Année 2024- Homélie pour le 23ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

le bon pasteur

Le Bon Berger, les bons bergers et les mauvais bergers.

 

La prédication de la vérité sans la charité semble vide de sens; la charité qui cache ou fait taire la prédication de la vérité est ambiguë, confuse et ne conduit pas à une véritable conversion, il ne s’agit pas de charité chrétienne, mais du simple assistanat humain.

 

 


«Je suis le bon berger», dit Jésus. Et il nous a dit aussi qu’à travers l’histoire, il y aurait ceux qui seraient comme lui, c’est-à-dire de bons bergers, mais qu’il y aurait aussi des mercenaires, c’est-à-dire de mauvais bergers. Jésus, bon berger, aime, prend soin, protège, guérit, guide, enseigne, corrige les brebis. Nous le voyons dans l’évangile d’aujourd’hui : il guérit un malade, il enseigne les foules. Les mauvais bergers font le contraire : ils ne se soucient pas des brebis, mais les utilisent plutôt pour leur propre bénéfice.

Cette semaine, l’Eglise a célébré la fête liturgique du pape Saint Pie X, le 3 septembre. Saint Pie X était, comme Jésus, un bon berger. Parlons un peu de sa vie et apprenons à reconnaître les bons et les mauvais bergers.
Le pontificat du pape saint Pie X fut une incroyable bénédiction pour l’Eglise ! Joseph Sarto naquit à Riese, un village de la Vénétie, en 1835, deuxième de dix enfants. Enfant très pieux et brillant intellectuellement, il put entrer au séminaire grâce à une bourse offerte par le patriarche de Venise et l’aide de son curé. Il fut ordonné prêtre huit ans plus tard. Son premier poste fut vicaire à Tombolo où il déploya une charité incroyable auprès de son troupeau. Ensuite, il fut nommé curé de Salzano, on raconte qu’une délégation de paroissiens vint se plaindre à l’évêché qu’on avait nommé un curé bien trop jeune! L’évêque sourit et leur répondit qu’ils verraient bien. Et quand leur curé partit au bout de 9 ans, ce fut un concert de plainte de voir partir celui qui avait tant apporté à la paroisse! Nommé ensuite chanoine à Trévise, directeur spirituel du séminaire, Léon XIII le remarqua et le nomma, malgré ses protestations d’indignité, évêque de Mantoue, et neuf ans plus tard cardinal Patriarche de Venise. En 1903 il fut élu pape et en 11 ans de gouvernement, tout en vivant aussi pauvrement qu’il avait vécu, il apporta un renouvellement profond et un bien considérable dans l’Eglise: renouvellement du catéchisme, du chant grégorien, mise en chantier du droit canonique, appel à la sainteté des prêtres, condamnation du modernisme qui menaçait gravement l’Eglise, institution de la communion fréquente et précoce pour les enfants. Il mourut le 20 août 1914, on pense de douleur, devant la guerre mondiale qui s’ouvrait.

Dans le livre du prophète Ezéchiel (34, 1-11) nous lisons le fameux discours prophétique « contre les bergers », si merveilleusement exposé par saint Augustin.
L’accusation que Dieu lance à travers le prophète Ezéchiel est, fondamentalement, que les mauvais bergers se nourrissent eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils utilisent les brebis pour leur propre bénéfice, pour obtenir des avantages personnels sous l’apparence du service. Ils devraient nourrir les brebis, mais ils se nourrissent eux-mêmes; ils devraient rechercher le bénéfice des brebis, mais ils recherchent leur propre bénéfice. Ainsi, ils exploitent les brebis et s’approprient ce qu’ils possèdent : «… ils se nourrissent du lait, ils se vêtissent de la laine, ils sacrifient les brebis les plus grasses»- expression métaphorique pour dire qu’ils extraient leur énergie tant physiques que psychologiques et leurs richesses, ignorant la vie spirituelle des brebis. Cette déclaration dure est suivie d’une liste précise de non : « Ils n’ont pas fortifié les brebis faibles, ils n’ont pas guéri les malades, ils n’ont pas pansé les blessés, ils n’ont pas ramené la brebis perdue».
Qu’est-ce que cela signifie?
1) Ils n’ont pas fortifié les brebis faibles. Les brebis faibles sont renforcées par l’enseignement doctrinal et en encourageant l’exercice d’actes de vertu.
2) Ils n’ont pas guéri la malade. Les brebis malades sont guéries grâce à la correction fraternelle.
3) Ils n’ont pas pansé les plaies des brebis blessées. Les brebis blessées guérissent par le sacrement de la confession, par le pardon sacramentel.
4) Ils n’ont pas recherché celle qui était perdue. Les brebis perdues sont ramenées au bon chemin par l’appel à la conversion. Les brebis perdues sont recherchées à travers la prédication ouverte et claire de la vérité, à travers la réfutation de toute erreur, par la proclamation explicite, avec des paroles claires sans concessions ni relativisme, avec un discours sans équivoque accompagné par le témoignage de charité (également matériel). La prédication de la vérité sans la charité semble vide de sens; la charité qui cache ou fait taire la prédication de la vérité est ambiguë, confuse et ne conduit pas à une véritable conversion, il ne s’agit pas de charité chrétienne, mais du simple assistanat humain.

