Année 2024-Homélie pour le 15ème dimanche du temps ordinaire (JGA).
Ouvrir le Paradis.
«Jésus appela les douze; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux » (Mc 6,7).Que Dieu nous donne la grâce de comprendre que « les plus pauvres parmi les pauvres » ne sont pas ceux qui manquent d’affection ou de nourriture mais ceux qui vivent privés de la grâce et de la connaissance de Dieu. Aider à ouvrir le Paradis est un travail incomparable. C’est l’œuvre de miséricorde par excellence.
Quel est le “travail” du missionnaire? Il ouvre le Paradis. Il l’ouvre à tous ceux à qui le Paradis était fermé. Il ouvre le Paradis comme le Christ a ouvert le Paradis au Bon Larron, Saint Dismas. Si vous demandez à un bon missionnaire ce qu’il fait, il pourrait très bien vous répondre : « Je me consacre à ouvrir le Paradis aux gens ».
Le missionnaire peut alors être défini comme « celui qui permet l’accès au Paradis ». Et comme il n’y a rien de meilleur pour l’homme que le Ciel, le plus grand bienfaiteur de l’humanité est le missionnaire. Notre idée n’est pas nouvelle. Le pseudo Denys enseignait que « l’apostolat est la plus divine des œuvres divines ».
Donner à manger à celui qui a faim, boire à celui qui a soif, éduquer celui qui est analphabète, vêtir celui qui est nu, guérir celui qui est malade sont des œuvres de charité. Mais ouvrir le Paradis à une personne, c’est lui apporter un bénéfice infiniment plus grand que de lui donner tous les biens terrestres. Celui qui gagne le Paradis gagne tout. Celui qui ne va pas au paradis perd tout. Celui qui m’aide à y parvenir m’aide à tout obtenir. « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? » (Mt 16, 26).
En même temps que nous devons promouvoir les œuvres de miséricorde corporelles – puisque c’est le Christ lui-même qui souffre dans les pauvres – nous devons rappeler aussi cette autre vérité. Les pâtes passent, la santé passe, le froid passe, la tristesse passe, la dépression passe, les calamités passent, la soif passe, les maladies passent. Ce qui ne passe pas, c’est l’Eternité. C’est donc là, vers l’Eternité, que nous devons diriger toutes nos énergies, tous nos élans bienfaisants.
Saint Alberto Hurtado disait : « Nous avons une responsabilité: évangéliser le monde. Nous avons la responsabilité du monde entier. Nous avons la responsabilité de la croissance de l’Eglise. Par notre baptême, nous sommes membres de l’Eglise; par notre prière, nous sommes au service de l’Eglise. Nous devons nous intéresser aux missions qui visent à sauver les âmes et à faire grandir l’Eglise. l’Eglise est-elle aujourd’hui implantée dans tout le monde?». La réponse est non. Il y a encore des millions des personnes qui n’ont jamais entendu parler du Christ. Il y a des régions qui n’ont jamais reçu la visite d’un missionnaire. On entend l’objection: La charité commence à la maison! Qui dit ça? Notre Bon Jésus? Les grands saints de notre Eglise? Non, c’est la théorie de l’égoïsme. Par contre la charité commence dès le premier instant avec tout le monde: elle aime, dès le début, tout le monde, elle souhaite le Bien du Ciel pour tous, pour ceux qui sont proches et pour ceux qui sont loin. La tactique du Saint-Esprit est comme celle des araignées: elle commence aux points les plus éloignés et se termine au centre. Saint Paul avait beaucoup à faire à Jérusalem, il aurait pu passer toute sa vie à Jérusalem mais il a voulu annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus dans tout le monde alors connu.
Alors nous pouvons en toute honnêteté nous poser la question: qu’ai-je fait pour faire grandir l’Eglise? Excuse? Nous en trouverons toujours: Nous n’avons pas le temps de nous occuper de ça! La réalité c’est que avec nos prières, nos souffrances, notre influence, notre parole nous pouvons faire beaucoup. Gardons ce grand désir dans notre âme: ouvrir la porte du Paradis au plus grand nombre possible de personnes.
