cette nécessité du combat et nous appelle à y participer de façon renouvelée.
Pensons à ces atrocités de Boko Aram, de Daech en Irak, en Syrie, en Lybie… de la persécution au Pakistan, de cet état de guerre larvée quasi général, « guerre mondiale par morceaux » nous dit le Pape François ; pensons également à cette guerre globale déclarée contre la vie , vie naissante, vie vieillissante, vie marchandise, vie déchet comme dit le Pape, aux attaques contre la nature humaine homme – femme ; pensons aux ravages de l’économie libérale telle qu’elle est appliquée, il semble bien que l’idole « argent » règne encore sur terre !
Face à cette réalité tragique, nous sommes invités à porter un peu, nous aussi, notre croix, celle de nos péchés, celle des souffrances de nos frères afin de régner avec le Christ et la Sainte Vierge Marie.
Le vocable de « Notre Dame de Bonheur » nous rappelle que la joie réelle de notre cœur, déjà sur terre, ne peut se trouver qu’en Dieu, au milieu même d’une vie offerte au Seigneur à l’image de la Sainte Vierge Marie : « qu’il me soit fait selon ta parole ». A la suite de la Vierge Marie, tous les saints ont gouté cette joie de l’âme unie à son Seigneur, au milieu des mêmes difficultés offertes : pensons à Saint Louis que nous fêterons dans 3 jours, pensons aux premiers chrétiens persécutés qui donnaient envie, « voyez comme ils s’aiment » disaient les païens, pensons à Saint François-Xavier en butte à mille périls aux Indes et qui disait à Dieu dans sa prière « assez de joie Seigneur, ne m’en donnez plus tant, je ne puis plus la supporter », pensons au Saint Curé d’Ars qui au milieu d’une vie véritablement crucifiée disait : « j’ai des joies telles qu’elles m’ont déjà largement payé de tout », pensons à Mère Solange Bazin de Jessey (sœur missionnaire en Papouasie il y a à peine cent ans, morte épuisée au bout de quelques années) dont une contemporaine dit : « la joie débordait en elle comme une source abondante qui paisiblement épanche son trop plein et fait tout vivre et sourire autour d’elle ». « Porter sur son visage la joie de servir notre cher divin Maître, c’est lui faire honneur et plaisir » disait Mère Solange.
Puissions-nous suivre ce chemin de joie et de bonheur que la Sainte Vierge Marie nous trace, en prenant part à son offrande au pied de la Croix.
Amen.