Année 2025- Homélie pour le 8ème dimanche du temps ordinaire, de la Quinquagésime (JGA).

27 novembre 2016 : Le père Augustin DENECK donne le sacrement de réconciliation à un jeune garçon. Paroisse Saint-Ambroise, Paris (75), France.

Hypocrite! Enlève d’abord la poutre de ton œil!
Laissons-nous interpeller par les paroles de Jésus : « Hypocrite! Enlève d’abord la poutre de ton œil! ». Tout jugement humain est téméraire. Seule l’humilité et un travail de conversion incessant permettent d’être dans la vérité et d’avancer sur le chemin de la sainteté. Le sacrement de la confession, reçu régulièrement est sans doute la meilleure façon de progresser dans la lucidité sur soi-même et dans la miséricorde envers les autres.

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Le jugement téméraire.
Le jugement est un regard, parfois traduit en parole, qui nous fait évaluer notre prochain, le plus souvent à son détriment, en identifiant ce que nous pensons être ses défauts. Or tout jugement est téméraire car nous ne connaissons jamais totalement les personnes, fussent-elles nos intimes. Seul Dieu créateur et omniscient lit clairement dans les cœurs.
Juger revient à enfermer l’autre dans son péché, à le réduire à ses défauts. Or, l’être humain est toujours plus grand que son péché car il porte en lui l’image du Créateur. Tout homme peut devenir autre et sortir de son péché. Cela, seul Dieu peut le mesurer. Nous avons tous commis des actes dont nous dirions volontiers: cela ne me ressemble pas, ce n’est pas moi. Et cela est vrai. Nous avons tous de petits travers agaçants pour autrui, mais qui ne rendent pas compte de la beauté de notre vie. Nous n’aimerions pas être réduits à ces seuls actes, à ces seuls travers, alors agissons en conséquence à l’égard de nos frères et voyons en priorité ce qui est beau chez eux. Si nous ne le voyons pas, demandons que Dieu nous le révèle par un événement, une parole de ce frère. Dieu nous exaucera rapidement et nous serons alors confus de l’avoir si vite jugé.
Par ailleurs, juger revient à prendre la place de Dieu, nous prendre pour lui. C’est se placer en position de supériorité au-dessus de nos frères, comme si nous avions une pleine connaissance et une pratique certaine du bien et du mal. La réalité, nous le savons, est toute autre. Nous sommes pécheurs. De plus, à chaque fois que nous dénonçons un travers chez un frère, nous sous-entendons en réalité que nous sommes meilleurs que lui. Il y a donc orgueil. Nous prenons souvent pour prétexte la défense de la morale ou de la justice: nous aimerions que ce frère se convertisse. Si c’est bien le cas nous pouvons le vérifier facilement de deux manières: une tendresse particulière pour ce frère qui nous porte à prier pour lui, voire à lui parler discrètement (correction fraternelle) et une absence totale de bavardage à son sujet. Demandons la grâce de vivre la véritable fraternité des enfants de Dieu qui nous pousse à nous sentir pécheur parmi d’autres pécheurs, qui cherchent à se sanctifier les uns les autres.

Lucides sur le mal.
Pour autant, ne pas juger son frère ne signifie pas se faire complice de ce qu’il fait de mal. Nous devons rester lucides sur le mal et distinguer les personnes des actes. Si nous ne connaissons pas le cœur d’autrui, nous avons appris du décalogue et de l’Evangile que certains actes sont objectivement mauvais. Dans le cas des scandales, nous ne pouvons en aucun cas nous abriter derrière une volonté de ne pas juger: dénoncer un meurtrier, un prédateur, une personne commettant des abus sexuels, est de l’ordre de la stricte justice et s’impose à tous. Il s’agit de faire la vérité, de faire reculer l’injustice et de protéger le faible. Il ne s’agit pas de le nier et de se compromettre avec le mal. Nous pouvons, sans juger nos frères, tenir certains de leurs actes pour mauvais. Si nous connaissons bien ces personnes, la charité nous commande même de les alerter. C’est ce qu’on appelle la correction fraternelle. Ce n’est pas une atteinte à l’amour, c’est tout l’inverse car l’amour veut le salut d’autrui et ne se contente pas de le voir se perdre. C’est aussi un témoignage à la vérité qui provient de Dieu. Nous voyons aujourd’hui, au nom de la tolérance, ou par peur d’être rejetés, de nombreux parents justifier, par exemple, les comportements de leurs enfants alors même qu’ils les savent mauvais. Ce n’est pas cela la vraie charité. N’ayons donc pas peur de reprendre nos proches, nos amis, nos frères en religion, avec douceur, lorsqu’ils s’éloignent de l’Evangile. « S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » (Mt 18, 15)… et laissons-nous reprendre par eux en toute humilité.