Un exemple de ce désir d’aider Jésus à sauver les âmes nous le trouvons dans la magnifique lettre de Saint François-Xavier à Saint Ignace de Loyola, écrite en 1542: « Nous sommes allés à des villages de néophytes, baptisés voici peu d’années. Cette région n’est absolument pas habitée par les Portugais, car elle est très stérile et très pauvre. Les chrétiens indigènes, privés de prêtres, ne savent rien, sinon qu’ils sont chrétiens. Il n’y a personne pour leur célébrer les sacrements; personne pour leur enseigner le Symbole, le Pater, l’Ave Maria, ni les commandements de Dieu. Depuis que je suis venu ici, je n’ai pas arrêté: je parcourais activement les villages, je baptisais tous les enfants qui ne l’avaient pas encore été. Aussi ai-je régénéré un nombre immense de bébés qui, comme on dit, ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche. Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l’office divin, ni manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors j’ai commencé à saisir que le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. Aussi, comme je ne pouvais sans impiété repousser une requête aussi pieuse, en commençant par la confession de foi au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, je leur inculquais le Symbole des Apôtres, le Pater noster et l’Ave Maria. J’ai remarqué qu’ils étaient très doués; s’il y avait quelqu’un pour les former à la foi chrétienne, je suis sûr qu’ils deviendraient de très bons chrétiens. Dans ce pays, quantité de gens ne sont pas chrétiens uniquement parce qu’il n’y a personne aujourd’hui pour en faire des chrétiens. J’ai très souvent eu l’idée de parcourir toutes les universités d’Europe, et d’abord celle de Paris, pour hurler partout d’une manière folle et pousser ceux qui ont plus de doctrine que de charité, en leur disant: « Hélas, quel nombre énorme d’âmes, exclu du ciel par votre faute, s’engouffre dans l’enfer! ». De même qu’ils se consacrent aux belles-lettres, s’ils pouvaient seulement se consacrer aussi à cet apostolat, afin de pouvoir rendre compte à Dieu de leur doctrine et des talents qui leur ont été confiés! Beaucoup d’entre eux, bouleversés par cette pensée, aidés par la méditation des choses divines, s’entraîneraient à écouter ce que le Seigneur dit en eux et, en rejetant leurs ambitions et leurs affaires humaines, ils se soumettraient tout entiers, définitivement, à la volonté et au décret de Dieu. Oui, ils crieraient du fond du cœur: « Seigneur, me voici ; que veux tu que je fasse? Envoie-moi n’importe où tu voudras, même jusque dans les Indes ».».
Aujourd’hui, presque tout le monde est impliqué dans une œuvre caritative, mais presque personne ne travaille à la conversion de son prochain à la Vraie Foi Catholique.
Que Dieu nous donne la grâce de comprendre que « les plus pauvres parmi les pauvres » ne sont pas ceux qui manquent d’affection ou de nourriture mais ceux qui vivent privés de la grâce et de la connaissance de Dieu. Aider à ouvrir le Paradis est un travail incomparable. C’est l’œuvre de miséricorde par excellence. Si l’on y réfléchissait davantage, les vocations missionnaires abonderaient.
