Année 2025-Homélie pour la solennité de saint Pierre et saint Paul, apôtres(JGA).

Saint Pierre et Saint Paul: l’Eglise de la Foi.
Saint Pierre et saint Paul sont toujours fêtés ensemble le 29 juin. Les deux apôtres sont les colonnes, les « pierres vivantes » de l’Eglise catholique, et jamais la Tradition ne les a fêtés l’un sans l’autre. Saint Pierre et Saint Paul sont tous les deux des témoins d’une foi « inébranlable », d’une rencontre forte avec le Christ qui à complètement bouleversé leurs vies. Ils sont inséparables, complémentaires, et pourtant bien différents l’un de l’autre.
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Simon, devenu Pierre; quelle histoire! Un petit patron de pêche de Galilée croise un jour la route d’un rabbi nommé Jésus dont tout le monde commence à parler. Ce rabbi le regarde et lui demande de le suivre et l’histoire incroyable commence! Jésus va aimer saint Pierre et sa générosité jusqu’à, un beau jour lui confier l’Eglise tout entière, par ces mots: Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise! Après l’Ascension de Jésus au Ciel, Pierre deviendra donc le représentant de Jésus sur la terre, avec l’assistance particulière du Saint-Esprit sur son ministère, le premier des 266 papes qui auront la redoutable charge de toute l’Eglise! Et saint Pierre annoncera l’Evangile, aux juifs tout d’abord et sa parole en convertira des milliers. Puis il ira à Antioche, selon la tradition et enfin à Rome où il couronnera sa générosité par le don de sa vie, crucifié la tête en bas pour ne pas égaler son maître, peut-être en l’an 64.
Juif et citoyen romain, Paul de Tarse a persécuté violemment les premiers chrétiens. « Saul, pourquoi me persécutes-tu? », lui a demandé le Seigneur sur le chemin de Damas. Devenu Paul après sa conversion, il s’est mis à la disposition des apôtres et s’est donné au Christ: « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Missionnaire inlassable, Paul a propagé l’Evangile dans les grandes villes d’Asie mineure et de Grèce. Devenu « l’apôtre des païens », il est mort décapité. Cor Pauli, cor Christi: Le cœur de Paul, c’est le Cœur du Christ! Quand saint Jean Chrysostome écrivait cela il pensait surtout au zèle de saint Paul pour le salut des âmes. Plus que tous les apôtres, saint Paul s’est dévoué dans de nombreux voyages missionnaires pour annoncer le Royaume de Dieu. Il raconte lui-même dans l’épitre aux Corinthiens le prix de son amour des âmes: « Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises ! Malheur à moi si je n’évangélise pas », osera-t-il encore écrire! Pour nous qui sommes si lâches pour le service du Seigneur, demandons à Saint Paul un peu de son cœur, pour que l’Eglise redevienne conquérante dans le monde entier!
Ubi Petrus, ibi Ecclesia. C’est ainsi que dit le célèbre adage latin, qui signifie généralement que la communion avec l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique passe par la communion avec Rome: Là où est Pierre, là est l’Eglise. Si on veut rester dans l’Eglise catholique on doit être en communion avec le Pape. Mais il nous faut une compréhension correcte de ce en quoi la communion avec l’Eglise et avec le Pape consiste. Les liens qui nous unissent à l’Eglise sont à la fois invisibles et visibles. Les premiers peuvent être réduits aux dons surnaturels de grâce et aux vertus théologales par lesquels nous avons une union mystique avec le Corps mystique du Christ. Mais l’Eglise est aussi une société visible qui, à son tour, exige des liens visibles qui nous mettent en communion juridique avec Elle.
La tradition théologique a toujours souligné trois principes d’unité qui ne peuvent manquer pour la pleine communion avec l’Eglise : l’unité de foi, l’unité de culte et l’unité de régime. Tout d’abord, il est nécessaire que tout catholique professe la doctrine de la Foi dans son intégralité. L’adhésion à la Parole de Dieu et au Christ lui-même passe par la profession de Foi. Cette doctrine a été conservée et exposée par le Magistère de l’Eglise, le siège de Rome ayant une importance très particulière, car c’est lui qui a le pouvoir suprême de déterminer et de confirmer les vérités appartenant à la Révélation. Ainsi, là où est la Foi de Pierre, qui a reçu le soutien du Seigneur pour ne pas y faillir (cf. Lc 22, 32), il y a la doctrine de l’Eglise. Donc : Ubi Petrus, ibi Ecclesia. La communion à l’Eglise est conservée par l’adhésion à la Foi que l’Eglise a toujours professée, l’adhésion au dépôt de la Révélation, telle qu’elle a été définie par le Magistère de l’Eglise.
