Dès que je descends en moi-même, dans le silence et le recueillement de la prière, alors je peux être sûr que tout ce qui s’est réalisé en Jésus lors de son baptême se réalise aussi mystérieusement en moi.
La fête du baptême du Seigneur c’est aussi une épiphanie, une manifestation du Christ et quelle manifestation ! C’est le cœur du mystère chrétien qui se révèle au baptême du Christ : le Père, le Fils et le Saint Esprit, la Trinité. Le Dieu Vivant nous apparaît en dialogue. Le Père dit : « Tu es mon Fils bien aimé » et la colombe de l’Esprit repose sur Jésus.
Mais où s’accomplit cette manifestation ? Sur le Jourdain. La Trinité se révèle sur les eaux du Jourdain. Ceux qui étaient venus au Jourdain ont été plongés par Jean dans l’eau en confessant leurs péchés. L’eau du Jourdain s’est comme chargée des péchés du monde. Or c’est dans cette eau de mal et de mort que Jésus va être plongé. Lui, la Sainteté même, il vient demander à saint Jean le baptême de la pénitence. Notre Seigneur aime les pécheurs, il les aime jusqu’à se confondre avec eux. Le voici qui demande le baptême des pécheurs. C’est symbolique. Comme à Lourdes, quand l’eau des piscines devient trouble en fin de journée après le passage de tous ceux qui s’y sont plongés. Jésus a plongé dans cette eau de nos péchés. Il a ainsi pris notre humanité à bras le corps. Jésus s’était humilié, le ciel va le glorifier, en s’ouvrant sur sa tète alors qu’il sortait de l’eau et était en prière. La Sainte Trinité se révélait au baptême de Jésus, elle dont le nom est invoqué à notre baptême.
Jésus en effet ne remonte pas seul des eaux de la mort. Nous sommes avec lui. Désormais, par la foi, nous avons, nous aussi, part à cet Esprit qui crie en nous «Abba, Père» (Ga 4, 6). Nous sommes «appelés enfants de Dieu et nous le sommes» en vérité (1 Jn 3, 1)! Nous reproduisons en nous «l’image du Fils», afin, comme dit saint Paul, «qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères» (Rm 8, 29). Telle est la grâce de notre baptême. Et ce baptême n’est pas un évènement du passé, enfoui dans les limbes de la petite enfance. Non, le baptême a ouvert en moi une source permanente. Une source toujours disponible. Quand bien même, je l’aurais obstruée par les décombres de mes péchés, elle n’a pas disparu pour autant. Elle ne demande qu’à jaillir à nouveau à plein jet.
Aussi, dès que je quitte la surface pour descendre en moi-même, dans le silence et le recueillement de la prière, alors je peux être sûr que tout ce qui s’est réalisé en Jésus lors de son baptême se réalise aussi mystérieusement en moi.
Trois choses :
«Le ciel s’ouvre». C’est-à-dire que la ligne est rétablie entre la terre et le Ciel. Jésus, par sa Passion, m’a réconcilié avec le Père, de sorte que maintenant, comme dit saint Paul, j’ai «libre accès auprès du Père» (Ep 2, 18). Plus besoin de faire antichambre. Le «Père est là dans le secret» (Mt 6, 6). Il m’attend.
«L’Esprit saint descend». Jésus ressuscité ne cesse de répandre au plus profond de moi-même l’Esprit d’amour, cette charité qui est le principe même de ma vie nouvelle d’enfant de Dieu.
Enfin, si je prête l’oreille de mon cœur, par delà le fracas des eaux, plus fort que les tempêtes qui agitent ma vie, je peux entendre, discrète mais tenace, une voix, la voix du Père: «Tu es mon fils bien-aimé; en toi, j’ai mis tout mon amour».
Soyez à jamais béni, mon Dieu, de ce que nous avons été baptisés.