La Sainte Trinité.
Nous croyons que les trois personnes ont une même essence, une même majesté, une même puissance. Nous confessons donc un seul Dieu, parce que l’unité de la majesté nous défend de nommer plusieurs dieux. Il est impossible de par soi-même et absurde qu’il y ait plusieurs dieux.
Nous avons vu les saints apôtres, au jour de la Pentecôte, recevoir l’effusion de l’Esprit-Saint, et bientôt, fidèles à l’ordre du Maître, ils vont partir pour aller enseigner toutes les nations et baptiser les hommes au nom de la sainte Trinité.
Il était donc juste que la solennité qui a pour but d’honorer Dieu unique en trois personnes suivît immédiatement celle de la Pentecôte à laquelle elle s’enchaîne par un lien mystérieux. Cependant, ce n’est qu’après de longs siècles qu’elle est venue s’inscrire sur le cycle de l’année liturgique, qui va se complétant par le cours des âges.
Tous les hommages que la liturgie rend à Dieu ont pour objet la divine Trinité. Les temps sont à elle comme l’éternité; elle est le dernier terme de notre religion tout entière. Chaque jour, chaque heure lui appartiennent. Les fêtes instituées en commémoration des mystères de notre salut aboutissent toujours à elle. Celles de la très sainte Vierge et des saints sont autant de moyens qui nous conduisent à la glorification du Seigneur « unique en essence » et « triple en personnes ». Chaque messe est l’expression de l’adoration, de la louange et du service de l’Eglise envers ce mystère, fondement de tous les autres et source de toute grâce.
On comprend ainsi comment il se fait que l’Eglise ait si longtemps tardé d’instituer une fête spéciale en l’honneur de la sainte Trinité. Ce n’est qu’au 14ème siècle que cette fête a été établie pour toute l’Église. La raison ordinaire de l’institution des fêtes manquait ici totalement. Une fête est comme le monument d’un fait qui s’est accompli dans le temps, et dont il est à propos de perpétuer le souvenir et l’influence (nous l’avons vu très clairement à la Pentecôte, nous le verrons dans quelques jours à la Fête Dieu / Corpus Christi…).
Or, de toute éternité, avant toute création, Dieu vit et règne, Père, Fils et Saint-Esprit.
L’institution de la fête de la Sainte Trinité ne pouvait donc consister qu’à établir sur le cycle liturgique un jour particulier où les chrétiens s’uniraient, d’une manière en quelque sorte plus directe, dans la glorification solennelle du mystère de l’unité et de la trinité dans une même nature divine.
La révélation du dogme de la Très Sainte Trinité est un de ces secrets que les Hébreux (dans l’Ancien Testament) avaient seulement entrevus mystérieusement. Dans l’Ancien Testament nous trouvons par exemple :
– Genèse 1, 26 : « Dieu dit : faisons l’homme à notre image »… Il utilise le pluriel.
– Théophanie faite à Abraham : ces trois personnages mystérieux qui se présentent devant la demeure d’Abraham. Le patriarche s’adresse à eux comme étant trois et parfois comme étant un seul.
– Le chant de Séraphins : le triple « Sanctus » (Is. 6), que nous répétons à chaque messe.
– Livre de la Sagesse : la Sagesse de Dieu apparait telle une personne distincte de Dieu.
Mais ce mystère ne fut expressément révélé que dans la Nouvelle Loi (révélation faite par Jésus lui-même).
– « Nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui il a plu au Fils de le révéler » (Mt 11, 27).
– « Le Père et moi nous sommes un » (Jn 17, 22).
– « Il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai » (Jn 16, 7).
Ce mystère regarde la vie intime de Dieu; or, les choses intimes ne se disent pas à tous, mais seulement aux amis. Et Jésus a bien dit à ses disciples : « je ne vous appelle plus serviteur, je vous appelle mes amis parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père ».
La connaissance de Dieu trine dans les Personnes et un dans son essence, marque le plus haut sommet de la science théologique et confère au peuple chrétien une perfection et une dignité si grandes qu’on peut bien dire qu’en ce dogme réside l’honneur, la gloire et le salut de l’Eglise.
Nous croyons que les trois personnes ont une même essence, une même majesté, une même puissance. Nous confessons donc un seul Dieu, parce que l’unité de la majesté nous défend de nommer plusieurs dieux. Il est impossible de par soi-même et absurde qu’il y ait plusieurs dieux.
C’est là ce que nous ont transmis les prophètes et les apôtres (il faut donc garder la tradition: ce qui nous a été transmis. C’est un acte d’humilité nécessaire); c’est là aussi ce que le Seigneur lui-même nous a enseigné, quand il a dit: « Moi et mon Père, nous sommes une seule chose ». Par ces mots « une seule chose », il exprime, comme nous l’avons dit, l’unité de la divinité (un seul Dieu); et par ceux-ci : « nous sommes », il marque la pluralité des personnes (trois personnes divines).
Bénie soit la Très Sainte Trinité qui nous a créé, racheté et qui nous fait goûter déjà en quelque sorte la joie qui nous attend au Ciel en faisant sa demeure en nous par la grâce qui nous est donnée au moyen des sacrements.