Deuxièmement, il est nécessaire que chaque fidèle catholique participe à l’unité de culte. Cela commence par la réception valide du sacrement du baptême, par lequel le nouveau chrétien est incorporé au corps de l’Eglise et est en mesure de rendre un culte vraiment agréable à Dieu. Dans cette nouvelle situation, il a le droit de participer au culte catholique, ce qui implique une union cultuelle avec d’autres catholiques, bien qu’il puisse y avoir différents rites liturgiques – dont le romain -, selon les différentes traditions assumées comme légitimes par l’autorité de l’Eglise au cours du temps. Mais cette diversité ne réside que dans les formes rituelles, puisque c’est toujours la même sainte messe et les mêmes sacrements que tout catholique célèbre et reçoit. En ce sens: Ubi Petrus, ibi Ecclesia. Troisièmement et enfin, il est nécessaire que chaque fidèle catholique garde des liens de communion juridique qui sont les vecteurs de l’ordre et de la charité dans l’Eglise considérée comme société. Cela implique la reconnaissance et la soumission à une juridiction qui, comme dans la société civile, est législative, exécutive et judiciaire. Une telle juridiction n’a d’autre but que d’ordonner la vie chrétienne de telle sorte que les œuvres des fidèles contribuent au bien commun de la société ecclésiastique et à leur propre salut. Le Pontife romain est titulaire de la juridiction suprême dans l’Eglise, son pouvoir étant ordinaire, plein, universel et immédiat pour tout catholique. Le pouvoir du Pape est suprême, mais cela ne veut pas dire absolu. Seulement Dieu est absolu et précisément Dieu, sa Révélation ou la juste raison qu’Il a inscrite dans l’ordre naturel, sont la règle première de l’activité de l’Eglise. L’autorité du Pape alors, qui n’est pas la seule autorité, est subordonnée à cette première règle, étant elle même une seconde règle. Ainsi, les fidèles chrétiens doivent reconnaître le Pape comme pasteur suprême de l’Eglise, sujet de cette plus haute juridiction, pour maintenir la communion avec l’Eglise: Ubi Petrus, ibi Ecclesia ( Cf. Rodrigo Menéndez Piñar, Ubi Petrus ibi Ecclesia.).
Ubi Petrus ibi Ecclesia…. mais quelle Eglise? Je trouve très intéressante la réflexion que le Cardinal Ratzinger donnait en 1971 sur l’Eglise : «Je pense, non, je suis sûr, que le futur de l’Eglise viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas non plus de ceux qui empruntent la voie de la facilité, qui cherchent à échapper à la passion de la foi, considérant comme faux ou obsolète, tyrannique ou légaliste, tout ce qui est un peu exigeant, qui blesse, ou qui demande des sacrifices. Formulons cela de manière plus positive: le futur de l’Eglise, encore une fois, sera comme toujours remodelé par des saints, c’est-à-dire par des hommes dont les esprits cherchent à aller au-delà des simples slogans à la mode. Cela signifie que les grands discours de ceux qui prônent une Eglise sans Dieu et sans foi ne sont que des bavardages vides de sens. Nous n’avons que faire d’une Eglise qui célèbre le culte de l’action dans des prières politiques. Tout ceci est complètement superflu. Cette Eglise ne tiendra pas. Ce qui restera, c’est l’Eglise du Christ, l’Eglise qui croit en un Dieu devenu Homme et qui nous promet la vie éternelle. De la crise actuelle émergera l’Eglise de demain, une Eglise qui aura beaucoup perdu. Elle sera de taille réduite et devra quasiment repartir de zéro. Elle ne sera plus à même de remplir tous les édifices construits pendant sa période prospère. Le nombre de fidèles se réduisant, elle perdra nombre de ses privilèges. Contrairement à une période antérieure, l’Eglise sera véritablement perçue comme une société de personnes volontaires, que l’on intègre librement et par choix. Pour moi, il est certain que l’Eglise va devoir affronter des périodes très difficiles. La véritable crise vient à peine de commencer. Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qu’il va rester à la fin: une Eglise, non du culte politique car celle-ci est déjà morte, mais une Eglise de la foi» (Interview du 25 décembre 1969 sur la radio Hessische Rundfunk. Texte complet dans: Joseph Ratzinger, Foi et Avenir, Mame 1971, pages 111 à 130.)
