Il nous faut apprendre à nous aimer les uns les autres. Si nous aimons Dieu, nous devons aimer nos frères, qui sont à Dieu ; si nous manquons à aimer nos frères, nous manquons certainement à aimer le Bon Dieu. Manquer à la charité pour ses frères, c’est manquer à la charité pour Dieu.
La liturgie de ce dimanche nous fait méditer sur la vertu de la charité : amour de Dieu au-dessus de tout et amour du prochain par motif de l’amour de Dieu.
Le saint Curé d’Ars disait : « La charité nous oblige à aimer Dieu et le prochain comme nous–mêmes… Nous, au contraire, nous sommes fâchés du bonheur des autres, on se venge de tout. De là, ces haines, ces empoisonnements, on déchire la réputation du prochain, on est envieux, peiné de le voir jouir d’une bonne réputation. Si on loue un de vos amis, et qu’on ne dise rien de vous, vous êtes contrariés, vous êtes quelques fois même fâchés de voir les autres plus vertueux que vous, parce que vous pensez qu’ils seront plus aimés et plus honorés. Parce que vous savez bien que la vertu est toujours aimée. Si vous voyez quelqu’un qui se soit converti et qui fasse de rapides progrès dans la vertu, qui en peu de temps soit arrivé à un haut degré de perfection, cela vous fait de la peine de vous voir en arrière. Si on le loue, vous en éprouvez du chagrin et vous dites : » Oh ! Il n’a pas toujours été comme cela ; il était bien comme les autres, il a fait telle ou telle chose. » Tout cela vient de l’orgueil et il arrive souvent qu’on ne se connait pas et que l’on ne voit pas même qu’on est grandement coupable.
Le bon chrétien n’est pas comme cela, mes enfants, on le compare à une colombe parce qu’il n’a pas de fiel, il aime tout le monde : les bons, parce qu’ils sont bons, les mauvais, par compassion et parce qu’il voit en eux une âme rachetée du sang de Jésus-Christ. Il prie pour les pécheurs et dit à Notre Seigneur : » Mon Dieu, ne permettez pas que ces pauvres âmes périssent ! C’est comme cela qu’on arrive au Ciel. Tandis que ceux qui croient être quelque chose parce qu’ils font quelques pratiques de piété, mais qui sont constamment dans la jalousie, la haine, se trouveront bien dépourvus au dernier jour.
Nous ne devons haïr que le démon, le péché et nous-mêmes. Il faut avoir la charité de saint Augustin, qui se réjouissait quand il voyait quelqu’un de bien sage : au moins, se disait-il, en voilà un qui dédommage le Bon Dieu de mon peu d’amour ».
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même », répond à Jésus un Docteur de la Loi. Et Jésus approuve cette réponse en lui disant : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras ». Et puis afin de nous donner un modèle concret de charité Jésus raconte une parabole, celle du bon samaritain.
Dans un autre passage de l’Evangile Jésus parle de la charité en lui donnant le nom de « justice ». Ce passage nous sert aussi à éclairer les sens de cette parabole.
Jésus dit à ses disciples :« si votre justice ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux ».
La justice de ces gens-là était de ne pas tuer, de ne pas voler, et, de plus, de faire assez de bonnes œuvres par vanité et pour la gloire humaine.
Telle n’est pas la justice chrétienne , qui consiste surtout à aimer et qui fait garder les commandements par le motif de l’amour de Dieu et du prochain.
Un chrétien qui ne fait de mal à personne, n’est pas pour cela juste devant Dieu (…et combien de fois on entend de gens –et nous-mêmes– se justifier en disant : je n’ai fait de mal à personne, je n’ai pas volé, je n’ai pas tué… etc.). Mais selon l’Evangile cela ne suffit pas pour atteindre notre but qu’est la sainteté, l’imitation de Jésus. Un chrétien doit faire le bien, à son âme d’abord, ensuite à son prochain, autant qu’il peut. Il doit en tout cela avoir en vue de plaire à Dieu en toutes choses et par-dessus toutes choses. C’est ce que veut nous apprendre Jésus à travers la parabole du Bon Samaritain : cet homme qui désintéressé prend soin même d’un inconnu. Il se donne, il donne de son temps, il donne de ses biens, il donne de son argent.
Saint Pierre dans sa lettre nous enseigne : « Soyez tous unis en la prière, soyez compatissants, aimez-vous en frères, soyez miséricordieux, et modestes, et humbles ». A l’école de saint Pierre, il nous faut apprendre à nous aimer les uns les autres. Si nous aimons Dieu, nous devons aimer nos frères, qui sont à Dieu ; si nous manquons à aimer nos frères, nous manquons certainement à aimer le Bon Dieu. Manquer à la charité pour ses frères, c’est manquer à la charité pour Dieu.
Ainsi si notre « justice n’est pas plus grande que celle des Scribes et des Pharisiens », si notre charité n’est pas comme celle du bon Samaritain –pourrions-nous ajouter–, « vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » nous dit Jésus.
Peut-être durant cette vie, où coexistent le bon et le mauvais nous fréquenterons l’église, mais dans le royaume des cieux seul entrera celui qui observe les commandements, celui qui pratique la charité tel le bon Samaritain.
Que le Seigneur augmente notre charité!
Ainsi soit-il.