Suis-je mère ou père de famille? Il faut que je travaille pour ouvrir les portes du Paradis à mes enfants. Suis-je marié? Aider mon conjoint à sauver son âme doit être ma priorité. Nous pouvons tous dire une dizaine de notre chapelet pour les missionnaires qui sont dans des régions païennes, loin de leur patrie. Nous pouvons tous offrir (et apprendre à offrir, par exemple à nos enfants) la souffrance de la maladie pour la conversion de ceux qui encore ne connaissent pas le Christ. Nous pouvons tous faire dire une messe pour que le Seigneur suscite dans le cœur de beaucoup de jeunes (mes enfants? mes petits enfants?) le désir de devenir missionnaires. Peut être je peux m’organiser pour partir de temps en temps en mission dans un pays lointain (ou la soutenir par un don) ou organiser une mission dans le marché de ma ville? Suis-je enseignante? Alors je dois prier pour la conversion de mes élèves. Peut être que j’ai la possibilité de soutenir la formation d’un futur missionnaire? Si je travaille en entreprise alors il faut que je demande à l’Esprit Saint de me montrer de quelle manière je pourrais ouvrir les portes du Paradis à mes collègues. Mon voisin n’a pas la foi, qu’est que je peux faire pour l’aider à connaitre le Christ? Peut être que je pourrais offrir au boulanger une petite “médaille miraculeuse”? Nous pourrions par exemple “adopter” un peuple où l’Evangile n’a jamais été annoncé pour prier pour lui et demander au Seigneur de lui envoyer un missionnaire.
On pourrait continuer. Sauver les âmes! Voilà l’essentiel ! Ce qu’il ne faut pas oublier ! L’Esprit Saint nous montrera de multiples chemins pour ouvrir le Paradis aux hommes.
Que la Sainte Vierge nous obtienne la grâce d’une Charité pure et immaculée.
Publié le 15 juillet 2024
Année 2024-Homélie pour le 15ème dimanche du temps ordinaire (JGA).
Ouvrir le Paradis.
«Jésus appela les douze; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux » (Mc 6,7).Que Dieu nous donne la grâce de comprendre que « les plus pauvres parmi les pauvres » ne sont pas ceux qui manquent d’affection ou de nourriture mais ceux qui vivent privés de la grâce et de la connaissance de Dieu. Aider à ouvrir le Paradis est un travail incomparable. C’est l’œuvre de miséricorde par excellence.
Quel est le “travail” du missionnaire? Il ouvre le Paradis. Il l’ouvre à tous ceux à qui le Paradis était fermé. Il ouvre le Paradis comme le Christ a ouvert le Paradis au Bon Larron, Saint Dismas. Si vous demandez à un bon missionnaire ce qu’il fait, il pourrait très bien vous répondre : « Je me consacre à ouvrir le Paradis aux gens ».
Le missionnaire peut alors être défini comme « celui qui permet l’accès au Paradis ». Et comme il n’y a rien de meilleur pour l’homme que le Ciel, le plus grand bienfaiteur de l’humanité est le missionnaire. Notre idée n’est pas nouvelle. Le pseudo Denys enseignait que « l’apostolat est la plus divine des œuvres divines ».
Donner à manger à celui qui a faim, boire à celui qui a soif, éduquer celui qui est analphabète, vêtir celui qui est nu, guérir celui qui est malade sont des œuvres de charité. Mais ouvrir le Paradis à une personne, c’est lui apporter un bénéfice infiniment plus grand que de lui donner tous les biens terrestres. Celui qui gagne le Paradis gagne tout. Celui qui ne va pas au paradis perd tout. Celui qui m’aide à y parvenir m’aide à tout obtenir. « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? » (Mt 16, 26).
En même temps que nous devons promouvoir les œuvres de miséricorde corporelles – puisque c’est le Christ lui-même qui souffre dans les pauvres – nous devons rappeler aussi cette autre vérité. Les pâtes passent, la santé passe, le froid passe, la tristesse passe, la dépression passe, les calamités passent, la soif passe, les maladies passent. Ce qui ne passe pas, c’est l’Eternité. C’est donc là, vers l’Eternité, que nous devons diriger toutes nos énergies, tous nos élans bienfaisants.