L’histoire de l’Eglise confirme cette vision du Cardinal Ratzinger. L’Eglise des premiers siècles était l’Eglise des martyrs. Presque tous les papes des trois premiers siècles ont été martyrs. Des 31 évêques de Rome jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin (312-337), 25 papes sont martyrs . Quiconque acceptait d’être le successeur de Pierre et vicaire du Christ sur la terre savait déjà qu’il risquait d’être assassiné très vite. Par conséquent, tous étaient des martyrs, au moins spirituellement. Et tous étaient des saints.
Des données précédentes, qui sont vraies, nous pouvons en tirer trois conséquences fondamentales:
L’Eglise, au cours de ses trois premiers siècles, n’a aucune viabilité historique en tant que société religieuse. Elle est composée d’innombrables communautés présentes partout dans l’Empire, mais elle est fréquemment décimée par les persécutions. Son président suprême, l’évêque de Rome, meurt presque toujours assassiné. Ce qui est également très fréquent chez les autres évêques et membres principaux des Eglises.
Le peuple chrétien n’est pas scandalisé ni découragé par cette terrible réalité. Il n’y a pas de plaintes ni de lamentations pessimistes dans les premiers écrits chrétiens. Au contraire, les “Actes des martyrs” nous offrent le témoignage de leur victoire, surprenants par leur espoir et leur joie. Tout le monde voit comme “le plus normal” les persécutions terribles et apparemment sans fin, car tout le monde sait très bien, qu’elles ont été clairement annoncées par Jésus-Christ, le premier martyr.
A cette époque, l’Eglise grandit et se répand de plus en plus dans tout l’Empire, confirmant ainsi la parole du Christ: « Amen, amen, je vous dis : si le grain de blé tombée dans la terre ne meurt, il demeure seule. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). En 197, Tertullien écrivait: « Le sang des martyrs est la semence des chrétiens »(sanguis martyrum semen christianorum: Apologeticum 50,13). En même temps, il est écrit dans une lettre d’auteur anonyme au païen Diognète: « Ne vois-tu pas que l’on jette les chrétiens aux bêtes féroces? On voudrait en faire des apostats; vois s’ils se laissent vaincre! Plus on fait de martyrs, plus on fait de chrétiens. Cette force ne vient pas de l’homme; le doigt de Dieu est là ».
Que Saint Pierre et Saint Paul intercèdent pour nous !
Ainsi soit-il.
Publié le 30 juin 2025
Année 2025-Homélie pour la solennité de saint Pierre et saint Paul, apôtres(JGA).
Saint Pierre et Saint Paul: l’Eglise de la Foi.
Saint Pierre et saint Paul sont toujours fêtés ensemble le 29 juin. Les deux apôtres sont les colonnes, les « pierres vivantes » de l’Eglise catholique, et jamais la Tradition ne les a fêtés l’un sans l’autre. Saint Pierre et Saint Paul sont tous les deux des témoins d’une foi « inébranlable », d’une rencontre forte avec le Christ qui à complètement bouleversé leurs vies. Ils sont inséparables, complémentaires, et pourtant bien différents l’un de l’autre.
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Simon, devenu Pierre; quelle histoire! Un petit patron de pêche de Galilée croise un jour la route d’un rabbi nommé Jésus dont tout le monde commence à parler. Ce rabbi le regarde et lui demande de le suivre et l’histoire incroyable commence! Jésus va aimer saint Pierre et sa générosité jusqu’à, un beau jour lui confier l’Eglise tout entière, par ces mots: Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise! Après l’Ascension de Jésus au Ciel, Pierre deviendra donc le représentant de Jésus sur la terre, avec l’assistance particulière du Saint-Esprit sur son ministère, le premier des 266 papes qui auront la redoutable charge de toute l’Eglise! Et saint Pierre annoncera l’Evangile, aux juifs tout d’abord et sa parole en convertira des milliers. Puis il ira à Antioche, selon la tradition et enfin à Rome où il couronnera sa générosité par le don de sa vie, crucifié la tête en bas pour ne pas égaler son maître, peut-être en l’an 64.
