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Année 2022-Homélie pour le 19ème dimanche après la Pentecôte (JA).

« Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils ». Le royaume des cieux c’est la sainte Eglise de Dieu, dans son état présent où nous la voyons sur la terre.
Le Roi c’est Dieu le Père, le Fils c’est Notre-Seigneur. Mais comment Dieu le Père a-t-il fait des noces à son Fils? En lui unissant notre nature par l’Incarnation, et son Eglise par le baptême et les autres sacrements.
Le Fils de Dieu, grand comme il est, s’est choisi une Epouse, pauvre et petite, laide et difforme, à cause du péché. Mais il l’a guérie, il l’a purifiée, il l’a sauvée, il se l’est unie et unie indissolublement par son Incarnation. Alors il est l’Epoux, et l’Eglise est l’Epouse.
Et il se fait des noces et ces noces sont toutes de joie et de bonheur. A ces noces, il y a un festin royal, divin; il y a un cantique, le Cantique des cantiques; rien n’y manque de tout ce qui peut donner à Dieu de la gloire, et à nous de la paix. Et nous sommes à ces noces; et elles se font pour nous. Car non seulement nous y assistons; mais nous sommes l’Epouse ; puisque l’Epouse c’est l’Eglise, et toute âme fidèle dans l’Eglise.
Donc, rendons grâces à Dieu de notre bonheur, et adorons l’Epoux.

Et « le Roi envoya ses serviteurs appeler aux noces les invités, et ils ne voulaient pas venir ». Et il envoya d’autres serviteurs dire aux invités : « Venez, tout est prêt ». Le Roi, c’est Dieu le Père. Il envoya ses serviteurs une première fois, ce furent les prophètes ; une seconde fois, ce furent les apôtres. Que de fois Dieu par ses prophètes invita les Juifs aux noces du Sauveur.
Mais les Juifs ne voulurent pas venir : ils oublièrent tous les avertissements de Dieu, et quand l’Epoux fut au milieu d’eux, ils le méconnurent. Dieu leur envoya ensuite les apôtres, avec une parole puissante, avec la voix des miracles et ils ne les écoutèrent pas.
Cependant les noces se faisaient : la grâce d’en-haut était descendue sur la terre; le Sauveur se créait des âmes de bonne volonté qui venaient à ses noces, l’adoraient comme l’Epoux, prenaient part à son festin, et lui chantaient le saint cantique.
Oh, le redoutable mystère! Mystère de la liberté. Dieu appelle, et voilà des âmes qui ne l’écoutent pas; Dieu appelle, et voilà des âmes qui l’écoutent.

« Ceux qui étaient appelés n’en tinrent pas compte, et s’en allèrent, l’un à ses champs, l’autre à son commerce ; les autres prirent ses serviteurs, les couvrirent d’opprobres, et les firent mourir ». Notre-Seigneur, en parlant ainsi, prophétisait ce qui devait arriver au peuple juif; car il fut appelé le premier; les Gentils (Païens) ne furent appelés qu’après le refus des Juifs. Donc, ils ne tinrent pas compte de l’appel de Dieu, et s’en allèrent l’un à ses champs, l’autre à son commerce.
Combien pauvres sont les excuses de ceux qui ne veulent pas faire leur salut, et venir aux noces du Fils de Dieu! L’un veut travailler la terre; mais la travailler uniquement, exclusivement, donner à la terre tout ce qu’il a de forces, de pensées, d’énergie, d’affection. Un autre est plus désireux du gain et se livre au commerce; il est aux affaires; et à cause des affaires, il néglige la grande, l’unique affaire qui est le salut de son âme.
Mais voici qui est plus lamentable: d’autres, non seulement repoussent la grâce de Dieu qui les appelle, mais ils la persécutent, et maltraitent les envoyés de Dieu, qui leur apportent cependant la plus heureuse des invitations. C’est ce qu’ont fait les malheureux Juifs, en faisant souffrir les apôtres, et en martyrisant plusieurs des premiers disciples de Notre-Seigneur.

