Jésus nous rappelle quelle est la vraie grandeur, la vraie valeur qu’il faut rechercher : elle consiste à imiter notre Seigneur.
En ce dimanche les lectures de la Parole de Dieu nous invitent à considérer la souffrance endurée par Jésus qui, étant notre Seigneur et Maître, devient ainsi notre modèle à suivre.
Le prophète Isaïe prophétise sur le Serviteur de Dieu, c’est-à-dire Jésus : « Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur » (53,10). La lettre aux Hébreux (4,15) affirme au sujet de notre grand prêtre, Jésus : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché ».
Et dans l’Evangile Jésus nous parle du « baptême dans lequel il va [lui-même] être plongé », de « la coupe qu’il va boire ». Il s’agit bien sûr de la coupe de la Passion (« Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi, mais que ta volonté soit faite »). Cette coupe est appelée aussi baptême de sang, parce que dans sa Passion Jésus sera baigné dans son sang et qu’il nous purifiera, nous lavera par ce même sang.
Par ses souffrances endurées avec patience et charité, et par lesquelles il a plu au Père, Jésus devient notre modèle.
Saint Thomas d’Aquin, voyant la grandeur de ces souffrances se demande : « Quelle nécessité y avait-il à ce que le Fils de Dieu souffre pour nous ? ».
Et lui-même répond : « Une grande nécessité, que l’on peut résumer en deux points : nécessité de remède à l’égard de nos péchés, nécessité d’exemple pour notre conduite. Car la Passion du Christ nous fournit un modèle valable pour toute notre vie.
Ainsi, si tu cherches un exemple de charité : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).
Si tu cherches la patience, c’est sur la croix qu’on la trouve au maximum. Le Christ a souffert de grands maux sur la croix, et avec patience, puisque « couvert d’insultes il ne menaçait pas » (1P 2,23), « comme une brebis conduite à l’abattoir, il n’ouvrait pas la bouche » (Is 53,7). « Courons donc avec constance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de notre foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix » (He 12,1-2).
Si tu cherches un exemple d’humilité, regarde le crucifié. Car un Dieu a voulu être jugé sous Ponce Pilate et mourir.
Si tu cherches un exemple d’obéissance, tu n’as qu’à suivre celui qui s’est fait obéissant au Père « jusqu’à la mort » (Ph 2,8). « De même que la faute commise par un seul, c’est-à-dire Adam, a rendu tous les hommes pécheurs, de même tous deviendront justes par l’obéissance d’un seul » (Rm 5,19). Si tu cherches un exemple de mépris pour les biens terrestres, tu n’as qu’à suivre celui qui est le « Roi des rois et Seigneur des seigneurs », « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (1Tm 6,15 ; Col 2,3) ; sur la croix il est nu, tourné en dérision, couvert de crachats, frappé, couronné d’épines, et enfin, abreuvé de fiel et de vinaigre ».
Dans le passage de l’Evangile que nous avons proclamé, saint Marc, nous rapporte que Jésus doit corriger ses apôtres parce qu’ils étaient ambitieux : ils cherchaient à avoir les premières places ou les places d’honneur.
Quel contraste entre le Maître et ses disciples ! Jésus annonce sa passion, l’humiliation qu’il devra subir, et les disciples se disputent pour une gloire mondaine laissant ainsi entrevoir un certain égoïsme.
« Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi –nous dit Jésus–. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme [Jésus lui-même] n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».
De cette manière Jésus nous rappelle quelle est la vraie grandeur, la vraie valeur qu’il faut rechercher : elle consiste à imiter notre Seigneur.
Le saint Curé d’Ars invitait les fidèles à suivre Jésus :
« Si nous croyons en Dieu nous devons le suivre en portant sa croix : c’est là le don qu’il donne à ses amis, et le Ciel est la récompense. Ce sont les trésors qu’il nous promet.
Nous devrions courir après les croix, comme l’avare court après l’argent. Il n’y a que les croix qui nous rassureront au jour du jugement. Quand ce jour viendra, que nous serons heureux de nos malheurs, fiers de nos humiliations et de nos sacrifices. Quel trésor pour le moment de la mort. Qu’il fait bon mourir, quand on a vécu sur la croix.
Notre Seigneur est notre modèle : prenons notre croix et suivons-le, suivons Notre Seigneur qui a marché le premier ».