Alors que font les mauvais bergers? Ils les maintiennent rigoureusement sous leur contrôle; «ils les dominent avec rigueur et cruauté», pour continuer à profiter d’elles, tout en laissant leurs âmes se contaminer de toutes sortes d’erreurs, ces brebis cessent de facto d’être catholiques: «…elles sont devenus la proie de toutes les bêtes sauvages». Ces bêtes sauvages d’aujourd’hui sont, parmi bien d’autres erreurs, le marxisme, le socialisme, le wokisme ou la culture LGBT, le féminisme, le protestantisme, les sectes pseudo-catholiques infiltrées dans le catholicisme qui le détruisent de l’intérieur, la banalisation de la liturgie, la désacralisation, le syncrétisme religieux, l’acceptation de la validité de toutes les religions et ainsi de suite.
Aujourd’hui comme hier, et certainement bien pire et bien plus grave aujourd’hui qu’hier, les mauvais bergers abondent. Et cela ressort de l’analyse des non : ils ne prêchent pas la vérité, mais plutôt le relativisme; ils ne prêchent pas sur les vertus, mais, au mieux, des « attitudes », de simples exemples de psychologie bon marché mal copiés dans des livres de développement personnel ou sur le web; ils ne corrigent pas ceux qui font le mal, de peur qu’ils les quittent (comme ce prêtre qui disait qu’il ne fallait pas dire aux jeunes que les relations avant le mariage étaient un péché grave parce que sinon ils quitteraient l’Eglise); ils n’administrent pas comme il le faut le sacrement de confession, mais encouragent plutôt le péché en ne suscitant pas le repentir et même en enseignant que certaines actes mauvaises ne sont pas un péché (surtout en matière de pureté); ils n’appellent pas à vraiment se convertir; ils restent dans leur petit monde paroissial, dans leurs petits groupes fermés, sans aller prêcher l’Evangile à leur voisin d’à côté.
Ces erreurs modernes, et bien d’autres, viennent du fait d’avoir désobéi, avec un entêtement manifeste et une malice obstinée, aux directives que saint Pie X avait émises à l’égard du modernisme. En fait, un grand nombre de catholiques considèrent aujourd’hui comme vrai et comme partie active de leur vision du monde tout ce que saint Pie X a condamné à plusieurs reprises, en particulier dans l’encyclique Pascendi, probablement la meilleure encyclique du siècle dernier, dont la condamnation du modernisme est claire, énergique et décisive. Cette désobéissance contumace a provoqué l’infection du néo-modernisme, c’est-à-dire de la même hérésie moderniste revenue avec force, qui sévit aujourd’hui dans de larges secteurs de l’Eglise.

« Ô Dieu, qui pour protéger la foi catholique et instaurer toute chose dans le Christ, avez rempli le Souverain Pontife saint Pie de sagesse céleste et de force apostolique: accordez-nous favorablement de suivre son enseignement et ses exemples afin de parvenir aux biens éternels ». (Tiré de la liturgie de la Messe de Saint Pie X).

Saint Pie X, priez pour nous.