Saint Alberto Hurtado disait : « Nous avons une responsabilité: évangéliser le monde. Nous avons la responsabilité du monde entier. Nous avons la responsabilité de la croissance de l’Eglise. Par notre baptême, nous sommes membres de l’Eglise; par notre prière, nous sommes au service de l’Eglise. Nous devons nous intéresser aux missions qui visent à sauver les âmes et à faire grandir l’Eglise. l’Eglise est-elle aujourd’hui implantée dans tout le monde?». La réponse est non. Il y a encore des millions des personnes qui n’ont jamais entendu parler du Christ. Il y a des régions qui n’ont jamais reçu la visite d’un missionnaire. On entend l’objection: La charité commence à la maison! Qui dit ça? Notre Bon Jésus? Les grands saints de notre Eglise? Non, c’est la théorie de l’égoïsme. Par contre la charité commence dès le premier instant avec tout le monde: elle aime, dès le début, tout le monde, elle souhaite le Bien du Ciel pour tous, pour ceux qui sont proches et pour ceux qui sont loin. La tactique du Saint-Esprit est comme celle des araignées: elle commence aux points les plus éloignés et se termine au centre. Saint Paul avait beaucoup à faire à Jérusalem, il aurait pu passer toute sa vie à Jérusalem mais il a voulu annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus dans tout le monde alors connu.
Alors nous pouvons en toute honnêteté nous poser la question: qu’ai-je fait pour faire grandir l’Eglise? Excuse? Nous en trouverons toujours: Nous n’avons pas le temps de nous occuper de ça! La réalité c’est que avec nos prières, nos souffrances, notre influence, notre parole nous pouvons faire beaucoup. Gardons ce grand désir dans notre âme: ouvrir la porte du Paradis au plus grand nombre possible de personnes.
Un exemple de ce désir d’aider Jésus à sauver les âmes nous le trouvons dans la magnifique lettre de Saint François-Xavier à Saint Ignace de Loyola, écrite en 1542: « Nous sommes allés à des villages de néophytes, baptisés voici peu d’années. Cette région n’est absolument pas habitée par les Portugais, car elle est très stérile et très pauvre. Les chrétiens indigènes, privés de prêtres, ne savent rien, sinon qu’ils sont chrétiens. Il n’y a personne pour leur célébrer les sacrements; personne pour leur enseigner le Symbole, le Pater, l’Ave Maria, ni les commandements de Dieu. Depuis que je suis venu ici, je n’ai pas arrêté: je parcourais activement les villages, je baptisais tous les enfants qui ne l’avaient pas encore été. Aussi ai-je régénéré un nombre immense de bébés qui, comme on dit, ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche. Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l’office divin, ni manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors j’ai commencé à saisir que le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. Aussi, comme je ne pouvais sans impiété repousser une requête aussi pieuse, en commençant par la confession de foi au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, je leur inculquais le Symbole des Apôtres, le Pater noster et l’Ave Maria. J’ai remarqué qu’ils étaient très doués; s’il y avait quelqu’un pour les former à la foi chrétienne, je suis sûr qu’ils deviendraient de très bons chrétiens. Dans ce pays, quantité de gens ne sont pas chrétiens uniquement parce qu’il n’y a personne aujourd’hui pour en faire des chrétiens. J’ai très souvent eu l’idée de parcourir toutes les universités d’Europe, et d’abord celle de Paris, pour hurler partout d’une manière folle et pousser ceux qui ont plus de doctrine que de charité, en leur disant: « Hélas, quel nombre énorme d’âmes, exclu du ciel par votre faute, s’engouffre dans l’enfer! ». De même qu’ils se consacrent aux belles-lettres, s’ils pouvaient seulement se consacrer aussi à cet apostolat, afin de pouvoir rendre compte à Dieu de leur doctrine et des talents qui leur ont été confiés! Beaucoup d’entre eux, bouleversés par cette pensée, aidés par la méditation des choses divines, s’entraîneraient à écouter ce que le Seigneur dit en eux et, en rejetant leurs ambitions et leurs affaires humaines, ils se soumettraient tout entiers, définitivement, à la volonté et au décret de Dieu. Oui, ils crieraient du fond du cœur: « Seigneur, me voici ; que veux tu que je fasse? Envoie-moi n’importe où tu voudras, même jusque dans les Indes ».».
