Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de la dédicace de la première église de la chrétienté romaine, la basilique du Latran, qui est considérée comme « la mère et le chef de toutes les églises » (comme le dit l’inscription du portail). C’est elle qui est la propre cathédrale du pape (et non pas l’église Saint Pierre). Elle est consacrée au Très Saint Rédempteur; elle le fut aussi plus tard à saint Jean Baptiste ; c’est l’antique église baptistère de Rome. Cette église fut érigée par l’empereur Constantin dans son palais du Latran.

C’est donc le thème du « temple » qui est proposé en ce jour à notre réflexion. Le temple, réalité la plus sacrée, la plus importante du peuple de Dieu; comme chante l’introït: « ce lieu est redoutable : c’est la maison de Dieu et la porte du ciel ; on l’appellera le palais de Dieu ». Ou encore la préface: « véritable maison de la prière…, le temple où réside votre gloire, le siège de l’inaltérable vérité, le sanctuaire de l’éternelle charité. C’est elle l’arche qui nous sauve du déluge où s’engloutit le monde, pour nous conduire au port du salut ».

En premier lieu, le temple signifie le bâtiment, la construction en pierre. Il est un signe visible de notre foi en Dieu. La foi qui est intérieure doit se manifester extérieurement. C’est cela que l’existence d’un bâtiment sacré nous rappelle. Il est un témoignage au milieu de ce monde sécularisé, qui oublie Dieu, et qui en certains cas le haïe. C’est pour cela que les ennemis de l’Eglise les incendient, les brulent! Le temple consacré n’est pas une maison quelconque. Il est la demeure de Dieu, le lieu de la prière et du sacrifice: le sacrifice par excellence, le sacrifice de Jésus, qui nous obtient le salut. Pour tout cela il faut que le temple soit beau. Il doit nous faire penser au Ciel. La beauté des églises de pierre veut honorer Dieu, le créateur de toute beauté, mais elle est aussi un don fait aux fidèles, spécialement aux plus pauvres qui n’ont pas de belles demeures ici-bas.
Le bâtiment sacré nous rappelle aussi que Dieu Lui-même s’est fait homme et qu’Il a voulu habiter et demeurer parmi nous, restant caché mais vivant dans l’Eucharistie. Il est notre ami, Il nous attend toujours là.

En deuxième lieu, le temple signifie aussi l’âme: c’est le temple intérieur, la demeure où Dieu habite par la grâce. De cette manière chacun de nous est un temple où Dieu veut demeurer. Il n’y a rien de plus digne ni de plus désirable pour l’homme que d’être le temple de Dieu.
Dans l’Evangile Jésus nous montre son ardent désir pour que le temple (en ces deux sens que nous venons d’exprimer) soit respecté, en nous avertissant: « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce ».

Saint Césaire d’Arles, à l’occasion de la dédicace d’une église développe ce thème magnifiquement :
« C’est nous qui devons être le temple de Dieu, son temple véritable et vivant. Les peuples chrétiens ont bien raison de célébrer avec foi cette solennité de la Mère Eglise, car ils savent qu’ils sont reliés spirituellement par elle. Si, par notre première naissance, nous étions pour Dieu des objets de colère, par la seconde naissance (c’est-à-dire par le baptême), nous sommes devenus les objets de sa miséricorde. La première naissance nous a engendrés à la mort, la seconde nous a rappelés à la vie».
Tous, frères très chers, avant le baptême, nous avons été des temples du diable; après le baptême, nous sommes devenus des temples de Dieu; et si nous réfléchissons attentivement au salut de notre âme, nous savons que nous sommes le temple véritable et vivant de Dieu. Dieu n’habite pas seulement dans des temples faits de la main de l’homme, ni dans une demeure de bois et de pierres, mais principalement dans l’âme créée à l’image de Dieu, par la main du Créateur lui-même. C’est ainsi que saint Paul a dit : Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous .
Et puisque le Christ est venu pour chasser le démon de nos cœurs, afin de se préparer un temple en nous, travaillons autant que nous le pouvons, avec son aide, à ce qu’il ne subisse pas en nous d’outrage, à cause de nos mauvaises actions. Car celui qui agit mal outrage le Christ. Comme je l’ai dit, avant que le Christ nous eût rachetés, nous étions la demeure du démon ; ensuite nous sommes devenus la demeure de Dieu : Dieu a daigné faire de nous sa demeure. Par conséquent, si nous voulons célébrer dans la joie l’anniversaire d’une église, nous ne devons pas détruire en nous, par de mauvaises actions, les temples vivants de Dieu. Et je dis cela pour que tous puissent comprendre : chaque fois que nous venons à l’église, nous devons préparer nos âmes pour qu’elles soient telles que nous voulons trouver cette église.
Tu veux trouver une église brillante? Ne souille pas ton âme par la saleté des péchés. Si tu veux que l’église soit éclairée, et Dieu aussi le veut, que la lumière des bonnes œuvres brille en nous, et celui qui est aux cieux sera glorifié. De même que tu entres dans cette église, c’est ainsi que Dieu veut entrer dans ton âme, comme lui-même l’a dit: J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux. »

C’est dans ce cadre que notre vie trouve un sens. Approchons nous donc de Jésus Christ. Accueillons le dans notre âme. Lui seul peut nous rendre heureux, non pas seulement en cette vie mais aussi pour toute l’éternité. Comme cela est arrivé dans l’histoire de Zachée, notre bon Jésus en rentrant chez lui, lui dit : « Le salut est arrivé aujourd’hui pour cette maison ».

Et que la Vierge Marie intercède pour nous en ce jour, afin que nous gardions le temple de notre âme, aussi bien que le temple dans lequel nous nous réunissons, pur et plein de charité pour que Jésus y demeure à jamais.