Publié le 15 septembre 2024

Année 2024- Homélie pour le 23ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Le Bon Berger, les bons bergers et les mauvais bergers.

 

La prédication de la vérité sans la charité semble vide de sens; la charité qui cache ou fait taire la prédication de la vérité est ambiguë, confuse et ne conduit pas à une véritable conversion, il ne s’agit pas de charité chrétienne, mais du simple assistanat humain.

 

 


«Je suis le bon berger», dit Jésus. Et il nous a dit aussi qu’à travers l’histoire, il y aurait ceux qui seraient comme lui, c’est-à-dire de bons bergers, mais qu’il y aurait aussi des mercenaires, c’est-à-dire de mauvais bergers. Jésus, bon berger, aime, prend soin, protège, guérit, guide, enseigne, corrige les brebis. Nous le voyons dans l’évangile d’aujourd’hui : il guérit un malade, il enseigne les foules. Les mauvais bergers font le contraire : ils ne se soucient pas des brebis, mais les utilisent plutôt pour leur propre bénéfice.

Cette semaine, l’Eglise a célébré la fête liturgique du pape Saint Pie X, le 3 septembre. Saint Pie X était, comme Jésus, un bon berger. Parlons un peu de sa vie et apprenons à reconnaître les bons et les mauvais bergers.
Le pontificat du pape saint Pie X fut une incroyable bénédiction pour l’Eglise ! Joseph Sarto naquit à Riese, un village de la Vénétie, en 1835, deuxième de dix enfants. Enfant très pieux et brillant intellectuellement, il put entrer au séminaire grâce à une bourse offerte par le patriarche de Venise et l’aide de son curé. Il fut ordonné prêtre huit ans plus tard. Son premier poste fut vicaire à Tombolo où il déploya une charité incroyable auprès de son troupeau. Ensuite, il fut nommé curé de Salzano, on raconte qu’une délégation de paroissiens vint se plaindre à l’évêché qu’on avait nommé un curé bien trop jeune! L’évêque sourit et leur répondit qu’ils verraient bien. Et quand leur curé partit au bout de 9 ans, ce fut un concert de plainte de voir partir celui qui avait tant apporté à la paroisse! Nommé ensuite chanoine à Trévise, directeur spirituel du séminaire, Léon XIII le remarqua et le nomma, malgré ses protestations d’indignité, évêque de Mantoue, et neuf ans plus tard cardinal Patriarche de Venise. En 1903 il fut élu pape et en 11 ans de gouvernement, tout en vivant aussi pauvrement qu’il avait vécu, il apporta un renouvellement profond et un bien considérable dans l’Eglise: renouvellement du catéchisme, du chant grégorien, mise en chantier du droit canonique, appel à la sainteté des prêtres, condamnation du modernisme qui menaçait gravement l’Eglise, institution de la communion fréquente et précoce pour les enfants. Il mourut le 20 août 1914, on pense de douleur, devant la guerre mondiale qui s’ouvrait.

Dans le livre du prophète Ezéchiel (34, 1-11) nous lisons le fameux discours prophétique « contre les bergers », si merveilleusement exposé par saint Augustin.
L’accusation que Dieu lance à travers le prophète Ezéchiel est, fondamentalement, que les mauvais bergers se nourrissent eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils utilisent les brebis pour leur propre bénéfice, pour obtenir des avantages personnels sous l’apparence du service. Ils devraient nourrir les brebis, mais ils se nourrissent eux-mêmes; ils devraient rechercher le bénéfice des brebis, mais ils recherchent leur propre bénéfice. Ainsi, ils exploitent les brebis et s’approprient ce qu’ils possèdent : «… ils se nourrissent du lait, ils se vêtissent de la laine, ils sacrifient les brebis les plus grasses»- expression métaphorique pour dire qu’ils extraient leur énergie tant physiques que psychologiques et leurs richesses, ignorant la vie spirituelle des brebis. Cette déclaration dure est suivie d’une liste précise de non : « Ils n’ont pas fortifié les brebis faibles, ils n’ont pas guéri les malades, ils n’ont pas pansé les blessés, ils n’ont pas ramené la brebis perdue».
Qu’est-ce que cela signifie?
1) Ils n’ont pas fortifié les brebis faibles. Les brebis faibles sont renforcées par l’enseignement doctrinal et en encourageant l’exercice d’actes de vertu.
2) Ils n’ont pas guéri la malade. Les brebis malades sont guéries grâce à la correction fraternelle.
3) Ils n’ont pas pansé les plaies des brebis blessées. Les brebis blessées guérissent par le sacrement de la confession, par le pardon sacramentel.
4) Ils n’ont pas recherché celle qui était perdue. Les brebis perdues sont ramenées au bon chemin par l’appel à la conversion. Les brebis perdues sont recherchées à travers la prédication ouverte et claire de la vérité, à travers la réfutation de toute erreur, par la proclamation explicite, avec des paroles claires sans concessions ni relativisme, avec un discours sans équivoque accompagné par le témoignage de charité (également matériel). La prédication de la vérité sans la charité semble vide de sens; la charité qui cache ou fait taire la prédication de la vérité est ambiguë, confuse et ne conduit pas à une véritable conversion, il ne s’agit pas de charité chrétienne, mais du simple assistanat humain.

