L’Epiphanie du Seigneur.
Nous devons suivre l’exemple des mages. Nous devons être prêts à sacrifier quoi que ce soit pour rencontrer le Seigneur Jésus dans notre vie, pour l’adorer, c’est-à-dire reconnaitre qu’il est notre Maître, celui qui nous indique le chemin que nous devons suivre, et encore plus que le chemin, la vérité et la vie.
La solennité de l’Epiphanie du Seigneur fait naitre en nos cœurs une très grande joie car elle est aussi notre fête. Elle nous parle de la vocation de tous les peuples à la foi chrétienne qui nous fait entrer dans la vie divine.
Les mages sont les premiers païens (les premiers « étrangers ») qui viennent adorer le Fils de Dieu. Ils annoncent et anticipent le plan de Dieu qui se réalisera après la mort et la résurrection de Jésus par l’évangélisation faite par les disciples. Ces mages, dont la Tradition a gardé les noms : Melchior, Gaspar et Balthasar, sont un modèle de la quête du Seigneur : ils cherchent la lumière qui vient de Dieu, ils cherchent le Messie, le Sauveur, le roi des juifs. Ils n’hésitent pas à laisser leur pays et à entreprendre un long voyage de l’Orient jusqu’à Jérusalem. Ils sont originaires des régions orientales dans lesquelles l’astronomie est bien développée. Ils avaient acquis une connaissance approfondie des astres.
En arrivant à Jérusalem, les mages demandent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naitre ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Ils ont entrepris ce long voyage pour adorer le roi des juifs, qui est Dieu et qui vient de naître petit Enfant. Dans l’Ancien Testament, on parle de l’étoile de Jacob qui doit se lever (Nb 24,17). Peut-être les mages avaient-ils eu connaissance de ces textes prophétiques. Quoi qu’il en soit, l’évangéliste nous dit qu’ils ont reconnu le signe divin et qu’ils se sont subitement mis en chemin afin de se rendre auprès du Messie nouveau-né.
Ils ne se contentent pas de se mettre en chemin mais ils cherchent avec tous les moyens possibles, à identifier le lieu où se trouve le Messie. À Jérusalem, ils se rendent auprès du roi Hérode qui demande aux grands prêtres et aux scribes de s’informer sur le lieu où il doit naitre.
L’empressement et l’attention des mages doivent être mis en parallèle avec l’indifférence des grands prêtres et des scribes. Ces derniers connaissent l’Ecriture et sont capables de donner la bonne réponse : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple ». Cependant ils ne se dérangent pas et ne font aucun effort pour aller trouver le Messie. Même si le voyage jusqu’à Bethléem n’est vraiment pas difficile à entreprendre, ils ne font rien. Ils connaissent la vérité mais ne font aucun effort pour aller adorer leur Maître.
L’attitude d’Hérode est encore pire. Il est préoccupé. L’homélie aux catéchumènes sur le symbole, de saint Quodvultdeus, nous décrit ainsi l’épisode : « Un petit enfant vient de naître : c’est le grand Roi. Les mages arrivent d’un lointain pays. Ils viennent adorer celui qui est encore couché dans la crèche, mais qui règne au ciel et sur terre. Quand les mages annoncent la naissance du Roi, Hérode est pris d’inquiétude ; pour ne pas perdre son trône, il veut le tuer, alors que, s’il avait cru en lui, il aurait été ici-bas en sécurité, et dans la vraie vie, il aurait régné sans fin.
Pourquoi as-tu peur, Hérode, en apprenant la naissance du Roi ? Il ne vient pas pour te détrôner, mais pour triompher du diable. Et comme tu ne comprends pas cela, tu es inquiet et tu entres en fureur ; et afin de perdre le seul enfant que tu recherches, tu es assez cruel pour en faire mourir un si grand nombre ».
Il veut éliminer l’Enfant. Il craint que cet enfant que l’on dit être le roi des juifs puisse lui prendre sa place. Il est pour lui un rival à supprimer.
L’Evangile d’aujourd’hui nous présente donc trois attitudes bien différentes parmi lesquelles nous devons choisir celle que nous voulons adopter.
- La venue de Jésus dans notre vie peut représenter pour nous un danger. C’est notre égoïsme qui nous la fait considérer ainsi. Nous aurons alors la même réaction qu’Hérode: nous voulons supprimer ou faire taire la révélation de Jésus, ou une partie de son enseignement, ou un des commandements. Le péché consiste justement à vouloir écarter, en raison de notre égoïsme, la présence de Jésus dans notre vie. Si nous nous laissons aller à notre égoïsme, nos désirs impurs et nos tendances mauvaises, Jésus est pour nous un poids, un obstacle à éliminer.
- Nous pouvons aussi réagir comme les grands prêtres et les scribes. Nous pouvons être tentés par l’indifférence. Nous savons que Jésus est le Seigneur, le Sauveur, mais nous préférons vivre comme s’il n’existait pas. II nous arrive malheureusement parfois de vivre dans cette indifférence. Plutôt que d’agir en cohérence avec notre foi, nous suivons les principes qui lui sont totalement opposés, les principes du monde (et du prince de ce monde, le démon) qui veut satisfaire les inclinations égoïstes, les ambitions, la soif du pouvoir, des richesses et des plaisirs.
- Nous devons, en fait, suivre l’exemple des mages. Nous devons être prêts à sacrifier quoi que ce soit pour rencontrer le Seigneur Jésus dans notre vie, pour l’adorer, c’est-à-dire reconnaitre qu’il est notre Maître, celui qui nous indique le chemin que nous devons suivre, et encore plus que le chemin, la vérité et la vie.
C’est en vivant dans cette attitude exemplaire que les mages ont prise que nous pouvons progresser dans la vie spirituelle, la vie de foi, d’espérance et de charité. Une vie qui progresse dans la docilité filiale envers Dieu et fraternelle envers nos prochains.
Demandons à la Vierge Marie, la Mère et Gardienne du divin trésor, du divin roi, recherché par les mages, d’être Elle-même l’étoile qui nous conduise jour après jour jusqu’à Jésus.
Ainsi soit-il.