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Année 2024-Homélie pour le 13ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

L’hémorroïsse et la fille de Jaïre.

Approchons-nous de Jésus avec l’humilité et la confiance de l’hémorroïsse, et prions-Le de tout cœur d’accomplir en nous Ses desseins d’amour, en nous arrachant à la médiocrité grise d’une vie spirituelle encore entravée par les liens de l’égoïsme, pour nous élancer résolument vers la sainteté.


 

Malgré l’idéal élevé, le désir de sainteté, nous nous retrouvons toujours pleins de misères, toujours en dette avec Dieu, et quand nous nous approchons de Lui, notre âme tremble à bon droit: comment nous accueillera-t-Il ? Ne nous repoussera-t-Il pas?
La réponse du Bon Dieu diffère largement de celle que nous mériterions : «Je forme pour vous… dessein de paix et non de malheur… Alors, quand vous M’invoquerez et que vous viendrez M’adresser vos prières, Je vous écouterai…» (Jérém. XXIX, 11, 12, 14).
Ces consolantes paroles ouvrent notre cœur aux plus douces espérances: Dieu nous aime, en dépit de tout, Il est toujours notre Père et veut nous libérer de l’esclavage de nos passions, de notre faiblesse. Alors, spontanément, une humble invocation nous monte aux lèvres: «Que Votre bonté, Seigneur, nous délivre des liens des péchés que notre faiblesse nous a fait contracter». L’humilité, l’aveu sincère de nos torts, est toujours le point de départ de notre conversion.

Saint Paul nous parle de conversion: «Il en est beaucoup, je vous l’ai dit souvent et je le redis aujourd’hui avec larmes, qui se conduisent en ennemis de la Croix du Christ… Ils n’apprécient que les choses de la terre» (Philipp. III, 18, 19). Pratiquement, chaque fois que nous fuyons le sacrifice, que nous protestons contre la douleur, recherchons les satisfactions égoïstes, nous nous comportons en ennemis de la Croix de Jésus, et ainsi notre vie devient trop terrestre, trop attachée aux créatures, trop pesante pour tendre au Ciel.
Nous devons nous convertir, nous détacher, nous souvenir que «notre cité se trouve dans les cieux» (Philipp. III, 20), qu’il est donc nécessaire d’embrasser de bon gré les fatigues du voyage de retour vers la patrie bienheureuse. Pour nous encourager, saint Paul nous met devant les yeux les splendeurs de la vie éternelle: «Le Seigneur Jésus-Christ transfigurera notre corps de misère pour le conformer à Son corps de gloire» (Philipp. III, 20, 21).
Tel est le « dessein de paix », tels sont les grands desseins d’amour que le Père céleste conçoit à notre sujet: nous libérer de l’esclavage du péché et nous conformer à Son Fils au point de nous rendre participants de Sa résurrection glorieuse. Desseins merveilleux, mais qui ne se réaliseront que si nous les secondons. «Ainsi donc, nous supplie l’apôtre, mes frères bien-aimés et tant désirés, ma joie et ma couronne, tenez bons de la sorte dans le Seigneur» (Philipp. IV, 1).
Tenir bon, c’est-à-dire être stable dans la conversion, ferme dans l’humilité, la confiance, l’amour de la Croix.

L’Evangile de ce jour nous donne un exemple vivant de cette transformation que Dieu veut accomplir en nous et de la manière dont Il réalise Ses desseins de paix dans ceux qui s’approchent de Lui avec un cœur humble et confiant.
Avant tout l’hémorroïsse : son mal est tenace, il résiste depuis douze ans à tous les remèdes. La pauvre femme, humiliée et honteuse, n’ose pas, comme les autres malades, se présenter directement à Jésus. D’autre part, sa foi est si grande qu’«elle se disait en elle-même: Si seulement je touche Son manteau, je serai sauvée. Jésus se retournant l’aperçut et lui dit: Confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée» (Matth. IX, 21-22). Aucune demande, aucune supplication extérieure, mais ce qui touche le Seigneur, c’est la prière de ce cœur humble, confiant, plein de foi.
Jésus veut guérir nos âmes, de même que l’hémorroïsse, mais Il attend des dispositions semblables aux siennes.
Trop facilement, nous nous contentons de prières dites du bout des lèvres, tandis que notre cœur est froid et absent. Jésus, au contraire, regarde le cœur, Il veut une prière qui parte du cœur, un cri d’humilité, de confiance, qui monte tout droit vers Son Cœur divin. Du reste, combien ne sommes-nous pas plus fortunés que l’hémorroïsse! Elle parvient une seule fois à toucher la frange du manteau de Jésus, tandis que notre âme, dans la Sainte Communion, jouit du contact quotidien avec Son Corps et Son Sang. Oh ! Si notre Foi était grande comme un grain de sénevé !

Suit le second miracle. La fille de Jaïre n’est pas malade, elle est morte ; mais il n’est pas plus difficile à Jésus de ressusciter un mort que de guérir un malade. En vrai Seigneur de la vie et de la mort, Il « prit la main de la fillette et celle-ci se dressa ». Jésus est notre résurrection, non seulement pour la vie éternelle, lorsqu’à Son signe notre corps ressuscitera glorieux et rejoindra notre âme, mais Il est notre résurrection dès cette vie: résurrection de la mort du péché à la vie de la grâce, résurrection d’une vie tiède à une vie fervente et sainte.

Approchons-nous de Jésus avec l’humilité et la confiance de l’hémorroïsse, et prions-Le de tout cœur d’accomplir en nous Ses desseins d’amour, en nous arrachant à la médiocrité grise d’une vie spirituelle encore entravée par les liens de l’égoïsme, pour nous élancer résolument vers la sainteté.

« O Seigneur, comme nous payons mal Votre amitié, puisque nous redevenons si promptement Vos mortels ennemis! Ah ! Qu’elle est grande Votre miséricorde! Et quel ami plus patient pourrions-nous trouver? Si pareille chose arrivait une seule fois entre deux amis, ils ne pourraient plus l’oublier et ils ne renoueraient jamais cette amitié étroite qui les unissait précédemment. Mais que de fois ne manquons-nous pas de cette manière envers Vous, et pendant combien d’années ne nous attendez-Vous pas? Soyez béni, ô mon Seigneur et mon Dieu, de ce que Vous nous supportez avec une si tendre compassion. On dirait que Vous oubliez Votre grandeur pour ne point châtier, comme il serait juste, une trahison aussi perfide! » (Sainte Thérèse de Jésus, in « Pensées sur l’amour de Dieu » II).

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