La circoncision de Notre Seigneur. Marie, Mère de Dieu.
« Au commencement était le Verbe… et le Verbe s’est fait chair »… et cette chair a était blessée pour notre salut recevant justement aujourd’hui le nom qui indique sa mission de Sauveur: « Jésus ».
Aujourd’hui Notre-Seigneur petit enfant est pour nous blessé, déchiré, ensanglanté. On n’aurait donc pas pu attendre pour faire de ce tendre agneau une victime? Non, la loi était écrite, elle pressait, il fallait du sang. Mais cette loi de sang, écrite pour les hommes pécheurs, ne concernait point le Fils de Dieu, même devenu fils de Marie. Toutefois, il se soumet à la loi, dure, humiliante, impitoyable; il se soumet.
Et pourquoi, ô Jésus, doux agneau, vous soumettez-vous à cette loi? Parce que vous prenez sur vous les péchés de tous; vous voulez en votre chair expier, réparer les concupiscences, les dérèglements de la chair; vous faites de nos péchés vos péchés, parce que vous voulez de votre justice faire notre justice.
Soyez béni, ô très doux agneau, pour cette plaie, pour ce sang, pour ces douleurs de votre très pure et toute purifiante circoncision.
Pour prix de votre sang, vous recevez le Saint Nom de Jésus. Que la vertu de votre sang précieux nous fasse donc vous aimer et dire toujours avec amour votre Saint Nom « Jésus ».
Jésus, même s’il était petit enfant, connaissait toutes choses comme il les connait aujourd’hui. Il voyait comment la désobéissance d’Adam avait infecté l’humanité tout entière. Les âmes avaient perdu la grâce, les corps avaient perdu la paix. La chair était devenue la proie d’une concupiscence d’autant plus malheureuse qu’elle était l’instrument de transmission du péché originel.
Notre-Seigneur mesurait l’étendue de cette première plaie de notre nature, il voyait tous ses ravages dans la suite des siècles, il reconnaissait là la cause de la damnation d’une multitude d’âmes; alors il était touché d’une douleur profonde, et la plaie de sa sainte chair ne faisait que répondre à une blessure intérieure de son âme. Voulant réparer nos malheurs, guérir nos blessures, rendre aux hommes sa grâce et la paix, Jésus se fait victime pour nous, et le voilà tout baigné intérieurement dans sa douleur, extérieurement dans son sang et dans ses larmes; et c’est ainsi qu’il devient, et pour nous et pour son Père, l’Agneau de Dieu qui porte, pour les effacer, les péchés du monde.
L’apôtre saint Paul quand il écrit aux Romains nous enseigne qu’il y a une circoncision spirituelle: « La véritable circoncision n’est pas celle qui se fait dans la chair, et qui n’est qu’extérieure ; la circoncision vraie est celle du cœur, qui se fait par l’Esprit » (Rom 2, 28-29). Il enseignait la même chose aux Colossiens: «C’est en Jésus-Christ, disait-il, que vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’est pas faite de main d’homme, mais de la circoncision [chrétienne], qui consiste dans le dépouillement du péché » (Col 2, 11).
C’est dans le baptême que s’opère cette circoncision chrétienne, car par le baptême nous renonçons à Satan, à ses œuvres, à ses pompes; toutes ces choses doivent pour nous être mortes, comme était morte la chair coupée dans l’enfant circoncis. Et comme le Juif circoncis vivait pour garder la loi de Moïse, le chrétien doit vivre pour garder la loi de Jésus Christ, loi qui est avant tout charité: tout le reste doit être mort pour lui. Vivre dans cet esprit, c’est pratiquer tous les jours les renoncements à ce qui nous flatte, à ce qui nous éloigne du Bon Dieu, et nous mortifier joyeusement pour vivre en Jésus Christ Notre-Seigneur. « A qui suivra cette règle, dit saint Paul, paix et miséricorde ».
« Un enfant nous est né, un fils nous est donné » chante l’introït en ce jour de fête. Et parce qu’il y a un enfant nécessairement il y a aussi une mère.
Dans le mystère de la circoncision Jésus versait son sang. Marie, sa Mère, versait des larmes; Jésus aurait voulu que Marie ne pleurât pas; Marie aurait souhaité que le sang de Jésus ne fût point versé. Mais une volonté de Dieu, juste et miséricordieuse, demandait à Jésus son sang et à Marie ses larmes. Marie avait donné à Jésus son sang, son lait, il ne manquait plus que ses larmes, les voilà qui coulent; et Marie se fond d’amour pour Jésus. Aimer, c’est donner ; aimer bien, c’est donner beaucoup, aimer c’est tout donner.
En ce jour, des temps anciens l’Eglise honore aussi la Maternité de Marie. Maintenant, elle a mis au jour, ce Dieu enfant, qu’elle a porté dans son sein; elle l’adore; mais elle est sa Mère. Elle a le droit de l’appeler son Fils; et lui, le petit Enfant, tout Dieu qu’il est, la nomme en toute vérité sa Mère.
En Marie la maternité atteint des sommets que Dieu seul pouvait envisager… Mère du Dieu incarné. Personne sur la terre n’arrivera jamais à décrire, pas même à comprendre tout ce que cette sublime prérogative renferme de gloire.
Ce Fils, qu’elle allaite, qu’elle tient dans ses bras, qu’elle presse contre son cœur, elle l’aime, parce qu’il est le fruit de ses entrailles; elle l’aime, parce qu’elle est mère, et que la mère aime son fils comme elle-même et plus qu’elle-même ; mais si elle vient à considérer la majesté infinie de Celui qui se confie ainsi à son amour et à ses caresses, elle tremble et se sent près de défaillir, jusqu’à ce que son cœur de Mère la rassure au souvenir des neuf mois que cet Enfant a passés dans son sein, et du sourire filial avec lequel il lui sourit au moment où elle l’enfanta.
Une Mère de Dieu! C’est le Tout-puissant qui l’a faite. Mais elle, elle a donné son « fiat »: qu’il me soit fait selon votre Parole! Marie, notre bonne Mère, enseignez-nous à aimer Jésus, notre Sauveur.