Alors que font les mauvais bergers? Ils les maintiennent rigoureusement sous leur contrôle; «ils les dominent avec rigueur et cruauté», pour continuer à profiter d’elles, tout en laissant leurs âmes se contaminer de toutes sortes d’erreurs, ces brebis cessent de facto d’être catholiques: «…elles sont devenus la proie de toutes les bêtes sauvages». Ces bêtes sauvages d’aujourd’hui sont, parmi bien d’autres erreurs, le marxisme, le socialisme, le wokisme ou la culture LGBT, le féminisme, le protestantisme, les sectes pseudo-catholiques infiltrées dans le catholicisme qui le détruisent de l’intérieur, la banalisation de la liturgie, la désacralisation, le syncrétisme religieux, l’acceptation de la validité de toutes les religions et ainsi de suite.
Aujourd’hui comme hier, et certainement bien pire et bien plus grave aujourd’hui qu’hier, les mauvais bergers abondent. Et cela ressort de l’analyse des non : ils ne prêchent pas la vérité, mais plutôt le relativisme; ils ne prêchent pas sur les vertus, mais, au mieux, des « attitudes », de simples exemples de psychologie bon marché mal copiés dans des livres de développement personnel ou sur le web; ils ne corrigent pas ceux qui font le mal, de peur qu’ils les quittent (comme ce prêtre qui disait qu’il ne fallait pas dire aux jeunes que les relations avant le mariage étaient un péché grave parce que sinon ils quitteraient l’Eglise); ils n’administrent pas comme il le faut le sacrement de confession, mais encouragent plutôt le péché en ne suscitant pas le repentir et même en enseignant que certaines actes mauvaises ne sont pas un péché (surtout en matière de pureté); ils n’appellent pas à vraiment se convertir; ils restent dans leur petit monde paroissial, dans leurs petits groupes fermés, sans aller prêcher l’Evangile à leur voisin d’à côté.
Ces erreurs modernes, et bien d’autres, viennent du fait d’avoir désobéi, avec un entêtement manifeste et une malice obstinée, aux directives que saint Pie X avait émises à l’égard du modernisme. En fait, un grand nombre de catholiques considèrent aujourd’hui comme vrai et comme partie active de leur vision du monde tout ce que saint Pie X a condamné à plusieurs reprises, en particulier dans l’encyclique Pascendi, probablement la meilleure encyclique du siècle dernier, dont la condamnation du modernisme est claire, énergique et décisive. Cette désobéissance contumace a provoqué l’infection du néo-modernisme, c’est-à-dire de la même hérésie moderniste revenue avec force, qui sévit aujourd’hui dans de larges secteurs de l’Eglise.

« Ô Dieu, qui pour protéger la foi catholique et instaurer toute chose dans le Christ, avez rempli le Souverain Pontife saint Pie de sagesse céleste et de force apostolique: accordez-nous favorablement de suivre son enseignement et ses exemples afin de parvenir aux biens éternels ». (Tiré de la liturgie de la Messe de Saint Pie X).

Saint Pie X, priez pour nous.