Juif et citoyen romain, Paul de Tarse a persécuté violemment les premiers chrétiens. « Saul, pourquoi me persécutes-tu? », lui a demandé le Seigneur sur le chemin de Damas. Devenu Paul après sa conversion, il s’est mis à la disposition des apôtres et s’est donné au Christ: « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Missionnaire inlassable, Paul a propagé l’Evangile dans les grandes villes d’Asie mineure et de Grèce. Devenu « l’apôtre des païens », il est mort décapité. Cor Pauli, cor Christi: Le cœur de Paul, c’est le Cœur du Christ! Quand saint Jean Chrysostome écrivait cela il pensait surtout au zèle de saint Paul pour le salut des âmes. Plus que tous les apôtres, saint Paul s’est dévoué dans de nombreux voyages missionnaires pour annoncer le Royaume de Dieu. Il raconte lui-même dans l’épitre aux Corinthiens le prix de son amour des âmes: « Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises ! Malheur à moi si je n’évangélise pas », osera-t-il encore écrire! Pour nous qui sommes si lâches pour le service du Seigneur, demandons à Saint Paul un peu de son cœur, pour que l’Eglise redevienne conquérante dans le monde entier!
Ubi Petrus, ibi Ecclesia. C’est ainsi que dit le célèbre adage latin, qui signifie généralement que la communion avec l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique passe par la communion avec Rome: Là où est Pierre, là est l’Eglise. Si on veut rester dans l’Eglise catholique on doit être en communion avec le Pape. Mais il nous faut une compréhension correcte de ce en quoi la communion avec l’Eglise et avec le Pape consiste. Les liens qui nous unissent à l’Eglise sont à la fois invisibles et visibles. Les premiers peuvent être réduits aux dons surnaturels de grâce et aux vertus théologales par lesquels nous avons une union mystique avec le Corps mystique du Christ. Mais l’Eglise est aussi une société visible qui, à son tour, exige des liens visibles qui nous mettent en communion juridique avec Elle.
La tradition théologique a toujours souligné trois principes d’unité qui ne peuvent manquer pour la pleine communion avec l’Eglise : l’unité de foi, l’unité de culte et l’unité de régime. Tout d’abord, il est nécessaire que tout catholique professe la doctrine de la Foi dans son intégralité. L’adhésion à la Parole de Dieu et au Christ lui-même passe par la profession de Foi. Cette doctrine a été conservée et exposée par le Magistère de l’Eglise, le siège de Rome ayant une importance très particulière, car c’est lui qui a le pouvoir suprême de déterminer et de confirmer les vérités appartenant à la Révélation. Ainsi, là où est la Foi de Pierre, qui a reçu le soutien du Seigneur pour ne pas y faillir (cf. Lc 22, 32), il y a la doctrine de l’Eglise. Donc : Ubi Petrus, ibi Ecclesia. La communion à l’Eglise est conservée par l’adhésion à la Foi que l’Eglise a toujours professée, l’adhésion au dépôt de la Révélation, telle qu’elle a été définie par le Magistère de l’Eglise.
