Année 2025-Homélie pour le 5ème dimanche de Carême (JA).

La prière de Jésus.
Le Nouveau Testament respire cette conviction: que les psaumes sont par essence la prière du Christ et de son Eglise, c’est-à-dire, notre prière. Les psaumes dans le Nouveau Testament apparaissent comme le livre sacerdotal où le Souverain Prêtre de la nouvelle alliance, Jésus, n’a eu qu’à lire le texte tout préparé pour la liturgie de sa passion et de sa glorification .
__________________________________________________________
Dimanche dernier le Père José nous a exposé la méditation de saint Ignace de Loyola sur « les deux étendards » qui nous présentait la vie chrétienne comme une guerre (deux armées qui s’affrontent), la plus importante des guerres qui puissent exister sur terre.
Nous commençons aujourd’hui le temps de la Passion, un temps à l’intérieur du Carême, qui nous invite à nous concentrer sur notre Sauveur et sa Passion (son dernier combat). Les croix et les statues voilées (nous sommes comme abandonnés, en exil, nous ne voyons plus la compagnie des saints) peuvent bien nous rappeler ce temps d’angoisse que notre bon Jésus a bien voulu vivre pour nous sauver : « mon âme est triste à en mourir » (Mt 26, 38); « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » (Jn 12, 27-28a).
Notre Seigneur s’apprête à vivre l’épisode décisif de la guerre contre le diable: c’est par la Croix en effet (par sa Passion et sa Résurrection) qu’il obtiendra la victoire définitive.
Dans ce combat qui a duré toute sa vie et qui dure encore dans ses membres, et duquel il est sorti victorieux, notre bon Jésus trouvait son soutien (en tant qu’homme) dans la prière continuelle. Jésus priait et il priait beaucoup, continuellement.
Ainsi l’Evangile nous dit, par exemple, qu’il avait l’habitude de se rendre au mont des oliviers pour prier (Luc 22, 39-41): « Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit: « Priez, pour ne pas entrer en tentation ». Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait… ».
La prière de Jésus était constituée essentiellement par la récitation des psaumes.
La lettre aux Hébreux nous présente, par exemple, le premier instant de son existence humaine en train de prier le psaume 39: « Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre » » (Héb 10,4-7).
Le Nouveau Testament respire cette conviction: que les psaumes sont par essence la prière du Christ et de son Eglise (c’est-à-dire, notre prière). Le cardinal Schuster (théologien et grand connaisseur de la liturgie) a pu justement écrire « que les psaumes dans le Nouveau Testament apparaissent comme le livre sacerdotal où le Souverain Prêtre de la nouvelle alliance, Jésus, n’a eu qu’à lire le texte tout préparé pour la liturgie de sa passion et de sa glorification ».
La façon dont le Christ s’attache à en corriger l’interprétation courante à son endroit, et non moins peut-être la façon dont le diable s’efforce de le tenter en en soulignant certains passages, ne pouvant douter qu’il se les appliquât, enfin le fait que Jésus y a choisi l’expression de sa suprême douleur: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Ps 21), comme de son suprême apaisement: « Entre tes mains, je remets mon esprit.» (Ps 30), tous ces détails montrent assez que les psaumes furent, pendant les jours de sa vie terrestre, sa prière à Lui.
Jésus applique à sa personne les prophéties contenues dans les psaumes; c’est en Lui qu’elles trouvent son plein accomplissement.
Et ce n’est pas vain de noter ici que dans les psaumes il est question d’une lutte perpétuelle contre les ennemis maudits; bataille sans trêve, dont les échos, tantôt retentissants, tantôt en sourdine, ne cessent d’accompagner le déroulement de la prière psalmodique.
