Aller au contenu

Année 2024- Homélie pour l’Epiphanie du Seigneur (JGA).

 

Epiphanie.

 

 

Les mages ont offert cela au Seigneur. De l’or pour Jésus Roi, de l’encens pour Jésus Dieu, de la myrrhe pour Jésus Sauveur.

 

 


L’Eglise fête le 6 janvier l’Epiphanie de Notre-Seigneur.
«L’Epiphanie est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde. Elle célèbre l’adoration de Jésus par des “ mages ” venus d’Orient (Mt 2, 1). Dans ces “ mages ”, représentants des religions païennes environnantes, l’Evangile voit les prémices des nations qui accueillent la Bonne Nouvelle du salut par l’Incarnation. La venue des mages à Jérusalem pour “rendre hommage au roi des Juifs” (Mt 2, 2) montre qu’ils cherchent en Israël, à la lumière messianique de l’étoile de David (cf. Nb 24, 17 ; Ap 22, 16), celui qui sera le roi des nations (cf. Nb 24, 17-19). L’Epiphanie manifeste que “ la plénitude des païens entre dans la famille des patriarches ”»(Saint Léon le Grand, sermons. 33, 3.)

Des rois mages, le Pape Benoit XVI disait qu’ils étaient « des hommes au cœur inquiet. Des hommes en attente qui ne se contentaient pas de leur revenu assuré et de leur position sociale. Ils étaient des chercheurs de Dieu». ( Homélie du 6 janvier 2013). Le grand peintre Van Gogh écrivait à son frère Théo (9 mai 1889) : « Le besoin de Dieu me pousse à sortir de nuit pour peindre les étoiles ».
Ce désir de Dieu, cette recherche de la vérité est l’antidote à l’esprit de consommation, à la routine et la tiédeur de la foi, à la peur. Une salutaire gymnastique de l’âme!
Du côté des choses de la terre, rien ne leur manque; nécessaire, convenable, superflu. Mais ils ne sont pas comblés pour autant. Et pour ce premier, cet unique nécessaire, cette quête prioritaire de Dieu, ils laissent leur confort et leur superflu, se contentant de l’ordinaire du pèlerin, du nomade.
«Les Rois Mages ne peuvent se réjouir de la beauté de la ville de Jérusalem, ni de la magnificence de la cour d’Hérode, ni de la clarté de l’étoile; leurs cœurs cherchaient la petite grotte et le petit Enfant de Bethléem » (Saint François de Sales).

C’est un très long périple que celui des mages, plusieurs centaines de kilomètres entre l’Irak, ancienne Chaldée, et le sud ouest de la Palestine, un grand et long voyage extérieur, mais surtout un grand et beau voyage intérieur.
Que cherchaient-ils? Et qu’ont-ils trouvé? Que savaient-ils? Qu’ont-ils appris? Ils sont allés vers la royauté de Dieu lui-même. Cela reste la signification de notre chemin: servir la royauté de Dieu dans le monde.

Ils avaient les pieds sur terre. Ils savaient que, pour changer le monde, il faut disposer du pouvoir. C’est pourquoi ils cherchent d’abord l’enfant de la promesse dans le palais du Roi.
Ensuite, ils se prosternent devant un enfant de pauvres gens. Ils apprennent rapidement que, fort de son pouvoir, le Roi Hérode veut, non l’adorer mais le tuer, en sorte qu’il ne restera plus à la famille que la fuite et l’exil.
Le Roi devant lequel ils se prosternent, est très différent de ce qu’ils attendaient. Ainsi, ils apprennent que Dieu est très différent de la façon dont habituellement nous l’imaginons.
Ici commence leur voyage intérieur. Ils se prosternent devant l’enfant et le reconnaissent comme le Roi promis. Mais la joie qu’ils manifestent par leurs gestes va s’intérioriser.
Ils changent leur idée sur le pouvoir, sur Dieu et sur l’homme. Ils changent eux-mêmes; c’est cela, la conversion. La suite logique, patiente, possible de la rencontre avec le Seigneur.

Le pouvoir de Dieu est différent du pouvoir des puissants de ce monde.
Le mode d’agir de Dieu est différent de ce que nous imaginons et de ce que nous voudrions lui imposer.
Dans ce monde, Dieu n’a pas de divisions à opposer à d’autres divisions. Au pouvoir de ce monde, tapageur et pompeux, fou, abusif souvent, Il oppose un pouvoir désarmé; celui de la vérité. Celui de la sagesse de Dieu, folie aux yeux des hommes. Celui d’un amour tout puissant posé sur un bois de crèche puis de croix.
Dieu est tellement différent, c’est cela qu’ils reconnaissent maintenant.
Eux-mêmes repartent différents, ils vont apprendre le style de Dieu. C’est le sens profond de leur retour «par un autre chemin».

Un mot encore sur leurs présents, quel or, quelle myrrhe, quel encens?
Les mages ont offert cela au Seigneur. De l’or pour Jésus Roi, de l’encens pour Jésus Dieu, de la myrrhe pour Jésus Sauveur.
Y a-t-il de l’or, de l’encens, de la myrrhe pour le Seigneur, non seulement dans les bagages des mages, mais dans notre cœur, dans nos actes?
L’or. Métal incorruptible, inoxydable. C’est la charité théologale et de tout ce qu’elle inspire. L’or ne passe pas et brille sur terre, la charité ne passe pas et brille dans l’éternité.
L’encens. Résine odorante, fumée montante, parfum agréable. C’est la prière, l’adoration du seul vrai Dieu. Le culte rendu à Dieu par Jésus Christ, dans et avec l’Eglise catholique. Culte public, culte privé.
La myrrhe. Plante séchée et broyée, dernier hommage répandu sur le corps des défunts. C’est la pénitence, l’esprit de sacrifice et le renoncement. Sans quoi rien n’est fécond. Ne nous inquiétons pas trop de « remplir le chèque » spirituel. La Providence s’en charge, admirablement d’ailleurs.

Pensons à cela, demandons cela au Seigneur.
Quel or, quel encens, quelle myrrhe voulez-vous de moi, Seigneur? Ici, maintenant?

Faire défiler vers le haut