Deuxièmement, il est nécessaire que chaque fidèle catholique participe à l’unité de culte. Cela commence par la réception valide du sacrement du baptême, par lequel le nouveau chrétien est incorporé au corps de l’Eglise et est en mesure de rendre un culte vraiment agréable à Dieu. Dans cette nouvelle situation, il a le droit de participer au culte catholique, ce qui implique une union cultuelle avec d’autres catholiques, bien qu’il puisse y avoir différents rites liturgiques – dont le romain -, selon les différentes traditions assumées comme légitimes par l’autorité de l’Eglise au cours du temps. Mais cette diversité ne réside que dans les formes rituelles, puisque c’est toujours la même sainte messe et les mêmes sacrements que tout catholique célèbre et reçoit. En ce sens: Ubi Petrus, ibi Ecclesia. Troisièmement et enfin, il est nécessaire que chaque fidèle catholique garde des liens de communion juridique qui sont les vecteurs de l’ordre et de la charité dans l’Eglise considérée comme société. Cela implique la reconnaissance et la soumission à une juridiction qui, comme dans la société civile, est législative, exécutive et judiciaire. Une telle juridiction n’a d’autre but que d’ordonner la vie chrétienne de telle sorte que les œuvres des fidèles contribuent au bien commun de la société ecclésiastique et à leur propre salut. Le Pontife romain est titulaire de la juridiction suprême dans l’Eglise, son pouvoir étant ordinaire, plein, universel et immédiat pour tout catholique. Le pouvoir du Pape est suprême, mais cela ne veut pas dire absolu. Seulement Dieu est absolu et précisément Dieu, sa Révélation ou la juste raison qu’Il a inscrite dans l’ordre naturel, sont la règle première de l’activité de l’Eglise. L’autorité du Pape alors, qui n’est pas la seule autorité, est subordonnée à cette première règle, étant elle même une seconde règle. Ainsi, les fidèles chrétiens doivent reconnaître le Pape comme pasteur suprême de l’Eglise, sujet de cette plus haute juridiction, pour maintenir la communion avec l’Eglise: Ubi Petrus, ibi Ecclesia ( Cf. Rodrigo Menéndez Piñar, Ubi Petrus ibi Ecclesia.).
Ubi Petrus ibi Ecclesia…. mais quelle Eglise? Je trouve très intéressante la réflexion que le Cardinal Ratzinger donnait en 1971 sur l’Eglise : «Je pense, non, je suis sûr, que le futur de l’Eglise viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas non plus de ceux qui empruntent la voie de la facilité, qui cherchent à échapper à la passion de la foi, considérant comme faux ou obsolète, tyrannique ou légaliste, tout ce qui est un peu exigeant, qui blesse, ou qui demande des sacrifices. Formulons cela de manière plus positive: le futur de l’Eglise, encore une fois, sera comme toujours remodelé par des saints, c’est-à-dire par des hommes dont les esprits cherchent à aller au-delà des simples slogans à la mode. Cela signifie que les grands discours de ceux qui prônent une Eglise sans Dieu et sans foi ne sont que des bavardages vides de sens. Nous n’avons que faire d’une Eglise qui célèbre le culte de l’action dans des prières politiques. Tout ceci est complètement superflu. Cette Eglise ne tiendra pas. Ce qui restera, c’est l’Eglise du Christ, l’Eglise qui croit en un Dieu devenu Homme et qui nous promet la vie éternelle. De la crise actuelle émergera l’Eglise de demain, une Eglise qui aura beaucoup perdu. Elle sera de taille réduite et devra quasiment repartir de zéro. Elle ne sera plus à même de remplir tous les édifices construits pendant sa période prospère. Le nombre de fidèles se réduisant, elle perdra nombre de ses privilèges. Contrairement à une période antérieure, l’Eglise sera véritablement perçue comme une société de personnes volontaires, que l’on intègre librement et par choix. Pour moi, il est certain que l’Eglise va devoir affronter des périodes très difficiles. La véritable crise vient à peine de commencer. Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qu’il va rester à la fin: une Eglise, non du culte politique car celle-ci est déjà morte, mais une Eglise de la foi» (Interview du 25 décembre 1969 sur la radio Hessische Rundfunk. Texte complet dans: Joseph Ratzinger, Foi et Avenir, Mame 1971, pages 111 à 130.)
L’histoire de l’Eglise confirme cette vision du Cardinal Ratzinger. L’Eglise des premiers siècles était l’Eglise des martyrs. Presque tous les papes des trois premiers siècles ont été martyrs. Des 31 évêques de Rome jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin (312-337), 25 papes sont martyrs . Quiconque acceptait d’être le successeur de Pierre et vicaire du Christ sur la terre savait déjà qu’il risquait d’être assassiné très vite. Par conséquent, tous étaient des martyrs, au moins spirituellement. Et tous étaient des saints.
Des données précédentes, qui sont vraies, nous pouvons en tirer trois conséquences fondamentales:
L’Eglise, au cours de ses trois premiers siècles, n’a aucune viabilité historique en tant que société religieuse. Elle est composée d’innombrables communautés présentes partout dans l’Empire, mais elle est fréquemment décimée par les persécutions. Son président suprême, l’évêque de Rome, meurt presque toujours assassiné. Ce qui est également très fréquent chez les autres évêques et membres principaux des Eglises.