L’amour de Dieu auquel le Nouveau Testament nous fait croire (« amour miséricordieux »), demeure inconnu aussi longtemps qu’on n’a pas compris son autre affirmation inséparable que « la victoire de Dieu, c’est notre foi » (1 Jn 5,4). C’est-à-dire que cet amour demeure inconnu, aussi longtemps qu’il n’est pas reconnu comme vainqueur dans un conflit à mort entre la puissance divine et les puissances du malin. De ce conflit, la guerre que chantent les psaumes est le type prophétique, et comme il s’est poursuivi dans la vie du Christ, il doit se poursuivre dans la vie de l’Eglise, son épouse et corps mystique. Ce chant de guerre (que sont les psaumes), comme il fut celui de l’Epoux, doit donc demeurer à jamais celui de l’Epouse et de ses enfants.
Les Psaumes doivent donc accompagner et inspirer notre vie. C’est pour cela que la Liturgie de la Messe en emploie largement. Et c’est pour cela aussi que pendant le Triduum Pascal nous prions (et nous vous y invitons à prier avec nous) l’Office des ténèbres qui consiste essentiellement à chanter (ou réciter) des psaumes qui éclairent les mystères de ces jours sacrés.
A qui veut comprendre ce que peut devenir une prière chrétienne dont les psaumes sont le principal aliment, il suffit de se reporter aux plus anciens écrits témoins de la spiritualité des premiers siècles de l’Eglise. Les psaumes, à l’époque des martyrs, se retrouvent sur les lèvres des disciples mourant pour leur Seigneur, comme ils s’étaient retrouvés sur celles de celui-ci mourant pour eux sur la Croix.
Quand la persécution faiblit puis cessa, quand le danger ne fut plus au dehors, mais au-dedans (refroidissement de la foi), quand ce fut la chrétienté elle-même qui eut besoin de témoins du christianisme héroïque, les déserts se remplirent de ceux qui voulaient poursuivre, avec la même intransigeance que les disciples de Jérusalem et que les martyrs après eux, une vie où le Christ fut tout, où le monde ne fût rien. Alors les déserts entendirent à leur tour ces mêmes psaumes qui n’avaient cessé de résonner dans le silence des prisons et parmi les clameurs de l’amphithéâtre. La prière perpétuelle à laquelle les ermites (moines du désert) désiraient parvenir, c’était la prière des psaumes. Leur exercice spirituel fondamental était une récitation et une méditation ininterrompues du Psautier, avec l’intention que les psaumes imprègnent leurs vies tout entières. Ils cherchaient ainsi à imiter le Christ.
Saint Augustin: « Le chrétien qui chante les psaumes doit les chanter comme la prière du Christ total, chef et membres, Époux et Épouse, deux en une seule chair ».
Que nous apprenions donc à prier avec le Christ et comme Lui.
Publié le 07 avril 2025
Année 2025-Homélie pour le 5ème dimanche de Carême (JA).
La prière de Jésus.
Le Nouveau Testament respire cette conviction: que les psaumes sont par essence la prière du Christ et de son Eglise, c’est-à-dire, notre prière. Les psaumes dans le Nouveau Testament apparaissent comme le livre sacerdotal où le Souverain Prêtre de la nouvelle alliance, Jésus, n’a eu qu’à lire le texte tout préparé pour la liturgie de sa passion et de sa glorification .
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Dimanche dernier le Père José nous a exposé la méditation de saint Ignace de Loyola sur « les deux étendards » qui nous présentait la vie chrétienne comme une guerre (deux armées qui s’affrontent), la plus importante des guerres qui puissent exister sur terre.
Nous commençons aujourd’hui le temps de la Passion, un temps à l’intérieur du Carême, qui nous invite à nous concentrer sur notre Sauveur et sa Passion (son dernier combat). Les croix et les statues voilées (nous sommes comme abandonnés, en exil, nous ne voyons plus la compagnie des saints) peuvent bien nous rappeler ce temps d’angoisse que notre bon Jésus a bien voulu vivre pour nous sauver : « mon âme est triste à en mourir » (Mt 26, 38); « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » (Jn 12, 27-28a).