Aujourd’hui, presque tout le monde est impliqué dans une œuvre caritative, mais presque personne ne travaille à la conversion de son prochain à la Vraie Foi Catholique.
Que Dieu nous donne la grâce de comprendre que « les plus pauvres parmi les pauvres » ne sont pas ceux qui manquent d’affection ou de nourriture mais ceux qui vivent privés de la grâce et de la connaissance de Dieu. Aider à ouvrir le Paradis est un travail incomparable. C’est l’œuvre de miséricorde par excellence. Si l’on y réfléchissait davantage, les vocations missionnaires abonderaient.
Suis-je mère ou père de famille? Il faut que je travaille pour ouvrir les portes du Paradis à mes enfants. Suis-je marié? Aider mon conjoint à sauver son âme doit être ma priorité. Nous pouvons tous dire une dizaine de notre chapelet pour les missionnaires qui sont dans des régions païennes, loin de leur patrie. Nous pouvons tous offrir (et apprendre à offrir, par exemple à nos enfants) la souffrance de la maladie pour la conversion de ceux qui encore ne connaissent pas le Christ. Nous pouvons tous faire dire une messe pour que le Seigneur suscite dans le cœur de beaucoup de jeunes (mes enfants? mes petits enfants?) le désir de devenir missionnaires. Peut être je peux m’organiser pour partir de temps en temps en mission dans un pays lointain (ou la soutenir par un don) ou organiser une mission dans le marché de ma ville? Suis-je enseignante? Alors je dois prier pour la conversion de mes élèves. Peut être que j’ai la possibilité de soutenir la formation d’un futur missionnaire? Si je travaille en entreprise alors il faut que je demande à l’Esprit Saint de me montrer de quelle manière je pourrais ouvrir les portes du Paradis à mes collègues. Mon voisin n’a pas la foi, qu’est que je peux faire pour l’aider à connaitre le Christ? Peut être que je pourrais offrir au boulanger une petite “médaille miraculeuse”? Nous pourrions par exemple “adopter” un peuple où l’Evangile n’a jamais été annoncé pour prier pour lui et demander au Seigneur de lui envoyer un missionnaire.
On pourrait continuer. Sauver les âmes! Voilà l’essentiel ! Ce qu’il ne faut pas oublier ! L’Esprit Saint nous montrera de multiples chemins pour ouvrir le Paradis aux hommes.
Que la Sainte Vierge nous obtienne la grâce d’une Charité pure et immaculée.
Publié le 15 juillet 2024
Année 2024-Homélie pour le 15ème dimanche du temps ordinaire (JGA).
Ouvrir le Paradis.
«Jésus appela les douze; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux » (Mc 6,7).Que Dieu nous donne la grâce de comprendre que « les plus pauvres parmi les pauvres » ne sont pas ceux qui manquent d’affection ou de nourriture mais ceux qui vivent privés de la grâce et de la connaissance de Dieu. Aider à ouvrir le Paradis est un travail incomparable. C’est l’œuvre de miséricorde par excellence.
Quel est le “travail” du missionnaire? Il ouvre le Paradis. Il l’ouvre à tous ceux à qui le Paradis était fermé. Il ouvre le Paradis comme le Christ a ouvert le Paradis au Bon Larron, Saint Dismas. Si vous demandez à un bon missionnaire ce qu’il fait, il pourrait très bien vous répondre : « Je me consacre à ouvrir le Paradis aux gens ».
Le missionnaire peut alors être défini comme « celui qui permet l’accès au Paradis ». Et comme il n’y a rien de meilleur pour l’homme que le Ciel, le plus grand bienfaiteur de l’humanité est le missionnaire. Notre idée n’est pas nouvelle. Le pseudo Denys enseignait que « l’apostolat est la plus divine des œuvres divines ».
