« Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres ».
Demandons à Dieu de chasser les ténèbres de notre cœur ; ténèbres qui nous viennent à cause de nos péchés. Que par la grâce, tout particulièrement du sacrement de la confession, le Seigneur nous illumine.
« C’était encore les ténèbres » nous dit Saint Jean. Les ténèbres naturelles bien sûr parce que c’était très tôt le matin, mais aussi les ténèbres au sens spirituel parce qu’ elle ne croyait pas encore à la résurrection. Ni elle ni les disciples comme nous le dit l’Evangile. Les ténèbres régnaient encore dans leur cœur : tristesse, peur, sentiment d’abattement… tout était perdu après la mort de Jésus et à cause de la mort de Jésus. La Croix avait pour ainsi dire cassé tous les bons projets. Il y avait plus rien. Il y avait les ténèbres.
Mais le tombeau vide et les linges sont les premiers témoins de la Résurrection de Jésus. Ce saint suaire qu’on garde à Turin, et dont nous avons en ces jours une copie exposée ici, et dans lequel notre Seigneur au moment de sa Résurrection a voulu laissé comme imprimées les traces de sa Passion en signe de triomphe. Saint Jean l’a vu et il a compris, et il a cru, nous dit-il dans l’Evangile. Parce que Jésus avait déjà annoncé sa Résurrection mais pour les disciples c’était un langage inconnu, incompréhensible.
Il fait encore sombre. Marie se rend au sépulcre. Marie est pleine d’amour, mais aussi de souffrance et de douleur. En arrivant au tombeau, elle a une surprise : elle se rend compte que la pierre a été enlevée du sépulcre. Tout le passage de l’Evangile veut nous faire saisir que la Résurrection est un événement inattendu pour les disciples eux-mêmes. Ils pensaient que la mort de Jésus avait mis un terme à toute son action. Ils n’avaient pas compris les prédictions de Jésus concernant sa Résurrection.
Voyant la pierre enlevée, Marie de Magdala n’en conclut pas que le Seigneur est ressuscité, mais qu’on a enlevé le Seigneur de son tombeau. Pour elle la Résurrection est une chose impensable. Le Seigneur est mort. Il ne peut pas sortir seul du tombeau. Telle est la conclusion à laquelle arrive Marie de Magdala.
Marie court rapporter la chose aux disciples qui se rendent immédiatement au sépulcre afin de vérifier son récit. Les deux disciples en question sont Simon Pierre et le disciple que Jésus aimait. L’évangéliste note que l’autre disciple, bien que courant plus vite et étant arrivé en premier car il est plus jeune, est plein de respect pour Pierre, considéré véritablement comme le chef des apôtres. C’est pourquoi il n’entre pas immédiatement mais attend afin que Pierre entre en premier.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. Tout cela est véritablement étrange, qu’est-ce que cela veut bien signifier? Si des malfaiteurs avaient enlevé le corps de Jésus ils auraient certainement pris avec eux les bandelettes et le linceul. Ils n’auraient pas laissé les bandelettes au sol et le linceul plié à sa place.
Lorsque l’autre disciple entre dans le sépulcre, il voit lui aussi les bandelettes et le linceul, et a comme une illumination. Il comprend: le corps de Jésus n’a pas été volé. Jésus a repris vie: une vie différente de la vie terrestre, une vie dans laquelle les bandelettes et le linceul n’ont plus aucune utilité. L’autre disciple « vit, et il crut. »
L’évangéliste observe par la suite: -«Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts». Jean veut nous faire comprendre que la Résurrection de Jésus n’a pas été pensée à partir de l’Ecriture, mais qu’au contraire, c’est elle qui éclaire et illumine l’Ecriture. C’est seulement après cet événement que les disciples ont compris ce que voulait réellement dire l’Ecriture et ce que signifiaient les prédictions de Jésus. Avant ils ne savaient pas les interpréter. La Résurrection de Jésus est l’événement qui a illuminé l’esprit et le cœur des disciples.
Jésus ressuscité est source de lumière, d’une lumière réconfortante. Sa Résurrection révèle le sens de sa Passion. Sans la Résurrection, la Passion de Jésus apparaitrait comme un événement dramatique, un terrible échec, une fin sans espérance. La Résurrection donne toute sa valeur à la 
Passion, démontre qu’elle n’est pas une défaite, mais une victoire, la victoire de l’amour. Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10,11). Comme le dit Jésus, « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Jésus a vécu sa Passion avec amour et c’est pourquoi il a obtenu la Résurrection. Il a reçu une vie nouvelle différente de la vie terrestre. Il a obtenu une vie mystérieuse, une vie éternelle pleine de beauté.
Demandons à Dieu de chasser les ténèbres de notre cœur ; ténèbres qui nous viennent à cause de nos péchés. Que par la grâce, tout particulièrement du sacrement de la confession, le Seigneur nous illumine.
Ainsi soit-il.