Le peuple chrétien n’est pas scandalisé ni découragé par cette terrible réalité. Il n’y a pas de plaintes ni de lamentations pessimistes dans les premiers écrits chrétiens. Au contraire, les “Actes des martyrs” nous offrent le témoignage de leur victoire, surprenants par leur espoir et leur joie. Tout le monde voit comme “le plus normal” les persécutions terribles et apparemment sans fin, car tout le monde sait très bien, qu’elles ont été clairement annoncées par Jésus-Christ, le premier martyr.
A cette époque, l’Eglise grandit et se répand de plus en plus dans tout l’Empire, confirmant ainsi la parole du Christ: « Amen, amen, je vous dis : si le grain de blé tombée dans la terre ne meurt, il demeure seule. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). En 197, Tertullien écrivait: « Le sang des martyrs est la semence des chrétiens »(sanguis martyrum semen christianorum: Apologeticum 50,13). En même temps, il est écrit dans une lettre d’auteur anonyme au païen Diognète: « Ne vois-tu pas que l’on jette les chrétiens aux bêtes féroces? On voudrait en faire des apostats; vois s’ils se laissent vaincre! Plus on fait de martyrs, plus on fait de chrétiens. Cette force ne vient pas de l’homme; le doigt de Dieu est là ».
Que Saint Pierre et Saint Paul intercèdent pour nous !
Ainsi soit-il.
Publié le 30 juin 2025
Année 2025-Homélie pour la solennité de saint Pierre et saint Paul, apôtres(JGA).

Saint Pierre et Saint Paul: l’Eglise de la Foi.
Saint Pierre et saint Paul sont toujours fêtés ensemble le 29 juin. Les deux apôtres sont les colonnes, les « pierres vivantes » de l’Eglise catholique, et jamais la Tradition ne les a fêtés l’un sans l’autre. Saint Pierre et Saint Paul sont tous les deux des témoins d’une foi « inébranlable », d’une rencontre forte avec le Christ qui à complètement bouleversé leurs vies. Ils sont inséparables, complémentaires, et pourtant bien différents l’un de l’autre.
______________________________________________________
Simon, devenu Pierre; quelle histoire! Un petit patron de pêche de Galilée croise un jour la route d’un rabbi nommé Jésus dont tout le monde commence à parler. Ce rabbi le regarde et lui demande de le suivre et l’histoire incroyable commence! Jésus va aimer saint Pierre et sa générosité jusqu’à, un beau jour lui confier l’Eglise tout entière, par ces mots: Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise! Après l’Ascension de Jésus au Ciel, Pierre deviendra donc le représentant de Jésus sur la terre, avec l’assistance particulière du Saint-Esprit sur son ministère, le premier des 266 papes qui auront la redoutable charge de toute l’Eglise! Et saint Pierre annoncera l’Evangile, aux juifs tout d’abord et sa parole en convertira des milliers. Puis il ira à Antioche, selon la tradition et enfin à Rome où il couronnera sa générosité par le don de sa vie, crucifié la tête en bas pour ne pas égaler son maître, peut-être en l’an 64.
Juif et citoyen romain, Paul de Tarse a persécuté violemment les premiers chrétiens. « Saul, pourquoi me persécutes-tu? », lui a demandé le Seigneur sur le chemin de Damas. Devenu Paul après sa conversion, il s’est mis à la disposition des apôtres et s’est donné au Christ: « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Missionnaire inlassable, Paul a propagé l’Evangile dans les grandes villes d’Asie mineure et de Grèce. Devenu « l’apôtre des païens », il est mort décapité. Cor Pauli, cor Christi: Le cœur de Paul, c’est le Cœur du Christ! Quand saint Jean Chrysostome écrivait cela il pensait surtout au zèle de saint Paul pour le salut des âmes. Plus que tous les apôtres, saint Paul s’est dévoué dans de nombreux voyages missionnaires pour annoncer le Royaume de Dieu. Il raconte lui-même dans l’épitre aux Corinthiens le prix de son amour des âmes: « Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises ! Malheur à moi si je n’évangélise pas », osera-t-il encore écrire! Pour nous qui sommes si lâches pour le service du Seigneur, demandons à Saint Paul un peu de son cœur, pour que l’Eglise redevienne conquérante dans le monde entier!
