La transfiguration.
Nous devons voir en sa Transfiguration l’image de la nôtre, un jour. Nous attendrons le Sauveur qui transformera notre corps misérable et le rendra semblable à son corps glorieux.
Tous les évangélistes ont rapporté ce passage étonnant et décalé de l’Evangile. Un jour, montant sur une haute montagne, Jésus changea d’apparence devant ses disciples, qui le virent habillé d’une glorieuse lumière. Je dis bien étonnant, parce que ce n’est tout de même pas banal de voir une telle transformation ! Et décalé aussi puisqu’une telle manifestation est unique dans l’Evangile! Même les miracles les plus grands, ne laissaient pas voir une telle densité de surnaturel. L’Orient plus contemplatif a aimé passionnément fêter ce mystère et c’est de là qu’il est passé aussi dans la liturgie de l’Occident. La fête de ce jour est une fête de lumière. C’est le pape Calixte III qui l’a institué en 1457, après la victoire remportée sur les Turcs grâce à saint Jean de Capistran sous les murs de Belgrade.
Beaucoup d’hommes ont croisés le Seigneur sur cette terre. Certains étaient indifférents, d’autres vaguement intéressés, d’autres enfin ont compris que derrière l’apparence humaine se trouvait le Fils de Dieu, et Dieu Lui-même dans tout l’éclat de sa gloire. Ici, les apôtres comprennent le grand mystère en un instant, quand ils voient de leurs yeux la figure humaine de Jésus se changer et laisser transparaître la gloire qui Lui est propre. Devant ce reflet du paradis, saint Pierre s’enthousiasme même : Seigneur il nous est bon d’être ici ! Faisons trois tentes! …
Tout comme pour les apôtres, Notre Seigneur parsème parfois nos vies de moments de grâces particuliers où la lumière du paradis semble se laisser deviner. C’est ce qu’Il expliqua en personne à sainte Marie-Madeleine de Pazzi qui lui demandait comment était le Paradis. Il lui disait que les plus grandes joies de cette terre sont comme un verre d’eau fraiche au milieu d’une journée torride. Mais qu’elles n’étaient qu’un reflet de l’immense joie du ciel, qui ressemblerait bien plutôt à une piscine rafraichissante dans laquelle on serait plongé. Restons fermes dans la foi, et dans l’espérance au milieu des ombres de cette vie !
Quel est le sens de cette fête?
Nous devons contempler avec respect et adoration notre Dieu éternel ; aujourd’hui encore, nous célébrons sa Royauté.
Nous devons voir en sa Transfiguration l’image de la nôtre, un jour. Nous attendrons le Sauveur qui transformera notre corps misérable et le rendra semblable à son corps glorieux.
Ici commence la portée morale de la fête; sans cesse, il nous faut travailler en vue de cette transfiguration par la pratique de la vie intérieure et spirituelle, par le détachement des choses terrestres.
Les sacrements réalisent en nous une certaine Transfiguration: le baptême, appelé en Orient « photismos« , ilumination, nous communique la lumière de la vie Divine; celui de la confession efface en nous l’obscurité du pêché et nous redonne la dignité de fils de Dieu; finalement celui de l’Eucharistie. A la messe, le Seigneur Transfiguré est parmi nous; dans la sainte communion, nous recevons le « germe de la gloire » et le gage de la résurrection future.
Reprenons cette marche que firent Pierre, Jacques et Jean, les trois Apôtres prédestinés, à la suite de Jésus. L’ascension de cette sainte montagne fut une montée pénible dans le soir tombant. Son sens spirituel m’invite à un effort analogue, qui sera celui de me détacher des créatures, de toutes mes passions, de mes soucis, etc., pour entrer dans le silence de la sainte montagne avec Jésus seul. Cela est rigoureusement indispensable. C’est le seul effort qui a été demandé aux apôtres et qui m’est demandé à moi aujourd’hui. Cet exercice d’ascension spirituelle, de dépouillement de mes passions ou de mes soucis mondains est fatigant, mais avec la Grâce de Dieu, je dois l’entreprendre et me mettre totalement dans la solitude et le silence intérieurs, pour être cœur à Cœur avec Vous, ô Jésus.
Je me vois, avec les yeux de la foi, suivant Jésus. Il marche devant moi, m’entraînant où ? Je ne sais. Quand Il arrive au sommet de la montagne où il n’y a rien, tout simplement, Il se retourne vers moi et s’offre à mon adoration, à mon regard, à mon amour. Cela suffit et me captive et me fait comprendre le mystère : Seigneur, si Vous m’entraînez si loin de tout, dans la solitude, c’est pour Vous donner à moi, pour que je goûte le bonheur qu’il y a de vivre cœur à Cœur avec Vous dans la foi.
Sainte Thérèse d’Avila était enfant quand elle entendit le récit des martyrs catholiques qui, en mourant, montaient tout droit au Ciel. Alors, du haut de ses 6 ans, elle partit à pied d’Avila pour aller chez « les Maures » pour y subir le martyr. Bien vite rattrapée par son oncle, elle lui déclara, « Je veux voir Dieu! ». En fait tous les hommes, en cherchant passionnément à être heureux, à connaître le bonheur infini, cherchent en fait à voir Dieu, qu’ils s’en rendent compte ou non. Le jour de la Transfiguration Jésus nous laisse un indice, pour ceux qui cherchent sincèrement, c’est en Lui que se trouve la vision de Dieu, et le bonheur infini! Lui la Voie, la Vérité, la Vie! Puissions nous tous découvrir ce mystère et passer notre vie à en vivre !