Publié le 15 septembre 2024

Année 2024- Homélie pour le 23ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

le bon pasteur

Le Bon Berger, les bons bergers et les mauvais bergers.

 

La prédication de la vérité sans la charité semble vide de sens; la charité qui cache ou fait taire la prédication de la vérité est ambiguë, confuse et ne conduit pas à une véritable conversion, il ne s’agit pas de charité chrétienne, mais du simple assistanat humain.

 

 


«Je suis le bon berger», dit Jésus. Et il nous a dit aussi qu’à travers l’histoire, il y aurait ceux qui seraient comme lui, c’est-à-dire de bons bergers, mais qu’il y aurait aussi des mercenaires, c’est-à-dire de mauvais bergers. Jésus, bon berger, aime, prend soin, protège, guérit, guide, enseigne, corrige les brebis. Nous le voyons dans l’évangile d’aujourd’hui : il guérit un malade, il enseigne les foules. Les mauvais bergers font le contraire : ils ne se soucient pas des brebis, mais les utilisent plutôt pour leur propre bénéfice.

Cette semaine, l’Eglise a célébré la fête liturgique du pape Saint Pie X, le 3 septembre. Saint Pie X était, comme Jésus, un bon berger. Parlons un peu de sa vie et apprenons à reconnaître les bons et les mauvais bergers.
Le pontificat du pape saint Pie X fut une incroyable bénédiction pour l’Eglise ! Joseph Sarto naquit à Riese, un village de la Vénétie, en 1835, deuxième de dix enfants. Enfant très pieux et brillant intellectuellement, il put entrer au séminaire grâce à une bourse offerte par le patriarche de Venise et l’aide de son curé. Il fut ordonné prêtre huit ans plus tard. Son premier poste fut vicaire à Tombolo où il déploya une charité incroyable auprès de son troupeau. Ensuite, il fut nommé curé de Salzano, on raconte qu’une délégation de paroissiens vint se plaindre à l’évêché qu’on avait nommé un curé bien trop jeune! L’évêque sourit et leur répondit qu’ils verraient bien. Et quand leur curé partit au bout de 9 ans, ce fut un concert de plainte de voir partir celui qui avait tant apporté à la paroisse! Nommé ensuite chanoine à Trévise, directeur spirituel du séminaire, Léon XIII le remarqua et le nomma, malgré ses protestations d’indignité, évêque de Mantoue, et neuf ans plus tard cardinal Patriarche de Venise. En 1903 il fut élu pape et en 11 ans de gouvernement, tout en vivant aussi pauvrement qu’il avait vécu, il apporta un renouvellement profond et un bien considérable dans l’Eglise: renouvellement du catéchisme, du chant grégorien, mise en chantier du droit canonique, appel à la sainteté des prêtres, condamnation du modernisme qui menaçait gravement l’Eglise, institution de la communion fréquente et précoce pour les enfants. Il mourut le 20 août 1914, on pense de douleur, devant la guerre mondiale qui s’ouvrait.

Dans le livre du prophète Ezéchiel (34, 1-11) nous lisons le fameux discours prophétique « contre les bergers », si merveilleusement exposé par saint Augustin.
L’accusation que Dieu lance à travers le prophète Ezéchiel est, fondamentalement, que les mauvais bergers se nourrissent eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils utilisent les brebis pour leur propre bénéfice, pour obtenir des avantages personnels sous l’apparence du service. Ils devraient nourrir les brebis, mais ils se nourrissent eux-mêmes; ils devraient rechercher le bénéfice des brebis, mais ils recherchent leur propre bénéfice. Ainsi, ils exploitent les brebis et s’approprient ce qu’ils possèdent : «… ils se nourrissent du lait, ils se vêtissent de la laine, ils sacrifient les brebis les plus grasses»- expression métaphorique pour dire qu’ils extraient leur énergie tant physiques que psychologiques et leurs richesses, ignorant la vie spirituelle des brebis. Cette déclaration dure est suivie d’une liste précise de non : « Ils n’ont pas fortifié les brebis faibles, ils n’ont pas guéri les malades, ils n’ont pas pansé les blessés, ils n’ont pas ramené la brebis perdue».
Qu’est-ce que cela signifie?
1) Ils n’ont pas fortifié les brebis faibles. Les brebis faibles sont renforcées par l’enseignement doctrinal et en encourageant l’exercice d’actes de vertu.
2) Ils n’ont pas guéri la malade. Les brebis malades sont guéries grâce à la correction fraternelle.
3) Ils n’ont pas pansé les plaies des brebis blessées. Les brebis blessées guérissent par le sacrement de la confession, par le pardon sacramentel.
4) Ils n’ont pas recherché celle qui était perdue. Les brebis perdues sont ramenées au bon chemin par l’appel à la conversion. Les brebis perdues sont recherchées à travers la prédication ouverte et claire de la vérité, à travers la réfutation de toute erreur, par la proclamation explicite, avec des paroles claires sans concessions ni relativisme, avec un discours sans équivoque accompagné par le témoignage de charité (également matériel). La prédication de la vérité sans la charité semble vide de sens; la charité qui cache ou fait taire la prédication de la vérité est ambiguë, confuse et ne conduit pas à une véritable conversion, il ne s’agit pas de charité chrétienne, mais du simple assistanat humain.