Le Seigneur ne permets pas que nous soyons comme le pharisien qui dans le Temple rend grâces à Dieu de ce qu’il n’est pas comme le publicain qui est assis au fond. Il énumère devant Dieu ses vertus et s’estime juste devant lui et en même temps il méprise le publicain qui prie humblement en demandant miséricorde. Il est en réalité dans l’erreur et pèche gravement par orgueil et manque de charité. Nous sommes volontiers de ceux-là, et finalement, entre dévots forcenés et chrétiens laxistes, nous croyons étonnamment incarner le juste milieu.

Saint Bernard dénonçait ainsi énergiquement la « détraction » : « Vous cherchez de quelle poutre je veux parler? N’en est-ce donc point une assez grosse et assez grande que cet orgueil qui vous fait croire que vous êtes quelque chose quand vous n’êtes rien, je vous rappelle ces paroles de l’apôtre: “Les médisants ne posséderont le royaume de Dieu” (I Cor 6, 10)».

Il est important que nous renoncions définitivement à nous critiquer dans l’ Eglise et entre frères. Prenons le même engagement de renoncer à la critique dans nos familles et nos groupes d’amis. Ce dimanche peut être l’occasion pour chacun d’entre nous d’en prendre solennellement la résolution. La critique est un manque à la charité et donne le contre-témoignage d’une contradiction patente entre ce que nous prêchons et ce que nous pratiquons. Essayons d’éprouver combien cela attriste et blesse le Cœur du Christ.

Nous pourrons ensuite faire acte d’humilité, notamment à l’occasion d’une confession, en demandant au Seigneur de nous révéler les péchés que nous ne voyons pas ou ne considérons pas graves. Le curé d’Ars avait demandé un jour à Dieu de lui montrer sa misère et avouait qu’il avait failli désespérer. Il conseillait donc de lui demander seulement de « nous montrer un peu notre misère »… Le sacrement de la confession, reçu régulièrement est sans doute la meilleure façon de progresser dans la lucidité sur soi-même et dans la miséricorde envers les autres.

Nous pouvons conclure par la prière de St François d’Assise devant le crucifix de Saint Damien, pour demander la grâce d’être éclairés : « Dieu Très-Haut et glorieux, Illumine les ténèbres de mon cœur ; Et donne-moi Seigneur La foi droite, l’espérance certaine et la charité parfaite, Le sentir et le connaître, Afin que j’accomplisse ton commandement saint et véridique. Amen. »

Publié le 02 mars 2025

Année 2025- Homélie pour le 8ème dimanche du temps ordinaire, de la Quinquagésime (JGA).

Hypocrite! Enlève d’abord la poutre de ton œil!
Laissons-nous interpeller par les paroles de Jésus : « Hypocrite! Enlève d’abord la poutre de ton œil! ». Tout jugement humain est téméraire. Seule l’humilité et un travail de conversion incessant permettent d’être dans la vérité et d’avancer sur le chemin de la sainteté. Le sacrement de la confession, reçu régulièrement est sans doute la meilleure façon de progresser dans la lucidité sur soi-même et dans la miséricorde envers les autres.