Notre Seigneur s’apprête à vivre l’épisode décisif de la guerre contre le diable: c’est par la Croix en effet (par sa Passion et sa Résurrection) qu’il obtiendra la victoire définitive.
Dans ce combat qui a duré toute sa vie et qui dure encore dans ses membres, et duquel il est sorti victorieux, notre bon Jésus trouvait son soutien (en tant qu’homme) dans la prière continuelle. Jésus priait et il priait beaucoup, continuellement.
Ainsi l’Evangile nous dit, par exemple, qu’il avait l’habitude de se rendre au mont des oliviers pour prier (Luc 22, 39-41): « Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit: « Priez, pour ne pas entrer en tentation ». Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait… ».
La prière de Jésus était constituée essentiellement par la récitation des psaumes.
La lettre aux Hébreux nous présente, par exemple, le premier instant de son existence humaine en train de prier le psaume 39: « Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre » » (Héb 10,4-7).
Le Nouveau Testament respire cette conviction: que les psaumes sont par essence la prière du Christ et de son Eglise (c’est-à-dire, notre prière). Le cardinal Schuster (théologien et grand connaisseur de la liturgie) a pu justement écrire « que les psaumes dans le Nouveau Testament apparaissent comme le livre sacerdotal où le Souverain Prêtre de la nouvelle alliance, Jésus, n’a eu qu’à lire le texte tout préparé pour la liturgie de sa passion et de sa glorification ».
La façon dont le Christ s’attache à en corriger l’interprétation courante à son endroit, et non moins peut-être la façon dont le diable s’efforce de le tenter en en soulignant certains passages, ne pouvant douter qu’il se les appliquât, enfin le fait que Jésus y a choisi l’expression de sa suprême douleur: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Ps 21), comme de son suprême apaisement: « Entre tes mains, je remets mon esprit.» (Ps 30), tous ces détails montrent assez que les psaumes furent, pendant les jours de sa vie terrestre, sa prière à Lui.
Jésus applique à sa personne les prophéties contenues dans les psaumes; c’est en Lui qu’elles trouvent son plein accomplissement.
Et ce n’est pas vain de noter ici que dans les psaumes il est question d’une lutte perpétuelle contre les ennemis maudits; bataille sans trêve, dont les échos, tantôt retentissants, tantôt en sourdine, ne cessent d’accompagner le déroulement de la prière psalmodique.
L’amour de Dieu auquel le Nouveau Testament nous fait croire (« amour miséricordieux »), demeure inconnu aussi longtemps qu’on n’a pas compris son autre affirmation inséparable que « la victoire de Dieu, c’est notre foi » (1 Jn 5,4). C’est-à-dire que cet amour demeure inconnu, aussi longtemps qu’il n’est pas reconnu comme vainqueur dans un conflit à mort entre la puissance divine et les puissances du malin. De ce conflit, la guerre que chantent les psaumes est le type prophétique, et comme il s’est poursuivi dans la vie du Christ, il doit se poursuivre dans la vie de l’Eglise, son épouse et corps mystique. Ce chant de guerre (que sont les psaumes), comme il fut celui de l’Epoux, doit donc demeurer à jamais celui de l’Epouse et de ses enfants.
Les Psaumes doivent donc accompagner et inspirer notre vie. C’est pour cela que la Liturgie de la Messe en emploie largement. Et c’est pour cela aussi que pendant le Triduum Pascal nous prions (et nous vous y invitons à prier avec nous) l’Office des ténèbres qui consiste essentiellement à chanter (ou réciter) des psaumes qui éclairent les mystères de ces jours sacrés.
A qui veut comprendre ce que peut devenir une prière chrétienne dont les psaumes sont le principal aliment, il suffit de se reporter aux plus anciens écrits témoins de la spiritualité des premiers siècles de l’Eglise. Les psaumes, à l’époque des martyrs, se retrouvent sur les lèvres des disciples mourant pour leur Seigneur, comme ils s’étaient retrouvés sur celles de celui-ci mourant pour eux sur la Croix.
