Pierre reçoit une inspiration de foi, une foi vivante, une foi fondée uniquement sur Dieu.
Nous sommes, nous aussi, appelés à donner cette réponse de foi. Lorsque tout nous semble inutile, nous devons nous tourner vers le Seigneur qui nous adresse une parole de confiance et d’encouragement.
La liturgie de ce dimanche nous propose le récit de la vocation de saint Pierre. Elle est préparée par la première lecture qui nous rapporte la vocation du prophète Isaïe. La seconde lecture nous montre comment les apôtres ont commencé à prêcher la résurrection de Jésus, comment ils sont devenus des « pécheurs d’hommes ».
L’Evangile nous présente Jésus qui prêche sur la rive du lac et qui, pour échapper à la foule, décide de monter sur une barque, celle de Simon-Pierre. Une fois sa prédication achevée, il dit à Simon : «Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson ». Mais celui-ci formule une objection : « Maitre, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ».
Nous pouvons imaginer les sentiments de ces pêcheurs qui ont parcouru, pendant toute la nuit, le lac de Génésareth en long et en large sans rien prendre. Ils sont déçus.
A propos de ce sentiment de déception qui parfois peut nous envahir, Saint Jean Chrysostome commente : « Je n’ai pas persuadé aujourd’hui mon auditeur, mais peut-être le ferai-je demain, peut-être dans trois ou quatre jours ou dans quelques temps. Le pêcheur qui a jeté inutilement ses filets pendant un jour entier, prend quelquefois sur le soir, au moment de partir, le poisson qu’il n’avait pu prendre pendant le jour. Le laboureur ne laisse pas de cultiver ses terres, quoiqu’il n’ait pas eu de bonne 
récolte pendant plusieurs années ; et, à la fin, une seule année répare souvent et abondamment toutes les pertes antérieures. Dieu ne nous demande pas de réussir, mais de travailler ; or, notre travail ne sera pas moins récompensé parce qu’on ne nous aura pas écoutés.
Il y a plus : le diable cesse-t-il de tenter chacun des fidèles, parce qu’il prévoit que plusieurs seront sauvés ? Voyez avec quels soins, quelle infernale persévérance, quelle détestable sollicitude il poursuit l’âme jusqu’à ce qu’on ait rendu le dernier soupir : jusque-là il ne désespère pas,…et vous croyez, que Notre Seigneur ne fera pas plus pour sauver votre âme que ce que le diable fait pour la perdre ? Le Christ savait bien que Judas ne se convertirait pas et pourtant jusqu’à la fin il voulut tenter sa conversion, lui reprochant sa faute dans les termes les plus touchants : « Ami, pourquoi es-tu venu ? » (Mt 26,50) Or, si le Christ, le modèle des pasteurs a travaillé jusqu’à la fin à la conversion d’un homme désespéré, que ne devons-nous pas faire pour ceux à l’égard desquels il nous est donné d’espérer ? ».
C’est cette espérance qui fait dire à Pierre par une inspiration divine : « nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets ». Il reçoit cette inspiration de Dieu. C’est une inspiration de foi, une foi vivante, une foi fondée uniquement sur Dieu.
Nous sommes, nous aussi, appelés à donner cette réponse de foi. Lorsque tout nous semble inutile, nous devons nous tourner vers le Seigneur qui nous adresse une parole de confiance, d’encouragement.
Le conseil donné par Jésus à Pierre se révèle extraordinairement fécond : « Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient ».
Cette pêche est miraculeuse, elle est le signe de la puissance de la parole du Bon Jésus. Il n’est pas un homme comme les autres, il est le Fils de Dieu et participe donc de sa puissance créatrice. Lorsqu’une personne se met généreusement à son service, elle peut accomplir des choses extraordinaires. C’est ce qu’affirme Jésus dans l’Evangile selon saint Jean : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes ».
La
pêche miraculeuse provoque chez Simon-Pierre une profonde impression ; il y voit la manifestation de la puissance de Dieu. Le prophète Isaïe a d’ailleurs une impression semblable lorsque, dans le temple, il a la vision de Dieu. Pierre est saisi d’un grand «effroi», un effroi religieux. Pierre est envahi de ce don spirituel qu’est la crainte de Dieu. Le pouvoir mystérieux qu’il découvre chez Jésus lui donne la conscience du sacré et, en même temps, de son état de pécheur : « Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ».
Le prophète Isaïe aussi expérimenta un tel sentiment lors de la vision où Dieu l’appelle à être prophète : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! ».
Jésus voyant l’acte de foi et d’humilité de Pierre le réconforte et le choisi comme apôtre : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ».
Et Pierre faisant encore un acte de foi en Jésus « laissa tout, et le suivit ».
Lors de chaque Messe nous rentrons en communion avec le Ciel. C’est le même Jésus, Dieu fait homme, qui a œuvré pour la pêche miraculeuse et qui s’est présenté à Isaïe dans la vision, c’est le même Jésus devant qui Pierre est tombé à genoux saisi de crainte, qui se fait présent ici sur notre autel et qui se donne à nous par la communion.
Que le Seigneur augmente en nous la foi ; qu’il fasse grandir en nous le don de la crainte de Dieu, afin que nos communions donnent de plus en plus de fruits de sainteté.
Ainsi soit-il.