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Année 2022-Homélie pour le 5ème dimanche de Pâques (JA).

L’amour réciproque.

 

« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ».

 

 


L’Evangile de ce dimanche est bref mais particulièrement riche de sens. Jésus parle de la glorification du fils de l’homme puis annonce son départ et nous donne un commandement nouveau: celui de l’amour réciproque comme lui-même l’a pratiqué.

Nous sommes dans le temps pascal, le temps de la glorification de Jésus. L’Evangile nous rappelle que cette glorification est le fruit du mystère de la Passion. Dans le mystère pascal, passion et glorification sont étroitement unies formant une unité indissociable.
Jésus dit : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui ». Il fait cette affirmation au moment où Judas sort du Cénacle, c’est-à-dire au moment où commence sa glorification.
Saint Jean ne dit pas que Jésus a été glorifié seulement après sa Passion par sa Résurrection mais il montre que sa glorification a commencé justement en même temps que sa passion. En elle aussi, Jésus manifeste sa gloire qui est une gloire d’amour généreux.
La gloire de Dieu, c’est la gloire d’aimer. De la même manière, la gloire de Jésus, c’est la gloire d’aimer. Il a aimé le Père accomplissant sa volonté avec une parfaite générosité. Il a aimé jusqu’au bout. Il nous a aimés en donnant, comme le fait le Bon Pasteur, sa vie pour nous. Il est donc glorifié dès le commencement de sa passion et Dieu est glorifié en lui.
Mais la Passion n’est qu’un commencement. Jésus affirme donc que sa glorification interviendra aussi dans le futur : « Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt ».

Jésus annonce son départ à ses disciples : « Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps, et vous me chercherez ». Il leur donne donc un commandement comme pour continuer d’une manière différente sa présence au milieu d’eux : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ».
La présence de Jésus dans le monde est multiple ; il y a sa présence par excellence dans l’Eucharistie : présence réelle (tel qu’il est au Ciel) ; Il est présent aussi par sa parole ; Il est présent encore par la grâce dans les cœurs des fidèles, et le fruit de cette présence est la charité.
Jésus parle d’un « commandement nouveau ». Quelle est la nouveauté de ce commandement ? Dans l’Ancien Testament, Dieu avait déjà commandé l’amour réciproque comme Jésus l’a rappelé aux scribes qui l’interrogeaient afin de savoir quel était le plus grand commandement de la Loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37-39; Mc 12, 29-30).
Ce commandement qui existait déjà dans l’Ancien Testament («aimez-vous les uns les autres ») a reçu un ajout très important : «comme je vous ai aimés », dit Jésus. Il nous faut aimer comme Jésus a aimé. Dans l’Ancien Testament on ne trouve pas de modèle aussi parfait de l’amour.
Jésus, lui, nous a donné un modèle, il s’est donné lui-même comme modèle de charité. Rejeté de tous, moqué et condamné à mort infâme, Jésus aime son Père et il nous aime jusqu’au bout.
En nous donnant ce commandement nouveau, Jésus nous demande de suivre son exemple. Il est clair que nous ne sommes pas capables de le faire avec nos seules forces. Nous sommes trop faibles, trop limités. «Sans moi vous ne pouvez rien faire ». Le bon Jésus lui-même nous a promis d’être présent dans notre cœur par la grâce en nous rendant capables de cette charité sans mesure.

Jésus conclut : « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Le sceau authentique du chrétien c’est l’amour fraternel vécu dans l’exemple du bon Jésus et avec sa grâce.

Saint Jean Chrysostome commente : « Notre-Seigneur laisse de côté les miracles que ses disciples devaient opérer, et veut qu’on ne les reconnaisse qu’à cet amour seul qu’ils auront les uns pour les autres… C’est à ce signe qu’on reconnaît la véritable sainteté, comme c’est à ce signe que le Sauveur reconnaît ses disciples ».

Et saint Augustin : « Ne semble-t-il pas dire : ceux qui ne sont pas mes disciples partagent avec vous [qui êtes mes disciples] d’autres grâces, d’autres faveurs ; non-seulement ils ont une même nature, une même vie, une même intelligence, une même raison, et cet ensemble de biens qui sont communs aux hommes et aux animaux, mais encore le don des langues, le pouvoir d’administrer les sacrements, le don de prophétie, la science, la foi, la distribution de leurs biens aux pauvres, le sacrifice de leur corps au milieu des flammes ; mais parce qu’ils n’ont point la charité, ce sont des cymbales retentissantes, ils ne sont rien, et tous ces dons ne leur servent de rien ?».
C’est par l’amour réciproque dans nos familles, dans nos paroisses et partout où nous nous trouvons que nous témoignons de notre appartenance au Christ.

Sainte Teresa de Calcutta : « Je dis toujours que l’amour commence à la maison : d’abord dans votre famille et ensuite dans votre ville. C’est facile de prétendre aimer les gens qui sont très loin, mais beaucoup moins facile d’aimer ceux qui vivent avec nous ou tout près de nous. Je me méfie des grands projets impersonnels: l’amour doit commencer par une personne. Pour parvenir à aimer quelqu’un, il faut le rencontrer, se rendre proche de lui ».

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

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