La vie de Jésus au sein de Marie.
Si Jésus ne se fût point incarné, il n’aurait pu adorer son Père ; si le fils de Marie n’était pas Dieu, il ne saurait pas plus que nous rendre à Dieu une adoration digne de lui. Depuis l’Incarnation Dieu reçoit donc une gloire sans pareille ; et cette gloire lui est rendue par la nature humaine qui est en Jésus. Cette nature, c’est la nôtre ; ainsi Jésus a voulu reverser sur nous les mérites de cette nature qu’il a prise de nous et pour nous.
A quelques jours de la fête de Noël, attendant avec la Vierge Marie et saint Joseph la naissance du petit Jésus, je vous propose une méditation sur la vie de Jésus au sein de Marie.
D’une manière particulière toutes les mamans sont des témoins privilégiés de cette réalité :
« Durant sa vie intra-utérine, l’enfant est en symbiose totale avec sa mère et, heureusement, beaucoup de mamans en profitent pour nouer avec leur tout petit une relation qui va lui permettre de devenir un grand, de devenir non pas n’importe quel homme, n’importe quelle femme plus ou moins performant, mais cet homme, cette femme qu’il est réellement, être unique comme chacun d’entre nous et donc irremplaçable.
A l’occasion des échographies tout le monde peut voir ce petit dont on ne sait rien sinon qu’il est vivant puisqu’il bouge. Moment d’éblouissement pour tous ceux qui sont présents. Certains, spontanément, ouvrent tout grand leur bras pour l’accueillir mais il va leur falloir apprendre à être patients et ce n’est que le début! La mère, elle, n’a pas besoin de techniques sophistiquées pour savoir qu’il est bien vivant. Elle le sent vivre en elle. Depuis la douzième semaine de sa grossesse, elle sent son petit remuer en elle d’abord tout doucement, puis, de plus en plus vite et de plus en plus fort et à des moments et de la manière qu’il choisit lui-même. C’est lui qui décide de se retourner, d’envoyer des coups de pieds, de téter son pouce, de bondir de joie quand il entend ses parents lui dire leur tendresse et lorsqu’il perçoit une musique dont il connaît le rythme à force de l’entendre. Par ces mouvements qui témoignent de sa vie, le tout petit manifeste son existence propre. Sa vie n’appartient qu’à lui et à son Créateur […] mais il dépend tout de même de ses parents».
Voilà une description de ce qui arrive naturellement lors d’une grossesse… une nouvelle relation amoureuse, mère-enfant, parents-enfant, est nouée. Sans oublier cela regardons maintenant des particularités de la grossesse de la Vierge Marie.
Il y a là, dans ce petit bébé caché dans son sein, de grandes merveilles : une Personne divine unie personnellement à une âme et à un corps, à une âme pareille à nos âmes, à un corps pareil à nos corps. Mais cette âme, dès le premier moment de son existence, a reçu du Fils de Dieu la grâce et la gloire. Elle a vu Dieu comme elle le voit maintenant, elle a joui de la vue de Dieu comme elle en jouit maintenant ; elle a été en un même moment créée, sanctifiée et glorifiée.
Notre-Seigneur n’a pas voulu que son corps fût glorifié si tôt. Il le crée à la ressemblance des nôtres, lui laisse la faiblesse, l’infirmité, la puissance de souffrir; il voulut pour ainsi dire lui faire mériter sa glorification, et il la mérita effectivement pour lui-même d’abord, et pour nous à qui il a bien voulu faire part de ses divins mérites.
Qu’elle est admirable, qu’elle est adorable cette vie de Notre-Seigneur, dans ce temps où il n’était vu, connu que de Dieu son Père et de Marie sa Mère. Quelle gloire pour le Père, d’avoir en Jésus un adorateur qui est Dieu ; quelle joie pour Marie d’unir ses adorations aux adorations de Jésus.
En effet la vie de Jésus au sein de Marie est une vie d’adoration envers Dieu. L’adoration que Dieu reçoit de Jésus est plus grande que celle du premier Adam innocent, plus grande que celle des anges et des séraphins. Elle est digne de Dieu, parce qu’elle lui est rendue par l’Homme-Dieu.
