Jésus envoie ses apôtres et semble se retirer. Pourtant, c’est lui-même qui agit par la parole de ses apôtres quand ils annoncent la parole de Dieu et qui agit mystérieusement par la grâce quand ses apôtres administrent les sacrements qu’il leur a donnés.
L’Evangile de ce dimanche nous rapporte le premier envoi en mission de ses disciples par Jésus.
Jésus avait réuni douze hommes pour être avec lui comme ses compagnons et ses témoins. Pendant quelque temps, ils le suivent, ils l’écoutent, ils le voient faire des miracles et chasser des démons, et même ils constatent ses premiers échecs dans son propre pays, où les gens ne croient pas en Lui.
Aujourd’hui Jésus transforme ses disciples en envoyés, c’est-à-dire en apôtres. Il les envoie et leur donne une part de son autorité. Il en fait des participants de sa propre mission. Comme il les envoie pour continuer et prolonger sa mission, il leur donne aussi la « méthode » pour qu’ils soient les plus aptes possible à cette mission.
Il leur demande d’abord de partir deux par deux. On peut penser qu’il y a un aspect pratique. Deux par deux, la route est moins longue, on peut partager, on peut se soutenir dans les difficultés et se réjouir ensemble. Mais pour Jésus il s’agit de beaucoup plus. Les apôtres envoyés en 
binôme témoignent de la charité. « Il envoie ses disciples en prédication –commente Saint Grégoire– deux par deux, parce que les commandements de la charité sont deux : l’amour de Dieu et du prochain. Le Seigneur envoie prêcher ses disciples deux par deux pour nous suggérer, sans le dire, que celui qui n’a pas la charité envers autrui ne doit absolument pas entreprendre le ministère de la prédication ». Le disciple envoyé par Jésus devient son représentant, et il ne donnerait qu’une mauvaise image de Jésus s’il n’avait pas la charité.
Puis, il leur demande de partir sans sac, sans pain, et sans argent, ne prenant pour la route qu’un bâton. Il leur demande, au fond, de ne faire que comme lui, Jésus. Il leur demande d’être détaché des biens de ce monde afin de s’attacher à Dieu. Il leur demande de se confier pleinement à la Providence. Ils doivent manifester leur confiance dans la Providence, confiance en Dieu, Père plein de bonté et tout puissant, celui-là même qui s’occupe de vêtir avec une immense beauté les fleurs des champs et de nourrir abondamment les oiseaux du ciel.
Jésus leur confie enfin de prêcher le message que lui-même prêche depuis de début de sa vie publique : à savoir que le Royaume de Dieu est tout proche et qu’il faut se convertir. Le disciple ne peut pas prêcher un message différent à celui de son Seigneur ; sinon il n’est plus son disciple. « Le Royaume de Dieu est tout proche, il faut se convertir ».
Jésus leur donne aussi autorité sur les esprits mauvais afin de les chasser. Car il y a en effet des esprits mauvais, des démons, qui cherchent notre ruine, notre condamnation éternelle et qu’il ne faut pas se laisser séduire par eux.
Jésus commande aussi aux apôtres de faire des onctions d’huile pour 
guérir les malades. Saint Jean Chrysostome commente : « Or, l’huile repose le corps fatigué et elle produit tout à la fois la lumière et la joie. L’huile de l’onction figure la miséricorde de Dieu, la guérison des infirmités, la lumière du cœur, toutes choses qui sont le fruit de la prière ». Et saint Thomas ajoute : « L’huile représente encore la grâce de l’Esprit saint, qui nous fait passer des fatigues du travail à la lumière et à la joie de l’esprit ». Voilà le sacrement de l’onction de malades.
Les disciples partent et font alors tout ce que Jésus leur a dit de faire.
Par cette première mission Jésus les prépare à beaucoup plus. Quand la mission de Jésus va encore prendre de l’ampleur, la mission de ses apôtres va aussi s’amplifier. Jésus va partir vers Jérusalem, être livré, subir la passion, mourir et ressusciter. Aussi la mission des apôtres, en lien toujours avec celle de Jésus, va être transformée.
Dans l’Evangile d’aujourd’hui Jésus les envoie vers les juifs. Mais quand Jésus ressuscité apparaitra à ses apôtres, il leur dira : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Il ne s’agira plus donc de quelques villes et villages de Galilée, mais de toutes les nations.
Un dernier point. Jésus envoie ses apôtres et semble se retirer. Il les laisse agir et pour ainsi dire agir à sa place. Pourtant, c’est lui-même qui agit par la parole de ses apôtres quand ils annoncent la parole de Dieu et qui agit mystérieusement par la grâce quand ses apôtres administrent les sacrements qu’il leur a donnés.
D’où l’importance de garder, respecter et communiquer soigneusement la Parole de Dieu et les sacrements institués par Jésus. Le disciple ne doit dire et faire que ce que Jésus a dit et fait.
C’est dans ce sens que Jésus promettant d’envoyer l’Esprit Saint dit à ses disciples : « le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26).
Que le Seigneur nous accorde la grâce d’être nous aussi ses disciples.
Ainsi soit-il.