Le très Saint Sacrement du Corps du Christ.
Quoi de plus merveilleux que ce sacrement? En lui pain et vin sont changés substantiellement en corps et en sang du Christ au point que le Christ, Dieu et homme parfait, soit contenu sous l’apparence d’un peu de pain et de vin.
« O précieux et admirable festin, porteur de salut et rempli de toute suavité ! –s’écriait saint Thomas d’Aquin le plus savant parmi les saints– Que trouver de plus précieux? Ce n’est plus la chair des taureaux et des boucs qui nous est présentée en nourriture comme dans l’ancienne loi, mais le Christ, vrai Dieu. Quoi de plus merveilleux que ce sacrement? En lui pain et vin sont changés substantiellement en corps et en sang du Christ au point que le Christ, Dieu et homme parfait, soit contenu sous l’apparence d’un peu de pain et de vin ». C’est le mystère de la «transsubstantiation»: ce, qui avant la consécration était un peu de pain, est après la consécration (après que le prêtre prononce les paroles: « ceci est mon corps ») le Christ, le Fils de Dieu, caché sous l’apparence d’un peu de pain; et ce, qui avant la consécration était un peu de vin, est, après la consécration, le Christ, le Fils de Dieu, caché sous l’apparence d’un peu de vin.
« Alors le Christ est mangé par les fidèles sans être déchiré », sans souffrir aucun mal. « Bien plus, après la fraction de l’hostie il demeure tout entier dans chaque fragment. Les accidents (apparences) persistent sans leur substance pour donner lieu à la foi, (pour que notre foi soit éprouvée et qu’elle soit ainsi méritoire), tandis qu’invisiblement on consomme ce qu’on peut voir caché sous une autre apparence. Ainsi les sens (la vue, le goût, l’ouïe, le toucher, l’odorat), jugeant d’après les accidents qu’ils connaissent, (se laissant guider par la foi) sont à l’abri de l’erreur ». Ainsi chante l’hymne « Adorote devote » : « Mais vous écouter seulement fonde la certitude de foi. Je crois tout ce qu’a dit le Fils de Dieu. Il n’est rien de plus vrai que cette Parole de vérité ».
« Aucun sacrement ne possède plus d’effet salutaire que l’Eucharistie, car c’est lui qui remet les péchés: par la réception dévote de la sainte Eucharistie nous sont pardonnés les péchés véniels, augmente les vertus puisque nous recevons la source de toute vertu: Jésus-Christ et comble l’âme de l’abondance de tous les charismes de l’Esprit. On l’offre dans l’Eglise pour les vivants et les morts. Ainsi profite à tous, ce qui a été institué pour le salut de tous ».
« Personne enfin n’est capable d’exprimer adéquatement la suavité de ce sacrement où l’on goûte à sa source la douceur spirituelle et où l’on rappelle la mémoire de la charité incommensurable que le Christ a montrée dans sa passion. [L’Eucharistie nous rappelle l’amour et la miséricorde infinie de Dieu : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique »]. Aussi, pour fixer plus profondément dans les cœurs des fidèles l’abîme de cette charité, c’est à la dernière cène, au moment de passer de ce monde au Père, après avoir célébré la Pâque avec les disciples, qu’il institua ce sacrement, mémorial perpétuel de sa passion, accomplissement des anciennes figures [telle la manne au désert…] et miracle le plus grand de tous ceux qu’il a faits. A ceux qui étaient attristés de son absence, il le laissa comme insigne consolation ».
« Il est là pour nous consoler; –nous rappelle aussi le saint Curé d’Ars– aussi devons-nous Lui rendre visite souvent. Combien un petit quart d’heure que nous dérobons à nos occupations, à quelques inutilités, pour venir Le prier, Le visiter, Le consoler de toutes les injures qu’Il reçoit, Lui est agréable! Lorsqu’Il voit venir avec empressement les âmes pures, Il leur sourit. Elles viennent, avec cette simplicité qui Lui plaît tant, Lui demander pardon pour tous les pécheurs, des insultes de tant d’ingrats.»
