La souffrance du Christ en sa passion.
Le Fils de Dieu s’étant incarné dans une nature passible, on ne s’étonnera pas que toute sa vie humaine ait été marquée par la souffrance. Il a ainsi choisi de naître au milieu des rigueurs de l’hiver, afin de souffrir pour nous ; il a embrassé une vie de pauvreté corporelle, afin de nous accorder les richesses spirituelles (Cf. 2 Co 8, 9) ; il s’est librement soumis aux tentations comme les autres hommes, et a « été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché » (He 4, 15bis).
Saint Thomas d’Aquin ne manque pas de souligner l’intention sotériologique (en vue du salut) de ces souffrances physiques et psychologiques assumées par le Rédempteur, au-delà de leur causalité exemplaire (ll 4). Toutes les actions du Christ sont tendues vers l’accomplissement du dessein salvifique par la croix. Au Golgotha sont pour ainsi dire condensées toutes les souffrances de Jésus, comme aussi toutes les souffrances de l’humanité.
De même que le Christ a assumé toutes les déficiences du corps et de l’âme « in genere », de même il a enduré lors de sa passion toutes les souffrances non quant à leur espèce – ce n’est pas possible, puisque certaines s’excluent l’une l’autre – mais quant à leur genre.
Dans la Somme, Saint Thomas d’Aquin se montre particulièrement exhaustif : le Christ a subi tous les genres de souffrances tant du côté des sujets qui l’affligeaient, que du côté de l’objet de ces outrages. En effet quant aux personnes, Jésus a souffert de la part des Juifs et des païens (soldats romains), des hommes et des femmes (la servante qui a accusé Pierre), des chefs et des serviteurs, des inconnus et des familiers (Judas et Pierre). Quant à la matière, le Seigneur a souffert dans les liens affectifs par l’abandon de ses amis, dans sa réputation et son honneur bafoués par les calomnies et les moqueries, dans ses biens par le dépouillement de ses vêtements, dans son âme par la tristesse, dans son corps par les blessures reçues :
« Le Christ a souffert dans sa tête les piqûres de la couronne d’épines ; dans ses mains et ses pieds, les clous ; sur son visage, les soufflets et les crachats ; et sur tout le corps, les fouets. Il a également été atteint dans tous les sens de son corps : dans le toucher, ayant été flagellé et cloué ; dans le goût, ayant été abreuvé de fiel et de vinaigre ; dans l’odorat, ayant été suspendu au gibet en un lieu fétide appelé Calvaire, où se trouvaient des cadavres (cf. Mt 27, 33) ; dans l’ouïe, ayant été harcelé par les voix de ceux qui blasphémaient et se moquaient ; dans la vue, quand il vit pleurer « sa mère et le disciple qu’il aimait » (Jn 19, 26) ».
Le Seigneur devait en effet vaincre la mort en mourant lui-même, et triompher du démon, prince de la mort, par le trophée de la croix. C’est pour cela qu’il rentre en vainqueur et en triomphateur dans la ville où il sera crucifié et mort quelques jours plus tard.
Suivons le Christ notre Roi, par la foi, l’espérance et la charité, afin qu’il nous conduise jusqu’au Royaume de Cieux.