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Le jugement téméraire.
Le jugement est un regard, parfois traduit en parole, qui nous fait évaluer notre prochain, le plus souvent à son détriment, en identifiant ce que nous pensons être ses défauts. Or tout jugement est téméraire car nous ne connaissons jamais totalement les personnes, fussent-elles nos intimes. Seul Dieu créateur et omniscient lit clairement dans les cœurs.
Juger revient à enfermer l’autre dans son péché, à le réduire à ses défauts. Or, l’être humain est toujours plus grand que son péché car il porte en lui l’image du Créateur. Tout homme peut devenir autre et sortir de son péché. Cela, seul Dieu peut le mesurer. Nous avons tous commis des actes dont nous dirions volontiers: cela ne me ressemble pas, ce n’est pas moi. Et cela est vrai. Nous avons tous de petits travers agaçants pour autrui, mais qui ne rendent pas compte de la beauté de notre vie. Nous n’aimerions pas être réduits à ces seuls actes, à ces seuls travers, alors agissons en conséquence à l’égard de nos frères et voyons en priorité ce qui est beau chez eux. Si nous ne le voyons pas, demandons que Dieu nous le révèle par un événement, une parole de ce frère. Dieu nous exaucera rapidement et nous serons alors confus de l’avoir si vite jugé.
Par ailleurs, juger revient à prendre la place de Dieu, nous prendre pour lui. C’est se placer en position de supériorité au-dessus de nos frères, comme si nous avions une pleine connaissance et une pratique certaine du bien et du mal. La réalité, nous le savons, est toute autre. Nous sommes pécheurs. De plus, à chaque fois que nous dénonçons un travers chez un frère, nous sous-entendons en réalité que nous sommes meilleurs que lui. Il y a donc orgueil. Nous prenons souvent pour prétexte la défense de la morale ou de la justice: nous aimerions que ce frère se convertisse. Si c’est bien le cas nous pouvons le vérifier facilement de deux manières: une tendresse particulière pour ce frère qui nous porte à prier pour lui, voire à lui parler discrètement (correction fraternelle) et une absence totale de bavardage à son sujet. Demandons la grâce de vivre la véritable fraternité des enfants de Dieu qui nous pousse à nous sentir pécheur parmi d’autres pécheurs, qui cherchent à se sanctifier les uns les autres.

Lucides sur le mal.
Pour autant, ne pas juger son frère ne signifie pas se faire complice de ce qu’il fait de mal. Nous devons rester lucides sur le mal et distinguer les personnes des actes. Si nous ne connaissons pas le cœur d’autrui, nous avons appris du décalogue et de l’Evangile que certains actes sont objectivement mauvais. Dans le cas des scandales, nous ne pouvons en aucun cas nous abriter derrière une volonté de ne pas juger: dénoncer un meurtrier, un prédateur, une personne commettant des abus sexuels, est de l’ordre de la stricte justice et s’impose à tous. Il s’agit de faire la vérité, de faire reculer l’injustice et de protéger le faible. Il ne s’agit pas de le nier et de se compromettre avec le mal. Nous pouvons, sans juger nos frères, tenir certains de leurs actes pour mauvais. Si nous connaissons bien ces personnes, la charité nous commande même de les alerter. C’est ce qu’on appelle la correction fraternelle. Ce n’est pas une atteinte à l’amour, c’est tout l’inverse car l’amour veut le salut d’autrui et ne se contente pas de le voir se perdre. C’est aussi un témoignage à la vérité qui provient de Dieu. Nous voyons aujourd’hui, au nom de la tolérance, ou par peur d’être rejetés, de nombreux parents justifier, par exemple, les comportements de leurs enfants alors même qu’ils les savent mauvais. Ce n’est pas cela la vraie charité. N’ayons donc pas peur de reprendre nos proches, nos amis, nos frères en religion, avec douceur, lorsqu’ils s’éloignent de l’Evangile. « S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » (Mt 18, 15)… et laissons-nous reprendre par eux en toute humilité.

Le Seigneur ne permets pas que nous soyons comme le pharisien qui dans le Temple rend grâces à Dieu de ce qu’il n’est pas comme le publicain qui est assis au fond. Il énumère devant Dieu ses vertus et s’estime juste devant lui et en même temps il méprise le publicain qui prie humblement en demandant miséricorde. Il est en réalité dans l’erreur et pèche gravement par orgueil et manque de charité. Nous sommes volontiers de ceux-là, et finalement, entre dévots forcenés et chrétiens laxistes, nous croyons étonnamment incarner le juste milieu.

Saint Bernard dénonçait ainsi énergiquement la « détraction » : « Vous cherchez de quelle poutre je veux parler? N’en est-ce donc point une assez grosse et assez grande que cet orgueil qui vous fait croire que vous êtes quelque chose quand vous n’êtes rien, je vous rappelle ces paroles de l’apôtre: “Les médisants ne posséderont le royaume de Dieu” (I Cor 6, 10)».

