Sur les anges-La nature des Anges.
Suppliez souvent les anges , louez-les ordinairement et employez leur aide et secours en toutes vos affaires, soit spirituelles soit temporelles, afin qu’ils coopèrent à vos intentions.
Source : Moines du Barroux, Catéchisme des Anges, Ed. Sainte-Madeleine 2007.
«Voici l’heure des anges», disait Padre Pio. Ce temps où les démons se sont déchainés, c’est aussi le temps, l’heure où nous devons nous retourner vers nos puissants protecteurs invisibles : les saints anges.
L’étymologie du mot ange, qui signifie «messager» (en grec angelos), définit l’ange en fonction de son ministère auprès des humains. Mais le catéchisme donne une définition plus large : «Les anges sont des purs esprits, doués d’intelligence et de volonté, qui furent crées dans un état de justice et de sainteté, afin de mériter la gloire en correspondant à la grâce de Dieu». Saint Thomas d’Aquin, de son côté, cite le Pseudo Denys : «L’ange est un miroir pur, très clair, recevant en lui, si l’on peut dire, toute la beauté de Dieu» ( Somme de Théologie Iª q. 12, a. 4, arg. 1).
Il existe une hiérarchie parmi les anges car les réalités célestes ne sont que la réfraction de l’ordre divin lui-même. D’après la classification du Pseudo-Denys, les neuf chœurs angéliques sont répartis en trois hiérarchies: Séraphins, Chérubins, Trônes; Puissances, Vertus, Dominations; Principautés, Archanges, Anges.
Saint Grégoire le Grand s’est exprimé longuement sur ce sujet : « Pourquoi avoir énuméré ces différents chœurs des anges, demeurés au Ciel, si nous n’expliquons pas également en détail leurs ministères ? Le mot ange signifie en grec « annonciateur, messager », et archange « grand annonciateur ». Il faut encore savoir que le terme d’ange désigne une fonction, et non une nature. Car si les esprits bienheureux de la patrie céleste sont toujours des esprits, ils ne peuvent pas toujours être appelés des anges; ils ne sont anges que lorsqu’ils annoncent quelque chose. C’est pourquoi le psalmiste affirme : « Des esprits, il fait ses anges » (Ps. 103, 4) C’est comme s’il disait clairement : « Lui qui a toujours les esprits à sa disposition, il en fait ses anges quand il le veut ». On appelle anges ceux qui annoncent les choses de moindre importance, archanges ceux qui annoncent les plus élevées. Voilà pourquoi ce ne fut un ange, mais l’archange Gabriel que Dieu envoya à la Vierge Marie (cf. Lc 1, 26). En un tel ministère, en effet, il convenait que le plus grand des anges vint lui-même annoncer la plus grandes des nouvelles » (Saint Grégoire, Homélies sur les Evangiles, nº 34, p. 445-446).
Ce que la Révélation nous dit sous ces appellations somptueuses, c’est que les esprits célestes sont d’une éblouissante variété, à l’inverse d’une foule uniforme et indistincte : les anges étant le chef-d’œuvre de la puissance divine, ils constituent, chacun, un monde de beauté et d’harmonie totalement distinct de l’autre, et parce que la richesse du mystère de Dieu est proprement infinie, le nombre de ces reflets vivants que sont les anges est, par voie de conséquence, lui-même incalculable. C’est par milliers de millions qu’ils apparaissent à Daniel (Dan. 7,10) et à saint Jean (Apoc. 9,16).
Peut-on connaitre les noms personnels des anges ? A part les noms des trois archanges révélés par la Sainte Écriture, il est vain et même dangereux de se fier à des témoignages venus de révélations privées.
Saint Paul lui-même met en garde les chrétiens contre une curiosité de mauvais aloi (Col. 2, 18).
En revanche les Pères de l’Église ne se sont pas privés de donner des titres, parfois savoureux, que leur inspirait la dévotion populaire envers nos grands protecteurs. En voici quelques exemples cités par dom Paul Benoit d’Azy (revue La Vie spirituelle nº 311, p. 333) :
– Tuteurs, précepteurs des hommes, de ces pauvres orphelins ignorants et faibles, qui n’ont pas encore atteint leur majorité surnaturelle.