Alors que font les mauvais bergers? Ils les maintiennent rigoureusement sous leur contrôle; «ils les dominent avec rigueur et cruauté», pour continuer à profiter d’elles, tout en laissant leurs âmes se contaminer de toutes sortes d’erreurs, ces brebis cessent de facto d’être catholiques: «…elles sont devenus la proie de toutes les bêtes sauvages». Ces bêtes sauvages d’aujourd’hui sont, parmi bien d’autres erreurs, le marxisme, le socialisme, le wokisme ou la culture LGBT, le féminisme, le protestantisme, les sectes pseudo-catholiques infiltrées dans le catholicisme qui le détruisent de l’intérieur, la banalisation de la liturgie, la désacralisation, le syncrétisme religieux, l’acceptation de la validité de toutes les religions et ainsi de suite.
Aujourd’hui comme hier, et certainement bien pire et bien plus grave aujourd’hui qu’hier, les mauvais bergers abondent. Et cela ressort de l’analyse des non : ils ne prêchent pas la vérité, mais plutôt le relativisme; ils ne prêchent pas sur les vertus, mais, au mieux, des « attitudes », de simples exemples de psychologie bon marché mal copiés dans des livres de développement personnel ou sur le web; ils ne corrigent pas ceux qui font le mal, de peur qu’ils les quittent (comme ce prêtre qui disait qu’il ne fallait pas dire aux jeunes que les relations avant le mariage étaient un péché grave parce que sinon ils quitteraient l’Eglise); ils n’administrent pas comme il le faut le sacrement de confession, mais encouragent plutôt le péché en ne suscitant pas le repentir et même en enseignant que certaines actes mauvaises ne sont pas un péché (surtout en matière de pureté); ils n’appellent pas à vraiment se convertir; ils restent dans leur petit monde paroissial, dans leurs petits groupes fermés, sans aller prêcher l’Evangile à leur voisin d’à côté.
Ces erreurs modernes, et bien d’autres, viennent du fait d’avoir désobéi, avec un entêtement manifeste et une malice obstinée, aux directives que saint Pie X avait émises à l’égard du modernisme. En fait, un grand nombre de catholiques considèrent aujourd’hui comme vrai et comme partie active de leur vision du monde tout ce que saint Pie X a condamné à plusieurs reprises, en particulier dans l’encyclique Pascendi, probablement la meilleure encyclique du siècle dernier, dont la condamnation du modernisme est claire, énergique et décisive. Cette désobéissance contumace a provoqué l’infection du néo-modernisme, c’est-à-dire de la même hérésie moderniste revenue avec force, qui sévit aujourd’hui dans de larges secteurs de l’Eglise.

« Ô Dieu, qui pour protéger la foi catholique et instaurer toute chose dans le Christ, avez rempli le Souverain Pontife saint Pie de sagesse céleste et de force apostolique: accordez-nous favorablement de suivre son enseignement et ses exemples afin de parvenir aux biens éternels ». (Tiré de la liturgie de la Messe de Saint Pie X).

Saint Pie X, priez pour nous.

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Publié le 15 septembre 2024