Donner à manger à celui qui a faim, boire à celui qui a soif, éduquer celui qui est analphabète, vêtir celui qui est nu, guérir celui qui est malade sont des œuvres de charité. Mais ouvrir le Paradis à une personne, c’est lui apporter un bénéfice infiniment plus grand que de lui donner tous les biens terrestres. Celui qui gagne le Paradis gagne tout. Celui qui ne va pas au paradis perd tout. Celui qui m’aide à y parvenir m’aide à tout obtenir. « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? » (Mt 16, 26).
En même temps que nous devons promouvoir les œuvres de miséricorde corporelles – puisque c’est le Christ lui-même qui souffre dans les pauvres – nous devons rappeler aussi cette autre vérité. Les pâtes passent, la santé passe, le froid passe, la tristesse passe, la dépression passe, les calamités passent, la soif passe, les maladies passent. Ce qui ne passe pas, c’est l’Eternité. C’est donc là, vers l’Eternité, que nous devons diriger toutes nos énergies, tous nos élans bienfaisants.
Saint Alberto Hurtado disait : « Nous avons une responsabilité: évangéliser le monde. Nous avons la responsabilité du monde entier. Nous avons la responsabilité de la croissance de l’Eglise. Par notre baptême, nous sommes membres de l’Eglise; par notre prière, nous sommes au service de l’Eglise. Nous devons nous intéresser aux missions qui visent à sauver les âmes et à faire grandir l’Eglise. l’Eglise est-elle aujourd’hui implantée dans tout le monde?». La réponse est non. Il y a encore des millions des personnes qui n’ont jamais entendu parler du Christ. Il y a des régions qui n’ont jamais reçu la visite d’un missionnaire. On entend l’objection: La charité commence à la maison! Qui dit ça? Notre Bon Jésus? Les grands saints de notre Eglise? Non, c’est la théorie de l’égoïsme. Par contre la charité commence dès le premier instant avec tout le monde: elle aime, dès le début, tout le monde, elle souhaite le Bien du Ciel pour tous, pour ceux qui sont proches et pour ceux qui sont loin. La tactique du Saint-Esprit est comme celle des araignées: elle commence aux points les plus éloignés et se termine au centre. Saint Paul avait beaucoup à faire à Jérusalem, il aurait pu passer toute sa vie à Jérusalem mais il a voulu annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus dans tout le monde alors connu.
Alors nous pouvons en toute honnêteté nous poser la question: qu’ai-je fait pour faire grandir l’Eglise? Excuse? Nous en trouverons toujours: Nous n’avons pas le temps de nous occuper de ça! La réalité c’est que avec nos prières, nos souffrances, notre influence, notre parole nous pouvons faire beaucoup. Gardons ce grand désir dans notre âme: ouvrir la porte du Paradis au plus grand nombre possible de personnes.
