Nous devons nous étonner chaque fois que nous contemplons le mystère de l’Incarnation. C’est le péché qui alourdit notre âme, qui la rend aveugle, qui l’ennuie au point qu’elle devienne indifférente et même ennemie du mystère de notre salut.
La liturgie de ce jour offre à notre méditation le mystère de la présentation de l’Enfant Jésus au Temple. Soulignons quelques idées:
« Joseph et Marie, la mère de Jésus, étaient dans l’admiration de ce que l’on disait de l’Enfant ».
Chaque fois que la connaissance des choses surnaturelles revient à la mémoire, chaque fois aussi elles produisent dans l’âme un nouveau sentiment d’admiration et d’étonnement. L’admiration et l’étonnement sont, d’une certaine manière, contraires à l’habitude. C’est la nouveauté du mystère de l’Incarnation qui fait ici s’étonner Joseph et Marie. Et nous aussi nous devons nous étonner chaque fois que nous contemplons ce mystère. Il ne faut pas que la répétition, année après année, nous fasse tomber dans une mauvaise habitude, dans une indifférence… Parce qu’il s’agit d’un mystère toujours nouveau. Et c’est aujourd’hui et pour moi que cela se passe.
L’admiration, l’étonnement c’est le principe de l’amour.
« Cet enfant sera une occasion de ruine et de résurrection pour un grand nombre en Israël, un signe qui soulèvera la contradiction ».
L’ancien Siméon, inspiré par l’Esprit Saint, adresse ces paroles aux parents de Jésus. C’est-ce que la Vierge Marie elle-même avait chanté lors de son « magnificat » :
« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour…
L’enfant de la crèche tend ses petites mains, et son sourire semble déjà vouloir dire ce que les lèvres de l’homme prononceront plus tard : « Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes accablés ». Suivez-moi ! , disent les mains de l’enfant, comme le diront plus tard les lèvres de l’homme.
Ceux qui s’agenouillent autour de la crèche sont ces fils de lumière : frêles innocents, bergers pleins de foi, rois humbles, Etienne, le disciple inspiré et Jean, l’apôtre de l’amour, eux tous qui suivirent l’appel du maître. Ils s’agenouillent devant le petit Enfant de la crèche, et pour cela ils sont élevés.
En face d’eux, dans la nuit de l’inconcevable endurcissement et de l’aveuglement, se tiennent les docteurs de la loi qui, sachant en quel temps et en quel lieu naîtrait le Sauveur, ne partirent pourtant pas à Bethléem et le roi Hérode qui voulut faire aussi mourir le maitre de la vie.
Devant l’enfant de la crèche, les esprits se divisent. Il est le Roi des rois, le maitre de la vie et de la mort. Il dit : « Suis-moi », et « qui n’est pas pour lui est contre lui ». Il nous le dit à nous aussi et nous met en demeure de choisir entre la lumière et les ténèbres ». (Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein)).
Occasion de ruine et de résurrection… un signe qui soulèvera la contradiction… c’est la réalité présentée aussi par l’évangéliste saint Jean spécialement dans le prologue de son évangile.
La grâce de Dieu, par laquelle nous sommes devenus enfants de Dieu, des fils adoptifs (comme nous dit saint Paul), rend sensible notre âme afin qu’elle se laisse étonner par la vérité et la beauté du mystère de l’Incarnation.
Au contraire, c’est le péché qui alourdit notre âme, qui la rend aveugle, qui l’ennuie au point qu’elle devienne indifférente et même ennemie du mystère de notre salut.
Que le Seigneur nous accorde que, par la vertu de ce mystère de l’Incarnation, nos vices et péchés soient purifiés afin que nos justes désirs comblés.
Ainsi soit-il.