Laetare ?
Le secret de la joie de l’Eglise est le fruit d’un autre secret, celui de son amour. L’Eglise aime son Dieu. Elle a tout reçu de Lui, sa foi, son espérance, son amour. Elle trouve dans son amour pour Dieu le principe de sa joie.
«La Bible nous rapporte que 500 ans avant la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ, le peuple hébreux était retenu captif à Babylone. Là-bas les païens leur demandaient de chanter des cantiques de leur pays. En pleurant, ils répondaient: comment donc pourrions nous chanter les cantiques du Seigneur dans une terre étrangère? Ne ressentons nous pas aujourd’hui la même chose avec ce dimanche de laetare qui voudrait nous pousser à la joie? Comment nous réjouir aujourd’hui avec l’Eglise quand beaucoup souffrent, quand la guerre et tout autre sorte de violence font des victimes au quotidien? Quand aussi on entend parler de malades et de peines? Quand nous constatons chaque jour des graves problèmes dans l’Eglise et dans notre pays?»(Abbé H. Forestier, motspirituel.org).
Comment nous réjouir en ces jours de deuils où les dirigeants de notre pays ont scellé
encore une fois un pacte avec Satan et avec la mort en inscrivant la loi de l’avortement
dans la Constitution? Comment nous réjouir?
«Réjouis-toi, Jérusalem! Laetare, Jérusalem! L’Eglise est en deuil, elle appelle ses enfants à la pénitence et voici qu’au milieu de son carême, une voix retentit d’un bout du monde à l’autre et lui crie: «Réjouis-toi, Jérusalem!» Et l’Eglise, encore qu’elle souffre, encore qu’elle pleure, encore qu’elle fasse pénitence, l’Eglise répond: «Laetatus sum, je me suis réjouie». Et elle chante sa joie, et elle la proclame à la face du monde entier. Quel est donc ce secret de la joie de l’Eglise? Le secret de la joie de l’Eglise est le fruit d’un autre secret, celui de son amour. L’Eglise aime son Dieu. Elle a tout reçu de Lui, sa foi, son espérance, son amour. Elle trouve dans son amour pour Dieu le principe de sa joie. Laetare, Jérusalem! Aimant son Dieu, l’Eglise se réjouit en lui pour deux raisons: la première à cause du bien que Dieu possède en lui-même et que rien ne peut ni le lui ravir, ni le lui diminuer. L’Eglise se réjouit aussi en Dieu parce qu’en l’aimant, elle attire en elle le bien qu’elle aime. «Qui demeure en la charité, dit saint Jean, demeure en Dieu et Dieu en lui». C’est là pour l’Eglise une source nouvelle de joie que rien ne peut lui ôter. «Je suis sûr, disait saint Paul aux Romains, que rien au monde, ni anges, ni hommes, ne nous séparera de la charité de Dieu, en Jésus-Christ Notre-Seigneur». Avec de tels biens, l’Eglise peut se réjouir. Laetare, Jérusalem!» (Père Emmanuel André (curé du Mesnil-Saint-Loup dans l’Aube), Méditations ).
Aujourd’hui, je voudrais également dire un mot sur la regrettable question de l’inscription de la loi de l’avortement dans la Constitution française. Beaucoup de gens se demandent découragés: que devons-nous faire? Existe-t-il une solution à tant de mal?
«Cette inscription a une dimension symbolique indéniable. Cette décision qui fait honte à la France manifeste surtout la gravité de son état spirituel. Comme Péguy et Bernanos l’auraient dit, la France commet » un péché mortel « . Par le vote de ses représentants, le peuple français pose un acte d’apostasie. Inscrire dans sa constitution la liberté de perpétuer ce « crime abominable » (expression de Vatican II reprise dernièrement par le pape François) est en effet une ignominie qui offense Dieu. Mais malgré tout ce que nous venons de dire cette abomination est logique». Avant de se retourner contre les hommes la Constitution franc-maçonnique révolutionnaire française s’était retourné contre Dieu et avait effacé dans son texte presque 2000 ans de foi et de tradition chrétienne. «Puisse alors cet événement être l’occasion d’une
prise de conscience de la nature spirituelle, morale et anthropologique de nos institutions républicaines, et ce depuis leurs origines révolutionnaires, actualisées sous la troisième République. En effet, si comme le prétend la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, » la loi est l’expression de la volonté générale » et si « le principe de toute souveraineté réside dans la nation « , comment s’étonner que de tels principes finissent par engendrer une telle iniquité ? En effet, il serait temps pour les catholiques de réaliser que notre régime politique fondé sur la laïcité maçonnique n’est pas neutre car en matière pratique la neutralité n’existe pas. Les institutions de la modernité politique se sont substituées à celles héritées de la chrétienté. Le refus explicite de reconnaître Dieu comme mesure de la vie sociale et politique engendre inéluctablement une transgression de la loi naturelle et donc de graves attaques contre la dignité humaine. Il est bon de déplorer de telles lois iniques mais il est meilleur encore, pour être cohérent, de remonter à leurs principes.» Non, la loi n’est pas l’expression de la volonté générale. La Loi est l’expression divine que l’homme doit accueillir avec respect et humilité. Non, la souveraineté ne réside pas dans la nation, la souveraineté est une prérogative de Dieu. «Seule la foi chrétienne peut fortifier la raison pour qu’elle discerne le vrai bien humain et la volonté pour