Il est important que nous renoncions définitivement à nous critiquer dans l’ Eglise et entre frères. Prenons le même engagement de renoncer à la critique dans nos familles et nos groupes d’amis. Ce dimanche peut être l’occasion pour chacun d’entre nous d’en prendre solennellement la résolution. La critique est un manque à la charité et donne le contre-témoignage d’une contradiction patente entre ce que nous prêchons et ce que nous pratiquons. Essayons d’éprouver combien cela attriste et blesse le Cœur du Christ.

Nous pourrons ensuite faire acte d’humilité, notamment à l’occasion d’une confession, en demandant au Seigneur de nous révéler les péchés que nous ne voyons pas ou ne considérons pas graves. Le curé d’Ars avait demandé un jour à Dieu de lui montrer sa misère et avouait qu’il avait failli désespérer. Il conseillait donc de lui demander seulement de « nous montrer un peu notre misère »… Le sacrement de la confession, reçu régulièrement est sans doute la meilleure façon de progresser dans la lucidité sur soi-même et dans la miséricorde envers les autres.

Nous pouvons conclure par la prière de St François d’Assise devant le crucifix de Saint Damien, pour demander la grâce d’être éclairés : « Dieu Très-Haut et glorieux, Illumine les ténèbres de mon cœur ; Et donne-moi Seigneur La foi droite, l’espérance certaine et la charité parfaite, Le sentir et le connaître, Afin que j’accomplisse ton commandement saint et véridique. Amen. »

Publié le 02 mars 2025

Année 2025- Homélie pour le 8ème dimanche du temps ordinaire, de la Quinquagésime (JGA).

27 novembre 2016 : Le père Augustin DENECK donne le sacrement de réconciliation à un jeune garçon. Paroisse Saint-Ambroise, Paris (75), France.

Hypocrite! Enlève d’abord la poutre de ton œil!
Laissons-nous interpeller par les paroles de Jésus : « Hypocrite! Enlève d’abord la poutre de ton œil! ». Tout jugement humain est téméraire. Seule l’humilité et un travail de conversion incessant permettent d’être dans la vérité et d’avancer sur le chemin de la sainteté. Le sacrement de la confession, reçu régulièrement est sans doute la meilleure façon de progresser dans la lucidité sur soi-même et dans la miséricorde envers les autres.

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Le jugement téméraire.
Le jugement est un regard, parfois traduit en parole, qui nous fait évaluer notre prochain, le plus souvent à son détriment, en identifiant ce que nous pensons être ses défauts. Or tout jugement est téméraire car nous ne connaissons jamais totalement les personnes, fussent-elles nos intimes. Seul Dieu créateur et omniscient lit clairement dans les cœurs.
Juger revient à enfermer l’autre dans son péché, à le réduire à ses défauts. Or, l’être humain est toujours plus grand que son péché car il porte en lui l’image du Créateur. Tout homme peut devenir autre et sortir de son péché. Cela, seul Dieu peut le mesurer. Nous avons tous commis des actes dont nous dirions volontiers: cela ne me ressemble pas, ce n’est pas moi. Et cela est vrai. Nous avons tous de petits travers agaçants pour autrui, mais qui ne rendent pas compte de la beauté de notre vie. Nous n’aimerions pas être réduits à ces seuls actes, à ces seuls travers, alors agissons en conséquence à l’égard de nos frères et voyons en priorité ce qui est beau chez eux. Si nous ne le voyons pas, demandons que Dieu nous le révèle par un événement, une parole de ce frère. Dieu nous exaucera rapidement et nous serons alors confus de l’avoir si vite jugé.
Par ailleurs, juger revient à prendre la place de Dieu, nous prendre pour lui. C’est se placer en position de supériorité au-dessus de nos frères, comme si nous avions une pleine connaissance et une pratique certaine du bien et du mal. La réalité, nous le savons, est toute autre. Nous sommes pécheurs. De plus, à chaque fois que nous dénonçons un travers chez un frère, nous sous-entendons en réalité que nous sommes meilleurs que lui. Il y a donc orgueil. Nous prenons souvent pour prétexte la défense de la morale ou de la justice: nous aimerions que ce frère se convertisse. Si c’est bien le cas nous pouvons le vérifier facilement de deux manières: une tendresse particulière pour ce frère qui nous porte à prier pour lui, voire à lui parler discrètement (correction fraternelle) et une absence totale de bavardage à son sujet. Demandons la grâce de vivre la véritable fraternité des enfants de Dieu qui nous pousse à nous sentir pécheur parmi d’autres pécheurs, qui cherchent à se sanctifier les uns les autres.

