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Année 2020- Homélie pour le Mercredi des cendres (JA).

Si Jésus lui-même nous demande de faire des œuvres extérieures, telles l’aumône, le jeûne et la prière, ce n’est que pour préparer, accompagner et manifester le repentir, la conversion. La conversion du cœur ne peut pas être détachée de la conversion des mœurs.

 


« Fixons nos regards sur le sang du Christ, et comprenons combien il a de valeur pour son Père, puisque, répandu pour notre salut, il a procuré au monde entier la grâce de la conversion ». De cette façon saint Clément nous invite à parcourir ce saint temps de carême. N’attendons pas le Vendredi saint pour regarder Jésus, crucifié et mort pour nous. Dès aujourd’hui fixons notre regard sur lui afin qu’il nous accorde la grâce de la conversion. Il est lui-même notre salut, il nous est donné en exemple.

C’est aussi l’invitation qui nous a été adressée par saint Paul : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui ».

Dans l’Evangile Jésus nous invite à pratiquer l’aumône, la prière et le jeûne de manière à avoir une récompense auprès de Dieu, notre Père, qui voit dans le secret. Mais rien de cela ne peut avoir de sens en vue du salut si notre âme n’est pas vivifiée par la charité, c’est-à-dire si l’on ne cherche pas à vivre dans la grâce de Dieu ; comme l’affirme saint Paul : « si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour je ne suis rien, cela ne me sert à rien [même si l’on faisait les œuvres les plus extraordinaires] ».

C’est pour cela que le prophète Joël nous prévient : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment ».
Il faut donc que nous déchirions notre cœur par un repentir sincère, par une bonne confession de nos péchés, par le désir persévérant de nous convertir, de revenir à Dieu.
Si Jésus lui-même nous demande de faire des œuvres extérieures, telles l’aumône, le jeûne et la prière, ce n’est que pour préparer, accompagner et manifester le repentir, la conversion. La conversion du cœur ne peut pas être détachée de la conversion des mœurs.
Saint Grégoire le Grand affirme en ce sens : « Efforçons-nous, nous aussi, autant que cela nous est possible, de refréner notre corps par l’abstinence en ce saint temps de carême, afin de devenir, selon le mot de saint Paul, « une hostie vivante » (Rm 12,1). L’homme est une offrande à la fois vivante et immolée (cf Ap 5,6) lorsque, sans quitter cette vie, il fait cependant mourir en lui les désirs de ce monde. C’est la satisfaction de la chair [la satisfaction des plaisirs] qui nous a entraînés au péché (Gn 3,6) ; que la chair mortifiée nous ramène [maintenant] au pardon». Mais que personne ne s’imagine que seule cette abstinence peut nous suffire. Le Seigneur dit par la bouche du prophète : « Le jeûne que je préfère ne consiste-t-il pas plutôt en ceci ? Partager ton pain avec l’affamé, recevoir chez toi les pauvres et les vagabonds, habiller celui que tu vois sans vêtement, et ne pas mépriser ton semblable » (Is 58,6-7). Voilà le jeûne que Dieu approuve: un jeûne réalisé dans l’amour du prochain et imprégné de bonté. Amour et bonté dont la source est la grâce de Dieu animant l’âme fidèle. Prodigue donc aux autres ce que tu retires à toi-même ; ainsi, ta pénitence corporelle fera grandir en toi l’amour de Dieu et soulagera le bien-être corporel de ton prochain qui est dans le besoin ».

Et quand le Fils de l’homme viendra, il dira : « J’avais faim et tu m’as donné à manger » «Entre dans la joie de ton Maitre ».

Que par l’intercession de notre Mère du Ciel, le Seigneur nous accorde la grâce de retourner de tout cœur à Lui, Chemin qui conduit au salut, Vérité qui rend libres, Vie qui ne connait pas la mort.
Ainsi soit-il

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