Un exemple de ce désir d’aider Jésus à sauver les âmes nous le trouvons dans la magnifique lettre de Saint François-Xavier à Saint Ignace de Loyola, écrite en 1542: « Nous sommes allés à des villages de néophytes, baptisés voici peu d’années. Cette région n’est absolument pas habitée par les Portugais, car elle est très stérile et très pauvre. Les chrétiens indigènes, privés de prêtres, ne savent rien, sinon qu’ils sont chrétiens. Il n’y a personne pour leur célébrer les sacrements; personne pour leur enseigner le Symbole, le Pater, l’Ave Maria, ni les commandements de Dieu. Depuis que je suis venu ici, je n’ai pas arrêté: je parcourais activement les villages, je baptisais tous les enfants qui ne l’avaient pas encore été. Aussi ai-je régénéré un nombre immense de bébés qui, comme on dit, ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche. Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l’office divin, ni manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors j’ai commencé à saisir que le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. Aussi, comme je ne pouvais sans impiété repousser une requête aussi pieuse, en commençant par la confession de foi au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, je leur inculquais le Symbole des Apôtres, le Pater noster et l’Ave Maria. J’ai remarqué qu’ils étaient très doués; s’il y avait quelqu’un pour les former à la foi chrétienne, je suis sûr qu’ils deviendraient de très bons chrétiens. Dans ce pays, quantité de gens ne sont pas chrétiens uniquement parce qu’il n’y a personne aujourd’hui pour en faire des chrétiens. J’ai très souvent eu l’idée de parcourir toutes les universités d’Europe, et d’abord celle de Paris, pour hurler partout d’une manière folle et pousser ceux qui ont plus de doctrine que de charité, en leur disant: « Hélas, quel nombre énorme d’âmes, exclu du ciel par votre faute, s’engouffre dans l’enfer! ». De même qu’ils se consacrent aux belles-lettres, s’ils pouvaient seulement se consacrer aussi à cet apostolat, afin de pouvoir rendre compte à Dieu de leur doctrine et des talents qui leur ont été confiés! Beaucoup d’entre eux, bouleversés par cette pensée, aidés par la méditation des choses divines, s’entraîneraient à écouter ce que le Seigneur dit en eux et, en rejetant leurs ambitions et leurs affaires humaines, ils se soumettraient tout entiers, définitivement, à la volonté et au décret de Dieu. Oui, ils crieraient du fond du cœur: « Seigneur, me voici ; que veux tu que je fasse? Envoie-moi n’importe où tu voudras, même jusque dans les Indes ».».
Aujourd’hui, presque tout le monde est impliqué dans une œuvre caritative, mais presque personne ne travaille à la conversion de son prochain à la Vraie Foi Catholique.
Que Dieu nous donne la grâce de comprendre que « les plus pauvres parmi les pauvres » ne sont pas ceux qui manquent d’affection ou de nourriture mais ceux qui vivent privés de la grâce et de la connaissance de Dieu. Aider à ouvrir le Paradis est un travail incomparable. C’est l’œuvre de miséricorde par excellence. Si l’on y réfléchissait davantage, les vocations missionnaires abonderaient.
Suis-je mère ou père de famille? Il faut que je travaille pour ouvrir les portes du Paradis à mes enfants. Suis-je marié? Aider mon conjoint à sauver son âme doit être ma priorité. Nous pouvons tous dire une dizaine de notre chapelet pour les missionnaires qui sont dans des régions païennes, loin de leur patrie. Nous pouvons tous offrir (et apprendre à offrir, par exemple à nos enfants) la souffrance de la maladie pour la conversion de ceux qui encore ne connaissent pas le Christ. Nous pouvons tous faire dire une messe pour que le Seigneur suscite dans le cœur de beaucoup de jeunes (mes enfants? mes petits enfants?) le désir de devenir missionnaires. Peut être je peux m’organiser pour partir de temps en temps en mission dans un pays lointain (ou la soutenir par un don) ou organiser une mission dans le marché de ma ville? Suis-je enseignante? Alors je dois prier pour la conversion de mes élèves. Peut être que j’ai la possibilité de soutenir la formation d’un futur missionnaire? Si je travaille en entreprise alors il faut que je demande à l’Esprit Saint de me montrer de quelle manière je pourrais ouvrir les portes du Paradis à mes collègues. Mon voisin n’a pas la foi, qu’est que je peux faire pour l’aider à connaitre le Christ? Peut être que je pourrais offrir au boulanger une petite “médaille miraculeuse”? Nous pourrions par exemple “adopter” un peuple où l’Evangile n’a jamais été annoncé pour prier pour lui et demander au Seigneur de lui envoyer un missionnaire.
On pourrait continuer. Sauver les âmes! Voilà l’essentiel ! Ce qu’il ne faut pas oublier ! L’Esprit Saint nous montrera de multiples chemins pour ouvrir le Paradis aux hommes.
Que la Sainte Vierge nous obtienne la grâce d’une Charité pure et immaculée.
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Publié le 15 juillet 2024