Quand la persécution faiblit puis cessa, quand le danger ne fut plus au dehors, mais au-dedans (refroidissement de la foi), quand ce fut la chrétienté elle-même qui eut besoin de témoins du christianisme héroïque, les déserts se remplirent de ceux qui voulaient poursuivre, avec la même intransigeance que les disciples de Jérusalem et que les martyrs après eux, une vie où le Christ fut tout, où le monde ne fût rien. Alors les déserts entendirent à leur tour ces mêmes psaumes qui n’avaient cessé de résonner dans le silence des prisons et parmi les clameurs de l’amphithéâtre. La prière perpétuelle à laquelle les ermites (moines du désert) désiraient parvenir, c’était la prière des psaumes. Leur exercice spirituel fondamental était une récitation et une méditation ininterrompues du Psautier, avec l’intention que les psaumes imprègnent leurs vies tout entières. Ils cherchaient ainsi à imiter le Christ.
Saint Augustin: « Le chrétien qui chante les psaumes doit les chanter comme la prière du Christ total, chef et membres, Époux et Épouse, deux en une seule chair ».
Que nous apprenions donc à prier avec le Christ et comme Lui.
Publié le 07 avril 2025
Année 2025-Homélie pour le 5ème dimanche de Carême (JA).

La prière de Jésus.
Le Nouveau Testament respire cette conviction: que les psaumes sont par essence la prière du Christ et de son Eglise, c’est-à-dire, notre prière. Les psaumes dans le Nouveau Testament apparaissent comme le livre sacerdotal où le Souverain Prêtre de la nouvelle alliance, Jésus, n’a eu qu’à lire le texte tout préparé pour la liturgie de sa passion et de sa glorification .
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Dimanche dernier le Père José nous a exposé la méditation de saint Ignace de Loyola sur « les deux étendards » qui nous présentait la vie chrétienne comme une guerre (deux armées qui s’affrontent), la plus importante des guerres qui puissent exister sur terre.
Nous commençons aujourd’hui le temps de la Passion, un temps à l’intérieur du Carême, qui nous invite à nous concentrer sur notre Sauveur et sa Passion (son dernier combat). Les croix et les statues voilées (nous sommes comme abandonnés, en exil, nous ne voyons plus la compagnie des saints) peuvent bien nous rappeler ce temps d’angoisse que notre bon Jésus a bien voulu vivre pour nous sauver : « mon âme est triste à en mourir » (Mt 26, 38); « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » (Jn 12, 27-28a).
Notre Seigneur s’apprête à vivre l’épisode décisif de la guerre contre le diable: c’est par la Croix en effet (par sa Passion et sa Résurrection) qu’il obtiendra la victoire définitive.
Dans ce combat qui a duré toute sa vie et qui dure encore dans ses membres, et duquel il est sorti victorieux, notre bon Jésus trouvait son soutien (en tant qu’homme) dans la prière continuelle. Jésus priait et il priait beaucoup, continuellement.
Ainsi l’Evangile nous dit, par exemple, qu’il avait l’habitude de se rendre au mont des oliviers pour prier (Luc 22, 39-41): « Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit: « Priez, pour ne pas entrer en tentation ». Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait… ».
La prière de Jésus était constituée essentiellement par la récitation des psaumes.
La lettre aux Hébreux nous présente, par exemple, le premier instant de son existence humaine en train de prier le psaume 39: « Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre » » (Héb 10,4-7).
Le Nouveau Testament respire cette conviction: que les psaumes sont par essence la prière du Christ et de son Eglise (c’est-à-dire, notre prière). Le cardinal Schuster (théologien et grand connaisseur de la liturgie) a pu justement écrire « que les psaumes dans le Nouveau Testament apparaissent comme le livre sacerdotal où le Souverain Prêtre de la nouvelle alliance, Jésus, n’a eu qu’à lire le texte tout préparé pour la liturgie de sa passion et de sa glorification ».