qu’elle l’accomplisse. En effet, la condition historique de l’humanité est, de fait, inscrite dans le péché, seule la grâce divine peut l’en libérer. Sur l’orientation du monde humain, l’alternative est donc la suivante : soit l’homme, laissé à son seul conseil, se croit doté d’une liberté illimitée et alors naissent des structures de péché qui obscurcissent la conscience et obstruent la volonté ; soit l’homme se tourne vers Dieu et reconnaît la royauté sociale du Christ et alors la société animée par la grâce sécrète des mœurs, des institutions et des lois disposant ses membres à poser des actes bons. Tel est ce que l’on nomme un régime de chrétienté; non pas l’advenue du Royaume de Dieu sur terre, non pas une société moralement parfaite mais un ordre social et politique qui tend à recevoir de Dieu ses principes fondamentaux. Bref, seule la grâce divine permet de vivre selon la loi naturelle. Le signe en est que le refus de la grâce engendre inéluctablement la transgression de celle-ci» (Thibaud Collin, jeanne2031.fr/ constitutionnalisation-de-lavortement-laicite-et-royaute-sociale-du-christ/)
Que devons nous faire concrètement ? Nous devons continuer à croire en Dieu, à espérer en Dieu, à aimer Dieu. Nous devons continuer à témoigner. Nous devons être sel, nous devons être lumière. La solution c’est ce temps de Carême qui nous la donne, la solution s’appelle « conversion »: «Convertissez vous et croyez à l’Evangile». Primauté de la Grâce, recherche de la Sainteté. «Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît», dit Notre Bon Jésus (Mt 6, 33). Et dans le domaine de la famille revenir à la Genèse: «une seule chair…multipliez vous et remplissez la terre». Si l’enfant est vu comme un danger, comme un problème et si les deux finalité du mariage (union et procréation) sont séparés l’une de l’autre (et ça même chez nous « les catholiques ») alors la première option est la contraception et la deuxième, en toute logique, l’avortement. Revenir à la loi Divine. Sinon on continuera à participer à ce reality shows, à cette comédie, à cette méprisable tromperie politique on se faisant l’illusion qu’effectivement on réussira un jour à changer quelque chose à travers de cette voie mensongère. Les hommes politiques d’aujourd’hui ne sont que le reflet et le fruit de notre société qui a apostasié le seul Chemin, la seule Vie, la seule Vérité: Jésus Christ. La seule politique digne d’un
chrétien est celle de la Royauté Sociale de Notre Seigneur Jésus Christ. Notre seule Loi éternelle, inamovible et pérenne c’est le Décalogue. Notre seule charte fondamentale c’est l’Evangile.
Nous devons aussi réparer. «N’est ce pas un amour authentique que de réparer ses péchés ? N’est ce pas une bonne manière de préparer son éternité ? N’est ce pas un excellent exemple qui serait donné autour de nous ? N’est ce pas ce que la sainte Vierge demandait aux enfants de Fatima ? Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé? Nous avons en effet cette belle capacité, par l’union qui existe entre nous, de pouvoir porter les fardeaux les uns des autres. On
peut donc réparer pour les autres ! Le saint curé d’Ars était bien connu pour cela. Un jour, un de ses confrères prêtres fut un peu scandalisé d’apprendre qu’un pécheur depuis de longues années était venu se confesser chez le saint curé, mais n’avait reçu qu’une légère pénitence. Il vint en faire le reproche au saint curé d’Ars qui lui répondit, Que voulez vous ? Ils viennent de si loin. Alors j’ai une coutume: je fais le principal de la pénitence, et leur laisse le reste! Et chez le saint curé ces mots n’étaient certainement pas des mots en l’air! Heureux fidèles dont le pasteur veille ainsi sur eux! Les raisons de réparer sont innombrables de nos jours: oubli et mépris de Dieu, égoïsme, sensualité s’affichent partout et de manière revendiquée ! Pensons, au moins, à pleurer les fautes de notre famille proche, et, sans rien dire, à pratiquer ainsi une douce charité» (Abbé H. Forestier, motspirituel.org )
Il y a encore une vérité qui doit nous consoler en ce dimanche de laetare. Notre Bon Jésus nous a révélé (cf. Mt 25) que lui même à la fin du temps fera justice: « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle ».
Croyons en Dieu, espérons en Dieu, aimons Dieu, Laetare, Jérusalem!