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Année 2021-Homélie pour le 23ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Effata
Notre surdité spirituelle est guérie par le Christ, à travers ses ministres fidèles qui nous administrent les sacrements, en ouvrant nos cœurs à l’action de l’Esprit.

 


Le dimanche est une petite fête de Pâques, un jour de baptême pour nous. Ce dimanche est un renouvellement de la grâce du baptême.

Pendant l’Evangile, nous nous transportons en esprit à la nuit de Pâques et nous nous tenons près des fonts baptismaux. Chacun de nous est le sourd-muet ; le Christ nous apparaît ; le divin médecin de l’âme met ses doigts dans nos oreilles et sur notre langue pour nous guérir. Nous recouvrons l’ouïe et la parole, nous devenons des illuminés pour le ciel. Nous portons comme offrande à l’autel une ardente reconnaissance pour le bienfait de la rédemption.

Dans le fait évangélique que nous avons lu l’Eglise voit depuis longtemps le symbole du baptême. Car c’est tout d’abord par le baptême que l’homme reçoit l’ouïe spirituelle et la parole véritable. Avant le baptême, il est pour ainsi dire sourd-muet. Il ne peut parler à Dieu dans la prière parce qu’il n’a pas la foi; il ne peut pas davantage entendre la voix de Dieu. Ainsi donc, pour le royaume de Dieu, il est sourd-muet. Mais par le baptême il devient enfant de Dieu, il reçoit la vie de la grâce sanctifiante. Le Saint-Esprit demeure en lui et il est l’intermédiaire entre Dieu et son âme. Le Saint-Esprit est pour ainsi dire la langue qui peut parler à Dieu, l’oreille qui entend la voix de Dieu. Aussi, c’est un usage antique que le prêtre, dans les cérémonies du baptême, fasse quelque chose de semblable à ce que fit le Seigneur dans la guérison du sourd-muet. Le prêtre mouille avec de la salive les oreilles de l’enfant en disant : « Effata, c’est-à-dire : ouvre-toi ». Il touche aussi le nez en disant : « Pour l’odeur de suavité » . Voici ce qu’il veut exprimer par-là : le baptême ouvre l’ouïe spirituelle ; il doit aussi répandre dans le baptisé le parfum des vertus.

Ce que le baptême a commencé, la Sainte Eucharistie doit le continuer et le compléter. L’Eglise nous propose ce beau passage évangélique, pour nous donner cette leçon : vous venez aujourd’hui à la messe comme de pauvres sourds-muets. Les bruits du monde vous empêchent d’entendre ce que Dieu vous dit. Vous vous tenez devant Dieu comme un enfant bégayant et vous ne trouvez pas une parole convenable. La grâce de la messe d’aujourd’hui doit vous restituer l’ouïe spirituelle, délier votre langue et vous rendre de plus en plus aptes à faire partie, un jour, du chœur des anges pour chanter la louange de Dieu. Ainsi donc le baptême doit être continué par la messe d’aujourd’hui.

«Il n’existe pas seulement la surdité physique, qui isole l’homme en grande partie de la vie sociale. Il existe également un affaiblissement de la capacité auditive à l’égard de Dieu, dont nous souffrons particulièrement à notre époque. Tout simplement, nous n’arrivons plus à l’entendre, trop de fréquences différentes parasitent nos oreilles. Avec l’affaiblissement de la capacité auditive ou même la surdité à l’égard de Dieu, nous perdons naturellement également notre capacité de parler avec Lui ou à Lui. De cette façon, toutefois, nous perdons une perception décisive» (Benoit XVI).

Ce texte nous conduit à nous interroger sur notre propre surdité spirituelle. Qu’est-ce que me dit Dieu actuellement dans la prière ? Est-ce que je parle sans cesse, ou est-ce que je L’écoute aussi ? Comment résonnent en moi les paroles de la messe dominicale ou quotidienne, les paroles de la consécration et du sacrement de pardon, celles des membres de ma communauté ou de ma famille, par lesquelles Dieu me parle ? Quelles sont les paroles de l’Ecriture dont je vis ces temps-ci ? Est-ce qu’elles inspirent mes actes ou est-ce que j’y reste sourd ?

Face à la misère spirituelle de l’homme se dresse la tendresse de Dieu pour ses enfants infirmes, son désir de leur donner la vie humaine en plénitude, qui comporte le recouvrement de notre santé humaine et l’ouverture aux réalités spirituelles. Il envoie son Fils comme médecin, et nous le voyons à l’œuvre dans la page de l’Evangile de ce dimanche.

Notre surdité spirituelle est guérie par le Christ, à travers ses ministres fidèles qui nous administrent les sacrements, en ouvrant nos cœurs à l’action de l’Esprit.

Nos communautés chrétiennes, nos assemblées du dimanche devraient être ces lieux où Jésus ressuscité continue de guérir les sourds et les muets que nous sommes.

Effata : ouvre-toi à Dieu !
Effata : ouvre-toi à tes frères !
Effata : ouvre-toi ! Sors de toi-même ! Brise la coquille de ton narcissisme qui te fait habiter à l’ombre de la mort.
Ainsi soit-il.

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