La façon dont le Christ s’attache à en corriger l’interprétation courante à son endroit, et non moins peut-être la façon dont le diable s’efforce de le tenter en en soulignant certains passages, ne pouvant douter qu’il se les appliquât, enfin le fait que Jésus y a choisi l’expression de sa suprême douleur: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Ps 21), comme de son suprême apaisement: « Entre tes mains, je remets mon esprit.» (Ps 30), tous ces détails montrent assez que les psaumes furent, pendant les jours de sa vie terrestre, sa prière à Lui.
Jésus applique à sa personne les prophéties contenues dans les psaumes; c’est en Lui qu’elles trouvent son plein accomplissement.
Et ce n’est pas vain de noter ici que dans les psaumes il est question d’une lutte perpétuelle contre les ennemis maudits; bataille sans trêve, dont les échos, tantôt retentissants, tantôt en sourdine, ne cessent d’accompagner le déroulement de la prière psalmodique.
L’amour de Dieu auquel le Nouveau Testament nous fait croire (« amour miséricordieux »), demeure inconnu aussi longtemps qu’on n’a pas compris son autre affirmation inséparable que « la victoire de Dieu, c’est notre foi » (1 Jn 5,4). C’est-à-dire que cet amour demeure inconnu, aussi longtemps qu’il n’est pas reconnu comme vainqueur dans un conflit à mort entre la puissance divine et les puissances du malin. De ce conflit, la guerre que chantent les psaumes est le type prophétique, et comme il s’est poursuivi dans la vie du Christ, il doit se poursuivre dans la vie de l’Eglise, son épouse et corps mystique. Ce chant de guerre (que sont les psaumes), comme il fut celui de l’Epoux, doit donc demeurer à jamais celui de l’Epouse et de ses enfants.
Les Psaumes doivent donc accompagner et inspirer notre vie. C’est pour cela que la Liturgie de la Messe en emploie largement. Et c’est pour cela aussi que pendant le Triduum Pascal nous prions (et nous vous y invitons à prier avec nous) l’Office des ténèbres qui consiste essentiellement à chanter (ou réciter) des psaumes qui éclairent les mystères de ces jours sacrés.
A qui veut comprendre ce que peut devenir une prière chrétienne dont les psaumes sont le principal aliment, il suffit de se reporter aux plus anciens écrits témoins de la spiritualité des premiers siècles de l’Eglise. Les psaumes, à l’époque des martyrs, se retrouvent sur les lèvres des disciples mourant pour leur Seigneur, comme ils s’étaient retrouvés sur celles de celui-ci mourant pour eux sur la Croix.
Quand la persécution faiblit puis cessa, quand le danger ne fut plus au dehors, mais au-dedans (refroidissement de la foi), quand ce fut la chrétienté elle-même qui eut besoin de témoins du christianisme héroïque, les déserts se remplirent de ceux qui voulaient poursuivre, avec la même intransigeance que les disciples de Jérusalem et que les martyrs après eux, une vie où le Christ fut tout, où le monde ne fût rien. Alors les déserts entendirent à leur tour ces mêmes psaumes qui n’avaient cessé de résonner dans le silence des prisons et parmi les clameurs de l’amphithéâtre. La prière perpétuelle à laquelle les ermites (moines du désert) désiraient parvenir, c’était la prière des psaumes. Leur exercice spirituel fondamental était une récitation et une méditation ininterrompues du Psautier, avec l’intention que les psaumes imprègnent leurs vies tout entières. Ils cherchaient ainsi à imiter le Christ.
Saint Augustin: « Le chrétien qui chante les psaumes doit les chanter comme la prière du Christ total, chef et membres, Époux et Épouse, deux en une seule chair ».
Que nous apprenions donc à prier avec le Christ et comme Lui.
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Publié le 07 avril 2025