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Année 2020-Homélie pour le 4ème dimanche de Carême (JGA).

Le miracle de l’aveugle de naissance.

La conversion n’est jamais accomplie une fois pour toutes. Nous le constatons chaque jour : notre cécité a bien été guérie par le Christ, mais notre vue est étrangement défaillante. Une conversion, une guérison de notre regard est nécessaire.

Source : http://www.lectio-divina-rc.fr

 


L’Evangile de Jean (chap. 9) nous présente ainsi l’aveugle de naissance, symbole de l’humanité égarée dans le péché, qui est guéri par Jésus, la Lumière du monde. Il est peu à peu amené à la foi qui lui permet de reconnaître le Messie, par opposition aux Pharisiens qui demeurent dans les ténèbres.
La première chose qu’il serait bien de nous rappeler c’est que l’Evangile est un livre historique qui nous raconte la vérité, les évangélistes ont été témoins des faits qu’ils ont consigné, c’est à dire que Jésus a vraiment  fait des miracles.
On est frappé par la manière dont l’évangéliste insiste sur le fait concret et palpable de la guérison, qui est décrite plusieurs fois en détails : « il m’a mis de la boue », etc. et sur le caractère inexplicable du passage d’un état à l’autre : il était aveugle et maintenant il voit.
La deuxième chose qui est importante de noter c’est que l’aveugle né est peu à peu amené par Jésus à la foi qui lui permet de reconnaître le Messie, par opposition aux Pharisiens qui demeurent dans les ténèbres. En effet, cette guérison pose problème… Tous en parlent: l’aveugle en est le témoin principal et sait que Jésus l’a guéri mais il ne voit d’abord que l’aspect extérieur de l’événement : « l’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue… ». Certains de ses voisins hésitent à le reconnaître tant la guérison est rationnellement inacceptable. Ses parents reconnaissent la guérison, mais pas l’action de Dieu car ils sont paralysés par la peur. Les Pharisiens, enfin, aveuglés par leur légalisme parce que la guérison a eu lieu un shabbat et que Jésus en est l’auteur, la nient. L’évangéliste Jean semble convoquer toutes les catégories de personnes, une à une, devant le fait de la guérison, inexplicable mais indéniable ; il nous dévoile leur attitude intérieure. Les miracles de Jésus sont ainsi une pierre d’achoppement, avec deux possibilités : soit ils entraînent l’adhésion de foi comme à Cana : « Tel fut le premier des signes de Jésus (…) il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jean 2, 11), soit ils provoquent l’opposition, l’endurcissement du cœur qui conduit à rejeter le Christ. L’aveugle accomplit, quant à lui, une conversion progressive : il reconnaît d’abord Jésus comme un simple homme (v.11), puis le confesse courageusement comme prophète devant les Pharisiens (v.17) ; enfin il l’adore comme Seigneur (v.38).

Nous, comme l’aveugle-né, nous avons besoin d’être guéri par Jésus. En un très bref espace de temps, l’aveugle-né accomplit un itinéraire stupéfiant : le mendiant méprisé par la société rencontre Jésus comme guérisseur, le découvre comme prophète, et enfin l’adore comme Seigneur. Nous suivons souvent une évolution similaire et Dieu nous invite à chaque fois à rejeter les activités des ténèbres. Pourquoi ? Tout simplement parce que la conversion n’est jamais accomplie une fois pour toutes. Nous le constatons chaque jour : notre cécité a bien été guérie par le Christ, mais notre vue est étrangement défaillante.Une conversion, une guérison de notre regard est nécessaire.
Le temps de Carême est un bon moment pour prendre conscience de ces activités des ténèbres, et de rechercher ce qui est capable de plaire au Seigneur : un véritable chemin de conversion, qui passe par l’ascèse, par la pénitence, aujourd’hui l’occasion de cette ascèse nous est proposée à tous, nous ne devons même pas la chercher.
L’Evangile interpelle chacun de nous : «Crois-tu au Fils de l’homme?»  «Oui, je crois Seigneur !», répond joyeusement l’aveugle-né qui parle au nom de tout croyant. Le miracle de cette guérison est le signe que le Christ, en rendant la vue, veut ouvrir également notre regard intérieur afin que notre foi soit de plus en plus profonde et que nous puissions reconnaître en lui notre unique Sauveur. Le Christ illumine toutes les ténèbres de la vie et donne à l’homme de vivre en enfant de lumière.

Enfin, rappelons-nous que les miracles les plus grands sont les plus cachés : ceux qui s’accomplissent dans le secret de l’âme.
C’est ainsi que Jésus en parlait à sœur Faustine Kolwalska :
« Ecrit et parle de ma Miséricorde. Dis aux âmes qu’elles doivent chercher consolation au Tribunal de la Miséricorde. C’est là que se réalisent et se renouvellent sans cesse les plus grands miracles. Point n’est besoin, pour obtenir ce miracle de faire de lointains pèlerinages, ni de faire étalage d’un quelconque cérémonial ; il suffit de se jeter avec foi aux pieds de mon représentant, de lui dire sa misère et le miracle de la Miséricorde divine se manifestera dans toute son ampleur. Même si cette âme était déjà comme un cadavre en décomposition, et même si humainement parlant il n’y avait plus aucun espoir de réanimation, même si tout semblait perdu, il n’en est pas ainsi, avec Dieu : le miracle de la Miséricorde divine restaurera cette âme dans toute son intégrité. Ô malheureux, qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la Miséricorde divine, en vain vous appellerez, il sera trop tard !».

Ainsi soit-il.

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