– Guides, compagnons délégués par le Christ pour nous conduire en sécurité jusqu’à la maison du Père.
– Enceinte fortifiée qui nous enveloppe de toutes parts et ne laisse aucun point sans défense.
– Boucliers, armures qui protègent l’homme comme autrefois ils garnissaient la tour de David.
– Médiateurs offrant chaque jour nos prières à Dieu.
– Concitoyens de l’unique Cité céleste, servant le même Dieu, sous l’unique gouvernement du Christ-Roi.
– Médecins qui coupent ou brulent les parties malades pour éviter la contagion.
– Cultivateurs arrachant les mauvaises herbes ou taillant la vigne.
La doctrine catholique enseigne que les anges sont de purs esprits (cf. IV concile de Latran) mais Dieu seul est absolument simple, l’ange est composé, non comme nous de matière et de forme, mais d’essence et d’existence (cf. Somme de Théologie Iª, q. 50, a. 2, ad 3m). Il n’est pas au-delà du pouvoir de l’ange d’emprunter des éléments de la création auxquels par une combinaison il donne apparence et couleur animal et même humain. L’ange Raphael qui accompagnait le jeune Tobie au cours de son voyage marchait, respirait, se mouvait avec une aisance parfaite. Plus près de nous, le chien gris qui accompagnait saint Jean Bosco la nuit dans les rues de Turin, qui apparaissait et disparaissait mystérieusement pour le défendre contre ceux qui voulaient le tuer, n’était pas un ectoplasme: il aboyait et mordait vraiment.
La doctrine catholique enseigne que nous devons rendre à Dieu un culte d’adoration, à la très sainte Vierge un culte d’hyperdulie, à Saint Joseph un culte de protodulie, et aux anges et aux saints du Paradis un culte de dulie. Dès la primitive Eglise apparait cette connivence avec les saints anges, si vivante et si simple, telle qu’elle avait cours sous l’Ancien Testament. Ainsi voit-on dans les actes des Apôtres saint Pierre délivré de sa prison par un ange. Et lorsqu’il se présente libre dans la maison de disciples ceux-ci le reconnurent et constatèrent avec simplicité : «C’est son ange» (Act. 12, 15). Au 4ème siècle les Pères du désert fraternisent avec les anges; au 5ème siècle saint Benoit recommande de psalmodier sous leur regard (Reg. chap. 18) et avertit ses moines que les anges rapportent à Dieu toutes leurs actions. Au 6ème siècle saint Grégoire le Grand, pape, dit que «depuis la naissance du Sauveur, les anges ne dédaignent plus les hommes, mais les regardent comme leurs compagnon et leurs égaux». On disait que saint Grégoire avait vu apparaitre au sommet du mole d’Hadrien un ange qui remettait son épée au fourreau, signifiant par ce geste que la peste qui ravageait Rome allait prendre fin. Dès le temps de saint Grégoire la dévotion à saint Michel et à tous les anges avait déjà un centre de rayonnement puissant sur le mont Gargan. Un autre centre, réplique du premier, allait se créer dans des conditions semblables : sur le mont Saint-Michel, au 8ème siècle. Les rois de France aimaient à se réclamer du patronage du grand archange et à invoquer son secours. Au temps même de saint Bernard, les croisés bénéficièrent de la faveur des anges. C’est en 1145 que l’armée chrétienne, près de la vallée de Roab, fut sauvée par un ange qui assuma le rôle de guide pour la conduire saine et sauve jusqu’auprès de Gadara. Le fait fit grande impression. Tout cela explique comment saint Bernard fut amené à parler des anges avec grand enthousiasme.
Saint François de Sales disait : «Rendez-vous fort familiers avec les anges; voyez-les invisiblement présents à votre vie, et surtout aimez et révérez celui du diocèse dont vous êtes, ceux des personnes avec lesquelles vous vivez, et spécialement le votre; suppliez-les souvent, louez-les ordinairement, et employez leur aide et secours en toutes vos affaires, soit spirituelles soit temporelles, afin qu’ils coopèrent à vos intentions».
Ange de Dieu, qui êtes mon gardien, je vous suis confié par la bonté céleste : éclairez-moi, gardez-moi, gouvernez-moi.
Ainsi soit-il.