Ubi Petrus, ibi Ecclesia. C’est ainsi que dit le célèbre adage latin, qui signifie généralement que la communion avec l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique passe par la communion avec Rome: Là où est Pierre, là est l’Eglise. Si on veut rester dans l’Eglise catholique on doit être en communion avec le Pape. Mais il nous faut une compréhension correcte de ce en quoi la communion avec l’Eglise et avec le Pape consiste. Les liens qui nous unissent à l’Eglise sont à la fois invisibles et visibles. Les premiers peuvent être réduits aux dons surnaturels de grâce et aux vertus théologales par lesquels nous avons une union mystique avec le Corps mystique du Christ. Mais l’Eglise est aussi une société visible qui, à son tour, exige des liens visibles qui nous mettent en communion juridique avec Elle.
La tradition théologique a toujours souligné trois principes d’unité qui ne peuvent manquer pour la pleine communion avec l’Eglise : l’unité de foi, l’unité de culte et l’unité de régime. Tout d’abord, il est nécessaire que tout catholique professe la doctrine de la Foi dans son intégralité. L’adhésion à la Parole de Dieu et au Christ lui-même passe par la profession de Foi. Cette doctrine a été conservée et exposée par le Magistère de l’Eglise, le siège de Rome ayant une importance très particulière, car c’est lui qui a le pouvoir suprême de déterminer et de confirmer les vérités appartenant à la Révélation. Ainsi, là où est la Foi de Pierre, qui a reçu le soutien du Seigneur pour ne pas y faillir (cf. Lc 22, 32), il y a la doctrine de l’Eglise. Donc : Ubi Petrus, ibi Ecclesia. La communion à l’Eglise est conservée par l’adhésion à la Foi que l’Eglise a toujours professée, l’adhésion au dépôt de la Révélation, telle qu’elle a été définie par le Magistère de l’Eglise.
Deuxièmement, il est nécessaire que chaque fidèle catholique participe à l’unité de culte. Cela commence par la réception valide du sacrement du baptême, par lequel le nouveau chrétien est incorporé au corps de l’Eglise et est en mesure de rendre un culte vraiment agréable à Dieu. Dans cette nouvelle situation, il a le droit de participer au culte catholique, ce qui implique une union cultuelle avec d’autres catholiques, bien qu’il puisse y avoir différents rites liturgiques – dont le romain -, selon les différentes traditions assumées comme légitimes par l’autorité de l’Eglise au cours du temps. Mais cette diversité ne réside que dans les formes rituelles, puisque c’est toujours la même sainte messe et les mêmes sacrements que tout catholique célèbre et reçoit. En ce sens: Ubi Petrus, ibi Ecclesia. Troisièmement et enfin, il est nécessaire que chaque fidèle catholique garde des liens de communion juridique qui sont les vecteurs de l’ordre et de la charité dans l’Eglise considérée comme société. Cela implique la reconnaissance et la soumission à une juridiction qui, comme dans la société civile, est législative, exécutive et judiciaire. Une telle juridiction n’a d’autre but que d’ordonner la vie chrétienne de telle sorte que les œuvres des fidèles contribuent au bien commun de la société ecclésiastique et à leur propre salut. Le Pontife romain est titulaire de la juridiction suprême dans l’Eglise, son pouvoir étant ordinaire, plein, universel et immédiat pour tout catholique. Le pouvoir du Pape est suprême, mais cela ne veut pas dire absolu. Seulement Dieu est absolu et précisément Dieu, sa Révélation ou la juste raison qu’Il a inscrite dans l’ordre naturel, sont la règle première de l’activité de l’Eglise. L’autorité du Pape alors, qui n’est pas la seule autorité, est subordonnée à cette première règle, étant elle même une seconde règle. Ainsi, les fidèles chrétiens doivent reconnaître le Pape comme pasteur suprême de l’Eglise, sujet de cette plus haute juridiction, pour maintenir la communion avec l’Eglise: Ubi Petrus, ibi Ecclesia ( Cf. Rodrigo Menéndez Piñar, Ubi Petrus ibi Ecclesia.).