« C’est comme dans les premiers temps que je me trouvais à Ars. Il y avait un homme qui ne passait jamais devant l’église sans y entrer: le matin quand il allait au travail, le soir quand il en revenait, il laissait à la porte sa pelle et sa pioche, et il restait longtemps en adoration devant le Saint-Sacrement. J’aimais bien ça! Je lui ai demandé ce qu’il disait à Notre-Seigneur pendant ces longues visites qu’il Lui faisait. Savez-vous ce qu’il m’a répondu? « Monsieur le curé, je ne Lui dis rien. Je L’avise et Il m’avise: je Le regarde et Il me regarde ». Que c’est beau !»
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28).
Je termine avec le récit d’un miracle Eucharistique, raconté par saint Thomas de Villeneuve. Ce saint encore simple religieux augustin, s’était lié d’amitié avec un jeune juif converti, au christianisme. Bientôt après, le jeune homme, en danger de mort, fit au saint le récit suivant :
« Mon Père, vous êtes le père, le consolateur, le médecin et le guide de ma pauvre âme; je vous ai importuné de me faire cette visite pour recevoir en retour un grand secret que je n’ai communiqué à personne; il m’eût pesé de mourir sans vous en avoir fait le dépositaire. C’est, continua-t-il, qu’étant allé un jour en certaine localité sur ordre de mon père pour traiter quelques affaires d’importance, en compagnie d’un jeune homme juif et de même âge que moi, nous commençâmes à nous entretenir en chemin de la personne du Messie que nous attendions encore dans notre aveuglement d’Israélites, et nous en parlions de telle sorte que nous ressentîmes un ardent désir de le voir, disant de cœur comme de bouche: Ah ! que nous serions heureux s’il venait en notre temps, et que nous le vissions de nos propres yeux !
Et comme nous prolongions notre conversation à ce sujet, notre dévotion et nos désirs allaient s’enflammant de plus en plus, quand il arriva que nous aperçûmes, alors qu’il faisait déjà nuit, une clarté dans le ciel si merveilleuse, qu’il nous semblait véritablement qu’il fût ouvert. Là-dessus, me rappelant ce que m’avait dit mon père, que parfois le ciel s’ouvrait et qu’on pouvait alors demander à Dieu quelque grâce avec espérance de l’obtenir, nous tombâmes à genoux avec toute la dévotion possible, suppliant le Seigneur de manifester le Messie en nos jours et de nous faire voir celui que nous attendions avec tant d’ardeur. Au milieu de ces supplications, en face de cette clarté resplendissante sur laquelle restaient fixés nos yeux, nous voyons tout à coup apparaître, assez près de nous, un calice étincelant avec une hostie au-dessus, en la forme que les prêtres catholiques montrent à la messe. Inutile de dire combien nous fûmes d’abord effrayés de cette vision; mais bientôt nous nous trouvâmes réconfortés et libres de toute crainte, car nous sentîmes pénétrer en nos âmes une lumière intérieure qui nous ouvrit les yeux de l’esprit et en bannit toutes les obscurités, de manière que nous eûmes la conviction que le glorieux Messie, si ardemment désiré de nos cœurs, était certainement en cette hostie, qu’il n’en fallait point attendre d’autre, et qu’il n’y avait point d’autre religion véritable que celle des chrétiens.
Nous rendîmes grâce à Dieu de ce qu’Il avait guéri notre aveuglement par une voie si miraculeuse, et, de retour chez nous, où je crus devoir garder quelque temps le secret de l’heureuse conversion de mon âme, je saisis la première occasion de me faire chrétien et de recevoir le baptême. Depuis lors, j’ai toujours vécu fidèlement, comme vous le savez, mon Père, selon la loi évangélique de Notre-Seigneur et Rédempteur Jésus-Christ».
Loué et adoré soit à tout instant Jésus au saint Sacrement !