Si Jésus ne se fût point incarné, il n’aurait pu adorer son Père ; si le fils de Marie n’était pas Dieu, il ne saurait pas plus que nous rendre à Dieu une adoration digne de lui. Depuis l’Incarnation Dieu reçoit donc une gloire sans pareille ; et cette gloire lui est rendue par la nature humaine qui est en Jésus. Cette nature, c’est la nôtre ; ainsi Jésus a voulu reverser sur nous les mérites de cette nature qu’il a prise de nous et pour nous.
Jésus, vivant au sein de Marie, il adore et il s’offre : il est une victime qui s’offre à Dieu pour nous. Elle est pure, cette victime, et digne de Dieu ; elle est grande et grandement abaissée. C’est pourquoi elle plait à Dieu. Elle répare toutes choses, cette victime unique et incomparable.
En entrant dans ce monde, dit la Lettre aux hébreux, Notre-Seigneur s’adresse à son Père : « Tous les sacrifices anciens ont été impuissants et insuffisants ; alors j’ai dit, me voici ! ». Jésus devient ainsi une victime humble, sainte, tout entière vouée à la gloire de Dieu son Père, comme à notre salut.
Et parce qu’il est victime, Jésus assume au sein de Marie une vie de renoncements. Jésus s’est là constitué prisonnier ; il a sacrifié sa liberté, même la liberté de ses mouvements. Il a un cœur qui ne vit pour ainsi dire que d’un emprunt perpétuel fait au cœur de sa mère ; il a des yeux pour ne pas voir, des membres pour ne pas se mouvoir.
Pour nous, notre vie au sein de nos mères est nulle, nous ne savions rien, notre âme ne pouvait faire aucun acte d’intelligence, ni de volonté. Mais l’âme de Jésus savait, voulait et sentait (parce qu’elle était unie à la personne divine du Fils) ; et elle acceptait cet état de privation, d’anéantissement, de renoncement. Non seulement elle l’acceptait, mais elle l’embrassait avec amour comme un moyen de satisfaire à Dieu pour nos péchés : nos volontés coupables, nos contentements déréglés, nos démarches insensées, nos regards égarés, nos paroles malheureuses, et toutes nos actions qui s’éloignaient de la règle de la volonté de Dieu.
De cette manière Jésus se préparait à sa vie sur la terre. Là il se créait des yeux pour nous voir, une bouche pour nous parler, un cœur pour nous aimer, des pieds et des mains pour les faire clouer sur la croix. Jésus formait là la matière de son grand sacrifice ; et il aspirait vers le temps où la volonté de son Père l’appellerait à offrir effectivement ce sacrifice.
Enfin la vie de Jésus en Marie était une vie de très douces communications du fils avec la mère, de la mère avec le fils. Jésus comme créateur donnait la vie à sa mère et Marie donnait la vie à son créateur devenu son fils. Que Jésus ait donné la vie à sa mère, c’est l’ordre accoutumé ; comme Dieu, il est l’auteur de tout être, de toute vie, de tout bien ; mais que la créature ait donné la vie à son créateur, c’est la grande merveille de l’Incarnation.
En Adam, la créature n’avait pas voulu dépendre de son créateur ; mais voici Jésus qui se fait dépendant de sa créature. C’est ainsi que tout est réparé.
Mais qui nous dira combien divines furent les communications du cœur de Marie et du cœur de Jésus, de l’âme de Marie et de l’âme de Jésus ? Il y a là des mystères d’amour, de tendresse, de douceur, de paix, que nous ne pourrons jamais comprendre.
Au moins, admirons-les ; bénissons Dieu qui en est l’auteur, et réjouissons-nous avec Marie de toutes ses joies de mère.
Demandons aujourd’hui de pouvoir communiquer, comme la Vierge Marie, avec le petit Jésus… Spécialement au moment de la communion quand nous le recevons réellement présent dans le sacrement… Que nous puissions nous réjouir aussi de ce moment d’intimité avec notre Créateur et Rédempteur.
Ainsi soit-il.