Lucides sur le mal.
Pour autant, ne pas juger son frère ne signifie pas se faire complice de ce qu’il fait de mal. Nous devons rester lucides sur le mal et distinguer les personnes des actes. Si nous ne connaissons pas le cœur d’autrui, nous avons appris du décalogue et de l’Evangile que certains actes sont objectivement mauvais. Dans le cas des scandales, nous ne pouvons en aucun cas nous abriter derrière une volonté de ne pas juger: dénoncer un meurtrier, un prédateur, une personne commettant des abus sexuels, est de l’ordre de la stricte justice et s’impose à tous. Il s’agit de faire la vérité, de faire reculer l’injustice et de protéger le faible. Il ne s’agit pas de le nier et de se compromettre avec le mal. Nous pouvons, sans juger nos frères, tenir certains de leurs actes pour mauvais. Si nous connaissons bien ces personnes, la charité nous commande même de les alerter. C’est ce qu’on appelle la correction fraternelle. Ce n’est pas une atteinte à l’amour, c’est tout l’inverse car l’amour veut le salut d’autrui et ne se contente pas de le voir se perdre. C’est aussi un témoignage à la vérité qui provient de Dieu. Nous voyons aujourd’hui, au nom de la tolérance, ou par peur d’être rejetés, de nombreux parents justifier, par exemple, les comportements de leurs enfants alors même qu’ils les savent mauvais. Ce n’est pas cela la vraie charité. N’ayons donc pas peur de reprendre nos proches, nos amis, nos frères en religion, avec douceur, lorsqu’ils s’éloignent de l’Evangile. « S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » (Mt 18, 15)… et laissons-nous reprendre par eux en toute humilité.

Le Seigneur ne permets pas que nous soyons comme le pharisien qui dans le Temple rend grâces à Dieu de ce qu’il n’est pas comme le publicain qui est assis au fond. Il énumère devant Dieu ses vertus et s’estime juste devant lui et en même temps il méprise le publicain qui prie humblement en demandant miséricorde. Il est en réalité dans l’erreur et pèche gravement par orgueil et manque de charité. Nous sommes volontiers de ceux-là, et finalement, entre dévots forcenés et chrétiens laxistes, nous croyons étonnamment incarner le juste milieu.

Saint Bernard dénonçait ainsi énergiquement la « détraction » : « Vous cherchez de quelle poutre je veux parler? N’en est-ce donc point une assez grosse et assez grande que cet orgueil qui vous fait croire que vous êtes quelque chose quand vous n’êtes rien, je vous rappelle ces paroles de l’apôtre: “Les médisants ne posséderont le royaume de Dieu” (I Cor 6, 10)».

Il est important que nous renoncions définitivement à nous critiquer dans l’ Eglise et entre frères. Prenons le même engagement de renoncer à la critique dans nos familles et nos groupes d’amis. Ce dimanche peut être l’occasion pour chacun d’entre nous d’en prendre solennellement la résolution. La critique est un manque à la charité et donne le contre-témoignage d’une contradiction patente entre ce que nous prêchons et ce que nous pratiquons. Essayons d’éprouver combien cela attriste et blesse le Cœur du Christ.

Nous pourrons ensuite faire acte d’humilité, notamment à l’occasion d’une confession, en demandant au Seigneur de nous révéler les péchés que nous ne voyons pas ou ne considérons pas graves. Le curé d’Ars avait demandé un jour à Dieu de lui montrer sa misère et avouait qu’il avait failli désespérer. Il conseillait donc de lui demander seulement de « nous montrer un peu notre misère »… Le sacrement de la confession, reçu régulièrement est sans doute la meilleure façon de progresser dans la lucidité sur soi-même et dans la miséricorde envers les autres.

Nous pouvons conclure par la prière de St François d’Assise devant le crucifix de Saint Damien, pour demander la grâce d’être éclairés : « Dieu Très-Haut et glorieux, Illumine les ténèbres de mon cœur ; Et donne-moi Seigneur La foi droite, l’espérance certaine et la charité parfaite, Le sentir et le connaître, Afin que j’accomplisse ton commandement saint et véridique. Amen. »

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Publié le 02 mars 2025