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Année 2021- Homélie pour le 14ème dimanche du temps ordinaire (JGA).

Croire !

La foi est une vertu qui rend possible le contact avec Dieu et constitue le fondement de la vie surnaturelle. Elle est la vertu fondamentale, car elle nous donne la possibilité de participer à la vie divine.

Sources:
Tadeusz Dajczer, Méditations sur la foi, Paris 2006.


En visite à Nazareth, Jésus s’étonne du manque de foi de ses compatriotes. Le pape Benoît XVI (Angelus du 8 juillet 2012) commentait ce passage :
«Ses concitoyens « étaient frappés » par sa sagesse et, le connaissant comme étant « le fils de Marie », le « charpentier » qui avait vécu parmi eux, ils étaient scandalisés par lui au lieu de l’accueillir avec foi (cf. Mc 6, 2-3). Ce fait est compréhensible car la familiarité, sur le plan humain, n’aide pas à aller plus loin et à s’ouvrir à la dimension divine. Que ce Fils d’un charpentier soit Fils de Dieu est difficile à croire pour eux. Jésus lui-même prend l’exemple de l’expérience des prophètes d’Israël qui, dans leur propre patrie, ont été victimes de mépris, et il s’identifie à eux. A cause de cette fermeture spirituelle, Jésus n’a pu accomplir à Nazareth « aucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains » (Mc 6, 5). En effet, les miracles du Christ ne sont pas une démonstration de puissance, mais les signes de l’amour de Dieu qui agit là où il rencontre la foi de l’homme dans la réciprocité».
Cette réaction à l’égard de Jésus nous donne l’occasion aujourd’hui de parler de la foi.

Saint Thomas d’Aquin dit que la foi nous rapproche de la connaissance de Dieu. En effet, en participant à la vie divine, nous commençons à voir tout et à tout apprécier comme au travers de ses yeux – omnia quasi oculo Dei intuemur (In Boeth. de Trinitate, qu.3, a.l). La participation par la Foi à la vie divine fait que nous devenons un homme nouveau, nous acquérons une nouvelle manière de regarder la réalité. Nous commençons à percevoir dans les réalités temporelles l’action de Dieu. Nous percevons sa présence et son action autant en nous que dans la nature ou dans l’histoire. Nous percevons qu’il est l’Auteur, qu’il est le Créateur de tout, que ce que nous connaissons humainement, sans plus, d’une manière profane, n’est pas la réalité complète.

La foi est une vertu qui rend possible le contact avec Dieu et constitue le fondement de la vie surnaturelle. Elle est la vertu fondamentale, car elle nous donne la possibilité de participer à la vie divine. La foi nous rend aptes à penser comme Dieu, se conformer notre pensée à celle de Dieu et s’identifier à la sienne. Puisque par la foi nous pénétrons dans la vie de Dieu, par cette même foi Dieu engendre en nous sa propre vie.

Grâce à la foi, peut s’accomplir en nous une entière transformation de notre manière de voir, de penser. La foi change notre mentalité, elle demande que nous mettions toujours Dieu en première place, que nous veillions à orienter toute notre vie vers lui, à interpréter le monde et notre propre vie à la lumière divine, aussi nos croix, nos souffrances, nos combats et à rendre grâce pour tout.
«Vous avez eu bien des peines aujourd’hui», dit Mère Agnès à Thérèse de l’Enfant Jésus, très malade. – «Oui, répondit-elle, mais je les aime… J’aime tout ce que le bon Dieu me donne » (Le « Carnet jaune», 14.VIII.1897).

Toute la vie de Sainte Bernadette témoigne de sa reconnaissance à Dieu, pour tous les dons qu’elle a reçus. Pour Bernadette tout était don, les joies mais aussi les difficultés. Marcelle Auclair s’est permis d’en rassembler les éléments dans une sorte de « testament »(Bernadette – 1957- Ed. Bloud et Gay) :
Pour la misère de père et de mère, la ruine du moulin, le madrier de malheur, le vin de lassitude, les brebis galeuses, merci mon Dieu !
Bouche de trop à nourrir que j’étais, pour les enfants mouchés, les brebis gardées, merci !
Merci mon Dieu pour le procureur, le commissaire, les gendarmes, et les mots durs du Père Peyramale !
Pour les jours où vous êtes venue, Notre-Dame Marie, pour ceux où je vous ai attendue, je ne saurais vous rendre grâce qu’en paradis!
Mais pour la gifle de Mlle. Pailhasson, les railleries, les railleries, les outrages, pour ceux qui m’ont crue folle, pour ceux qui m’ont crue menteuse, pour ceux qui m’ont crue avide, merci, Dame Marie !
Pour l’orthographe que je n’ai jamais sue, la mémoire des livres que n’ai jamais eue, pour mon ignorance et ma sottise, merci !
Merci, merci ! Car s’il y avait eu sur terre fille plus ignorante et plus sotte, c’est elle que vous auriez choisie !
Pour ma mère morte au loin, pour la peine que j’ai eue quand mon père au lieu de tendre les bras à sa petite Bernadette m’appela «Sœur Maria-Bernard», merci Jésus !
Merci d’avoir abreuvé d’amertume ce cœur trop tendre que vous m’avez donné!
Pour Mère Joséphine qui m’a proclamée bonne à rien, merci !
Pour Mère Maîtresse, sa voix dure, sa sévérité, ses moqueries, et le pain de l’humiliation, merci!
Merci d’avoir été celle à qui Mère Thérèse pouvait dire: «Vous n’en faites jamais d’autres».
Merci d’avoir été cette privilégiée des semonces dont mes sœurs disaient: «quelle chance de n’être pas Bernadette!».
Merci pourtant d’avoir été Bernadette, menacée de prison parce qu’elle vous avait vue, regardée par les foules comme une bête curieuse, cette Bernadette si ordinaire qu’en la voyant on disait: C’est ça! !
Pour ce corps piteux que vous m’avez donné, cette maladie de feu et de fumée, ma chair pourrie, mes os cariés, mes sueurs, ma fièvre, mes douleurs sourdes ou aigues, merci mon Dieu !
Et pour cette âme que vous m’avez donnée, pour le désert des sécheresses intérieures, pour Votre nuit et Vos éclairs, pour Vos silences et Vos foudres, pour tout, pour Vous absent ou présent, merci Jésus ! .

 

 

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