« Le Roi, irrité,  envoya ses armées, perdit ces malheureux homicides, et brûla leur ville ». Les Juifs avaient persécuté les prophètes et les apôtres, mis à mort Notre-Seigneur ; et tant de crimes criaient contre le ciel, et demandaient vengeance. La vengeance arriva, elle arrive toujours. Dieu se doit à lui-même de venger les injures qui lui sont faites.
Il envoya donc ses armées. C’étaient les armées des Romains. Ils étaient païens et pourtant ils étaient l’armée de Dieu parce qu’ils marchaient  pour exécuter la sentence de sa justice éternelle, contre une ville tachée du sang du Fils de Dieu et de ses prophètes et de ses apôtres et de ses fidèles.
Et la ville fut brûlée, et avec elle un grand nombre de ses habitants ; le temple fut détruit, suivant la prophétie de Notre-Seigneur. Et c’est ainsi que Dieu fit justice contre ces infortunés qui n’avaient point voulu venir aux joies des noces du Fils de Dieu.

Et « Le Roi dit à ses serviteurs : « Allez-vous-en de tous côtés et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez ». Ils partirent, et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons et méchants ; et il y eut aux noces une foule de convives ».
Les Juifs ayant repoussé l’invitation de Dieu, les Païens furent conviés au festin des noces. Les Apôtres et leurs successeurs remplirent le monde de leur prédication, et des foules innombrables entrèrent dans l’Eglise, voulant prendre part à la joie commune et au festin royal préparé par Dieu même.
Mais dans une si grande foule, il se trouve des bons et des méchants; l’Eglise les engendre tous à Dieu par le baptême; mais elle ne peut les amener tous à la vie sainte des enfants de Dieu. Il en est ainsi sur la terre, bons et méchants s’y trouvent mêlés dans l’Eglise. Au ciel, il n’y aura que des bons ; en enfer, il n’y aura que des méchants; mais la vie présente, placée pour ainsi dire entre le ciel et l’enfer, reçoit pour un temps les futurs habitants du ciel et ceux de l’enfer. L’heure de la séparation viendra: en attendant, les bons souffrent extérieurement ; intérieurement, ils ont les joies des noces, joies que Dieu leur donne.

« Le Roi vint visiter les convives, et il trouva un homme qui n’avait pas l’habit de noces. Et il lui dit : « Mon ami, comment es-tu venu sans ton habit de noces ? » Il se tut. Le Roi dit à ses ministres : « Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents » ».
Ceci arrive à la mort de chacun de nous; le Roi fait la visite des convives et il voit alors si chacun de nous porte l’habit de noces, c’est-à-dire la grâce sanctifiante, la divine charité, dont Notre-Seigneur nous a revêtus au baptême.
Mais comme elle est douce la visite du Roi, et comme il est doux le langage de Dieu: « Mon ami ». C’est Dieu qui parle à un homme qui a perdu la grâce: « Mon ami, tu es aimé, comment se fait-il que tu n’aimes pas ? ». Il se tut. Que répondre à Dieu, à Dieu qui parle si divinement, à Dieu qui dit: « Mon ami ? » Il se tut. Mais le jugement fut néanmoins rendu. Il a abusé de ses pieds, liez-lui les pieds; il a abusé de ses mains, liez-lui les mains. Il n’a pas voulu vivre dans la lumière, jetez-le dans les ténèbres ; il n’a pas voulu de la joie des noces, qu’il aille pleurer éternellement, et éternellement grincer des dents en enfer.

« Car il y a beaucoup d’appelés, et peu d’élus ». Les appelés, en un sens, ce sont tous les hommes : car tous sont créés de Dieu pour le salut éternel, tous sont compris dans la charité du Rédempteur, tous sont de près ou de loin appelés à entrer dans l’Eglise, à recevoir le baptême et les sacrements. En ce sens, tous sont appelés.
Mais le péché se trouve là comme un obstacle effrayant. Ici, l’obstacle empêche d’entendre la parole de Dieu ; là, il empêche d’en profiter quand on l’a entendue ; ailleurs, il fait perdre à l’âme la grâce de son baptême et la fait rentrer dans les voies de la perdition. Quel grand mal c’est le péché, puisqu’il est la cause, la seule cause de la perdition éternelle d’un si grand nombre d’âmes.
Pourtant, il y a des âmes qui échappent à la perdition, qui échappent au péché, qui reçoivent la grâce et qui lui sont fidèles. Il y en a, ce sont les élus. Mais, suivant la parole de Notre-Seigneur, il y en a peu.
Serons-nous de ce nombre ? Oui, si nous fuyons le péché. Oui, si nous sommes fidèles à Dieu. Oui, si nous mourons en l’amitié de Dieu. Mon Dieu, accordez-nous cette grâce.

Sources: Méditations du Père Emmanuel André.

 

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