Ubi Petrus ibi Ecclesia…. mais quelle Eglise? Je trouve très intéressante la réflexion que le Cardinal Ratzinger donnait en 1971 sur l’Eglise : «Je pense, non, je suis sûr, que le futur de l’Eglise viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas non plus de ceux qui empruntent la voie de la facilité, qui cherchent à échapper à la passion de la foi, considérant comme faux ou obsolète, tyrannique ou légaliste, tout ce qui est un peu exigeant, qui blesse, ou qui demande des sacrifices. Formulons cela de manière plus positive: le futur de l’Eglise, encore une fois, sera comme toujours remodelé par des saints, c’est-à-dire par des hommes dont les esprits cherchent à aller au-delà des simples slogans à la mode. Cela signifie que les grands discours de ceux qui prônent une Eglise sans Dieu et sans foi ne sont que des bavardages vides de sens. Nous n’avons que faire d’une Eglise qui célèbre le culte de l’action dans des prières politiques. Tout ceci est complètement superflu. Cette Eglise ne tiendra pas. Ce qui restera, c’est l’Eglise du Christ, l’Eglise qui croit en un Dieu devenu Homme et qui nous promet la vie éternelle. De la crise actuelle émergera l’Eglise de demain, une Eglise qui aura beaucoup perdu. Elle sera de taille réduite et devra quasiment repartir de zéro. Elle ne sera plus à même de remplir tous les édifices construits pendant sa période prospère. Le nombre de fidèles se réduisant, elle perdra nombre de ses privilèges. Contrairement à une période antérieure, l’Eglise sera véritablement perçue comme une société de personnes volontaires, que l’on intègre librement et par choix. Pour moi, il est certain que l’Eglise va devoir affronter des périodes très difficiles. La véritable crise vient à peine de commencer. Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qu’il va rester à la fin: une Eglise, non du culte politique car celle-ci est déjà morte, mais une Eglise de la foi» (Interview du 25 décembre 1969 sur la radio Hessische Rundfunk. Texte complet dans: Joseph Ratzinger, Foi et Avenir, Mame 1971, pages 111 à 130.)
L’histoire de l’Eglise confirme cette vision du Cardinal Ratzinger. L’Eglise des premiers siècles était l’Eglise des martyrs. Presque tous les papes des trois premiers siècles ont été martyrs. Des 31 évêques de Rome jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin (312-337), 25 papes sont martyrs . Quiconque acceptait d’être le successeur de Pierre et vicaire du Christ sur la terre savait déjà qu’il risquait d’être assassiné très vite. Par conséquent, tous étaient des martyrs, au moins spirituellement. Et tous étaient des saints.
Des données précédentes, qui sont vraies, nous pouvons en tirer trois conséquences fondamentales:
L’Eglise, au cours de ses trois premiers siècles, n’a aucune viabilité historique en tant que société religieuse. Elle est composée d’innombrables communautés présentes partout dans l’Empire, mais elle est fréquemment décimée par les persécutions. Son président suprême, l’évêque de Rome, meurt presque toujours assassiné. Ce qui est également très fréquent chez les autres évêques et membres principaux des Eglises.
Le peuple chrétien n’est pas scandalisé ni découragé par cette terrible réalité. Il n’y a pas de plaintes ni de lamentations pessimistes dans les premiers écrits chrétiens. Au contraire, les “Actes des martyrs” nous offrent le témoignage de leur victoire, surprenants par leur espoir et leur joie. Tout le monde voit comme “le plus normal” les persécutions terribles et apparemment sans fin, car tout le monde sait très bien, qu’elles ont été clairement annoncées par Jésus-Christ, le premier martyr.
A cette époque, l’Eglise grandit et se répand de plus en plus dans tout l’Empire, confirmant ainsi la parole du Christ: « Amen, amen, je vous dis : si le grain de blé tombée dans la terre ne meurt, il demeure seule. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). En 197, Tertullien écrivait: « Le sang des martyrs est la semence des chrétiens »(sanguis martyrum semen christianorum: Apologeticum 50,13). En même temps, il est écrit dans une lettre d’auteur anonyme au païen Diognète: « Ne vois-tu pas que l’on jette les chrétiens aux bêtes féroces? On voudrait en faire des apostats; vois s’ils se laissent vaincre! Plus on fait de martyrs, plus on fait de chrétiens. Cette force ne vient pas de l’homme; le doigt de Dieu est là ».
Que Saint Pierre et Saint Paul intercèdent pour nous !
Ainsi soit-il.
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Publié le 30 juin 2025