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Année 2022-Homélie pour le 24ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Dieu ne se résigne pas à perdre quelqu’un.

Il ne faut qu’une chose pour que l’homme puisse vivre de la miséricorde de Dieu : il faut qu’il le désire, qu’il accepte de se reconnaître pécheur.

 


L’Evangile de ce dimanche nous donne à écouter les trois paraboles qui forment ensemble le chapitre 15 de l’Evangile selon saint Luc. Dans chacun de ces trois cas, il est question de quelqu’un ou de quelque chose qui est perdu, puis retrouvé : une brebis, une drachme, un fils de famille. Si l’Eglise a voulu garder unis ces trois textes, c’est qu’ils ont quelque chose en commun, qui est le cœur de l’enseignement de ce jour. Ce que l’on retrouve en chacune de ces paraboles, c’est l’inquiétude et la hâte de celui qui est responsable de ce qui est perdu : initiative du pasteur qui quitte tout pour chercher la brebis perdue, inquiétude de la maîtresse de maison qui balaye partout pour retrouver sa pièce, hâte du père qui part à la rencontre de son fils repentant.
Vous l’avez compris, il s’agit à chaque fois de Dieu le Père qui part à la recherche de l’un de ses enfants perdu. Dans chacun des cas, l’initiative de la miséricorde divine est présente. Et c’est pour cela, d’ailleurs, qu’on a coutume de nommer ce chapitre 15 : les trois paraboles de la miséricorde.« Jésus-Christ, comme un bon pasteur, vous porte sur ses épaules; l’Eglise vous cherche comme une mère; Dieu vous reçoit comme un tendre père» (Saint Ambroise).

C’est le Père qui part à la rencontre de ses enfants perdus. Cela signifie que c’est Dieu qui a l’initiative, c’est lui qui court après les pécheurs pour les retrouver, pour qu’ils se retrouvent, pour qu’ils reçoivent de lui le pardon. Et il en est ainsi dès la première faute. Souvenez-vous du récit de la première faute, celle des origines (Gn 3). L’homme et la femme vont se cacher de Dieu, car ils ont honte de leur nudité et c’est Dieu qui appelle Adam : « où es-tu ? ». (Gn 3, 9). Et saint Paul ne dit pas autre chose à son propre sujet, dans la seconde lecture (1 Tim 1, 12-16) : « Le Christ m’a pardonné ? il est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ».
«L’action de Dieu est celle de celui qui va à la recherche des enfants perdus pour ensuite faire la fête et se réjouir … Il s’agit d’un désir irréfrénable… car chacune est très importante pour lui et celle-ci a davantage besoin, elle est la plus abandonnée, la plus délaissée ; et il va la chercher… Dieu ne met personne au rebut; Dieu aime tout le monde, il cherche tout le monde: un par un !… car Il est entièrement amour et miséricorde»(Pape François, 4 Mai 2016).

On pense volontiers qu’en matière de salut et de pardon, c’est à l’homme pécheur de prendre l’initiative. Mais ce n’est pas juste : c’est Dieu qui a l’initiative, qui va à la rencontre des hommes, pour leur prodiguer sa tendresse, leur témoigner qu’il est « tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ps 144). On ne peut mieux le manifester qu’en contemplant le Verbe qui se fait chair: pour venir chercher l’homme où il est, il se fait homme, afin de rencontrer chacun où il se trouve. La patience de Dieu à notre égard est sans limite, mais c’est une patience active. Même si nous n’y prenons pas garde, il nous sollicite, il nous adresse des signes, des invitations à revenir à lui. S’adressant à sainte Faustine, le Seigneur lui dit : « Dis aux pécheurs que je les attends toujours ».

Il ne faut qu’une chose pour que l’homme puisse vivre de la miséricorde de Dieu : il faut qu’il le désire, qu’il accepte de se reconnaître pécheur. C’est là que, bien souvent, réside l’obstacle. L’homme orgueilleux à tant de mal à reconnaître ses fautes, à sortir de la prison de son amour propre. Mais c’est là aussi que se situe notre mission. Si nous vivons vraiment de la miséricorde, nous devons brûler pour que tous les hommes la découvrent. La miséricorde, dit saint Augustin, est «une compassion du cœur (cor en latin) pour la misère d’autrui qui nous pousse à le secourir, si nous le pouvons». C’était, on le sait, la prière de saint Dominique, qu’il proférait dans les larmes : « Seigneur, ma miséricorde, que deviendront les pécheurs ? » Nous aussi, nous devons prier pour que les cœurs s’attendrissent et se tournent vers le Christ. Et nous le pouvons, si nous sommes dans l’amitié de Dieu. Car Thomas d’Aquin nous dit, à son tour, que « l’homme en état de grâce faisant la volonté de Dieu, il convient que Dieu fasse la volonté de l’homme pour le salut d’autrui, en proportion de son amitié ». Il faut prier pour les hommes qui se perdent, car Dieu veut les sauver en exauçant nos prières. Notre vocation de chrétien, c’est d’être des Jean-Baptiste dans le monde d’aujourd’hui (Lc 1) : «Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, Tu marcheras devant, à la face du Seigneur, pour préparer ses voies, Pour donner à son peuple de connaître le salut, par la rémission de ses péchés».

Il y a un autre trait commun à ces trois paraboles : c’est la joie de celui qui a retrouvé ce qu’il avait perdu. Il n’y a pas de plus grande joie pour un père que de retrouver son fils perdu. Il n’y a pas de plus grande joie pour un chrétien que de vivre et de faire découvrir la miséricorde du Père.

«Nous devrions réfléchir plus souvent sur ces paraboles, car dans la communauté chrétienne, il y a toujours quelqu’un qui manque et qui s’en est allé en laissant la place vide. Cela est parfois décourageant et nous conduit à croire qu’il s’agit d’une perte inévitable, d’une maladie sans remède… Dans la vision de Jésus, il n’y a pas de brebis définitivement perdues, mais seulement des brebis qui doivent être retrouvées. Nous devons bien comprendre cela : pour Dieu, personne n’est définitivement perdu. Jamais ! Jusqu’au dernier moment, Dieu nous cherche… La perspective est donc entièrement dynamique, ouverte, stimulante et créative. Elle nous pousse à partir à la recherche… Trouver celui qui s’est perdu est la joie du pasteur et de Dieu, mais c’est aussi la joie de tout le troupeau ! Nous sommes tous des brebis retrouvées et rassemblées par la miséricorde du Seigneur, appelés à rassembler avec Lui tout le troupeau!» (Pape François, 4 Mai 2016).

Source :http://toulouse.dominicains.com/homelie879

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