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Année 2023-Homélie pour le 17ème dimanche du temps ordinaire (JA).

Le royaume des Cieux.

C’est en nous détachant que nous devenons libres et maitres de nous-mêmes, capables donc de nous donner à Dieu et c’est justement nous-mêmes qu’il faut donner pour acquérir cette perle précieuse, qui est la vie de grâce, non pas que nous soyons d’une valeur égale, mais parce que nous ne pouvons donner davantage .


L’Evangile de ce dimanche propose à notre considération trois paraboles sur le royaume des Cieux. Je vous propose de les méditer à l’aide des enseignements des pères de l’Eglise.

D’abord saint Jean Chrysostome explique: « Notre-Seigneur veut faire connaître maintenant tout le prix et la magnificence de cette sublime doctrine [qui est la sienne], et il se sert pour cela de la parabole du trésor et de la pierre précieuse: « Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ». La prédication de l’Evangile est cachée dans le monde et, si vous ne vendez pas tout ce que vous possédez, vous ne pourrez pas l’acheter. Il faut de plus faire ce sacrifice avec joie ».
« Ce trésor se trouve sans qu’il en coûte rien, car la prédication de l’Evangile nous arrive gratuitement; mais il faut nécessairement acheter le droit d’user de ce trésor et d’en devenir le possesseur ainsi que du champ qui le renferme, car on ne peut posséder les richesses du ciel sans être disposé à leur sacrifier les biens de la terre » (Saint Hilaire).
Lorsqu’un homme a trouvé ce trésor, affirme l’Evangile, il le cache à nouveau. « Il cache ce trésor, nous dit saint Jérôme, mais ce n’est pas par un sentiment d’envie ou d’égoïsme, mais il le cache dans son cœur par le désir de le conserver et par la crainte de perdre ce trésor qu’il a su préférer aux richesses qu’il possédait ».
Ensuite il achète le champ qui garde le trésor. « On achète le champ avec le prix de tous les biens qu’on a vendus, explique saint Grégoire, lorsqu’on renonce aux plaisirs charnels et qu’on foule aux pieds tous les désirs terrestres par une obéissance entière aux lois qui conduisent au ciel », les dix commandements, l’Evangile.

Saint Jean Chrysostome poursuit: « La prédication de l’Evangile n’est pas seulement une source de richesses multipliées, comme l’est un trésor, mais elle est précieuse encore comme une perle fine, et c’est pour cela qu’après la parabole du trésor, Notre-Seigneur propose la parabole de la pierre précieuse, la perle fine de grande valeur ».
Remarquons ici qu’il s’agit d’une perle et non pas de plusieurs. Puisque « la vérité est une, Dieu est Vérité selon les paroles de Jésus: « Je suis le chemin, la vérité et la vie » et ne peut être divisée en plusieurs parties; c’est pour cela qu’il n’est question que d’une seule perle. Et de même que celui qui possède une perle d’un grand prix connaît bien sa richesse, tandis que tous les autres l’ignorent, de même dans la prédication de l’Evangile, ceux qui ont le bonheur de la recevoir savent quelles richesses spirituelles ils ont acquises, richesses complètement ignorées de ceux qui ne connaissent pas la valeur de cette perle » (Saint Jean Chrysostome).
Concernant le prix nécessaire pour acheter cette perle fine, saint Augustin enseigne: « Car, après avoir tout vendu, après nous être détachés de tout, nous n’avons pas de biens d’un plus grand prix que nous-mêmes, c’est-à-dire, quand nous sommes attachés à quelque chose, nous restons esclaves de cette chose: argent, honneur, plaisirs et nous ne nous possédons pas. C’est en nous détachant que nous devenons libres et maitres de nous-mêmes, capables donc de nous donner à Dieu; et c’est justement nous-mêmes qu’il faut donner pour acquérir cette perle précieuse, qui est l’Evangile, la vie divine, la vie de grâce, non pas que nous soyons d’une valeur égale, mais parce que nous ne pouvons donner davantage ».
A cause de cette perle, saint Paul dit : « J’ai accepté de tout perdre afin de gagner le Christ » (Ph 3,8). Par le mot « tout » il entend les belles perles, et par « gagner le Christ » l’unique perle de grand prix.

Troisièmement le Royaume des Cieux ou « la sainte Eglise est comparée à un filet parce qu’elle est confiée à des pêcheurs, pêcheurs d’hommes, et c’est par elle que chacun de nous est tiré des flots de ce monde sur le rivage du royaume des cieux et arraché aux abîmes de la mort éternelle. Ce filet, commente saint Grégoire, recueille des poissons de toute espèce, car l’Eglise appelle à la rémission des péchés les sages et les ignorants, les hommes libres et les esclaves, les riches et les pauvres, les forts et les faibles. Ce filet, c’est-à-dire la sainte Eglise », … se remplit constamment en faisant des nouveaux enfants par le baptême, et cela jusqu’à la fin du monde.                                                               C’est alors qu’il y aura la séparation : « les bons poissons seront recueillis dans des vaisseaux et les mauvais jetés au loin, c’est-à-dire que les élus, les saints seront reçus dans le bonheur éternel du ciel, tandis que les méchants, les condamnés seront privés de la lumière, seront traînés dans les ténèbres extérieures, l’enfer. Pendant cette vie, les filets de la foi contiennent indifféremment les bons et les mauvais, comme des poissons mêlés ensemble; mais le rivage fera reconnaître ceux que contenait le filet de l’Eglise. En effet, lorsque ce filet sera tiré sur le rivage, alors on verra s’opérer la séparation des bons et des mauvais » (Saint Jérôme).

N’oublions pas cette vérité divine, éternelle, que le monde essaye de faire taire. C’est la Vérité qui parle ici en nous donnant le sens de cette parabole : « Il en sera de même à la fin des temps. Les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise: là, il y aura des pleurs et des grincements de dents ». Il dit ailleurs que c’est lui-même qui les séparera comme un pasteur sépare les brebis d’avec les boucs.

Ecoutons et méditons ces paroles avec une sainte crainte et demandons la grâce d’être comptés parmi ceux qui auront trouvé le trésor caché et la perle fine de grande valeur afin que nous soyons accueillis dans le bonheur éternel du ciel.

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