Les lépreux.
Le chrétien doit être quelqu’un qui rend continuellement grâce à Dieu car il reçoit continuellement des grâces de lui. Il ne bénéficie peut-être pas toujours de grâces exceptionnelles mais oui d’une multitude de petites grâces qui rendent sa vie plus belle.
Au moment où Jésus devait rentrer dans un village, dix lépreux viennent à sa rencontre.
« Que représentent les dix lépreux sinon l’ensemble des pécheurs ? –se demande l’évêque saint Bruno de Segni – Lorsque le Christ notre Seigneur est venu, tous les hommes souffraient de la lèpre de l’âme, même s’ils n’étaient pas tous atteints de celle du corps. Or la lèpre de l’âme est bien pire que celle du corps ».
«Les lépreux s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : Jésus, Maître, prends pitié de nous ». Ces hommes se tenaient à distance car ils n’osaient pas, étant donné leur état, s’avancer plus près de lui. Il en va de même pour nous : tant que nous demeurons dans nos péchés, nous nous tenons à l’écart. Donc, pour retrouver la santé et guérir de la lèpre de nos péchés, supplions d’une voix forte et disons : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ». Cette supplication ne doit toutefois pas venir que de notre bouche, mais surtout de notre cœur, car le cœur parle d’une voix plus forte. La prière du cœur pénètre dans les cieux et s’élève très haut, jusqu’au trône de Dieu .
Les dix lépreux prononcent le nom de Jésus, et méritent d’en éprouver l’efficacité, car le nom de Jésus veut dire Sauveur.
Jésus leur dit simplement : « Allez vous montrer aux prêtres ».
Les lépreux devaient se présenter aux prêtres mais seulement après leur guérison. Les prêtres n’avaient pas pour fonction de les guérir, mais de s’assurer que leur guérison était bien intervenue. Ce rôle revenait aux prêtres car ces éléments concernaient la pureté. Les lépreux ne pouvaient pas participer au culte en raison de leur impureté mais, après leur guérison ils y étaient, à nouveau, admis et c’est pour cette raison que devait s’exercer le contrôle des prêtres.
Lorsque Jésus invite les lépreux à se présenter aux prêtres, il leur dit au fond : « vous serez guéris en chemin et vous pourrez alors vous présenter aux prêtres ». Et c’est effectivement ce qui advient puisqu’ils sont guéris, le texte grec dit : « ils sont purifiés ».
Ce miracle change totalement la vie de ces lépreux qui pourront à nouveau agir normalement et avoir des contacts avec les autres, avoir une vie « normale ».
Les lépreux ont obtenu un grand miracle de Jésus. Que doivent-ils faire alors ? L’un d’entre eux se pose cette question. L’Evangile dit : « L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce ».
L’évangéliste nous fait noter que cet homme était un samaritain, un étranger, et cette information est significative. Les autres étaient probablement des Hébreux qui considéraient leur guérison comme normale, due.
Jésus observe alors : «Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger!».
Jésus nous fait remarquer ici que le fait de rendre grâce est très important, qu’il est de l’ordre du devoir.
Jésus est attristé parce que les neuf autres ne sont pas revenus. Il est forcé de constater que neuf des dix lépreux n’ont pas rendu gloire à Dieu. Le Cœur de Jésus qui ne palpite que pour la gloire du Père s’attriste donc de ce que les hommes ne lui rendent grâce. Mais voyant le samaritain reconnaissant il lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé», et celui-ci est le seul à entendre ces paroles tellement importantes de la bouche même de Jésus, le Sauveur.
Rendre grâce à Dieu est un devoir. Et nous le proclamons ainsi à chaque Messe :
« Rendons grâce au Seigneur notre Dieu ». – « Cela est juste et bon ». (Un devoir de justice).
Ce point est absolument fondamental pour notre vie de foi. Le chrétien doit être quelqu’un qui rend continuellement grâce à Dieu car il reçoit continuellement des grâces de lui. Il ne bénéficie peut-être pas toujours de grâces exceptionnelles mais oui d’une multitude de petites grâces qui rendent sa vie plus belle.
Saint Paul dit au Thessaloniciens peu après leur conversion: « Rendez grâce en toutes circonstances : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus » (1 Th 5, 18).
« En toutes circonstances », et donc aussi dans les difficultés ! En effet, la grâce de Dieu nous est donnée tout au long de notre vie, même au milieu des épreuves et bien souvent les grâces qui nous sont alors accordées sont plus précieuses que celle que nous recevons dans des circonstances plus joyeuses. En ouvrant nos yeux et notre cœur nous pouvons nous apercevoir de ce que le Seigneur vient à notre rencontre dans les circonstances douloureuses et nous offre un soutien très précieux qui manifeste sa délicatesse de « Père très aimant » (comme nous l’appelons au début du canon de la Messe).
La gratitude, la reconnaissance est un acte qui implique toute notre existence. Il ne s’agit pas juste de dire merci (cela il faut le faire évidement) mais surtout d’accomplir notre devoir d’adoration et de service. « L’amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles ».