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Année 2020- Homélie pour le 20ème dimanche du temps ordinaire (FE) (JA).

Avant de recevoir la foi l’homme peut à peine parler et il le fait mal, c’est-à-dire qu’il peut connaitre Dieu avec beaucoup de difficulté et d’une manière incertaine et confuse, comme l’ont connu les anciens philosophes. Mais après avoir reçu la foi l’homme connait Dieu d’une manière sûre.
Sources: www.introibo.fr


L’Evangile de ce dimanche nous présente le miracle de la guérison d’un sourd-muet. Selon le texte grec de l’évangile, il s’agit d’un « moguilalon », c’est-à-dire d’un sourd de naissance et qui de ce fait parle avec beaucoup de difficulté, s’exprimant plutôt par des bruits et des gémissements.

Jésus guérit cet homme par une série de gestes rares. Comme s’il avait du mal à faire ce miracle ; comme si c’était une guérison difficile pour lui. Quelques temps plus tard il guérira un autre sourd-muet en disant un seul mot : en exorcisant le démon qui le possédait. Et peu de temps avant le miracle d’aujourd’hui il avait déjà ressuscité un mort.   Que signifient donc les circonstances insolites dans lesquelles s’opère cette guérison ?

La plupart des Saints Pères de l’Eglise disent tout de suite que cela signifie « la foi surnaturelle », la naissance à la foi et par conséquent l’Eglise a introduit ces gestes rares de Jésus dans le rite du baptême, ajoutant à ceux-là l’exorcisme pratiqué lors de la guérison du deuxième sourd-muet.
Cette guérison Jésus pouvait l’accomplir d’un seul mot et sa puissance serait apparue plus éclatante. Mais le miracle qui nous est raconté cache un plus grand mystère et Jésus, voulant ici surtout nous instruire, subordonne l’exercice de sa puissance au but d’enseignement qu’il poursuit.
Les saints docteurs nous apprennent en effet que cet homme représente le genre humain tout entier, en dehors du peuple juif, abandonné depuis le péché originel à l’emprise du démon. La tyrannie de Satan l’a rendu esclave, en le réduisant à un état de mutisme et de surdité qui le fixe mieux que des chaînes de diamant sous son empire ; muet pour implorer Dieu, sourd pour entendre sa voix. Ainsi les deux chemins qui pouvaient le conduire à la délivrance sont fermés pour lui.

Regardons maintenant les gestes de Jésus :
D’abord il met cet homme sourd-muet à l’écart, parce que pour acquérir et garder la foi il faut s’écarter du monde et de tout ce qui est mondain. Il y a des hommes qui sont sourds simplement parce qu’ils ont la tête pleine du bruit de ce monde dominé par le prince des ténèbres.
Ensuite, Jésus a mouillé son doigt dans sa propre salive et il le met dans la langue de cet homme muet. De cette manière il signifie que la prédication, la parole de Dieu dans la bouche de l’homme, est l’origine de la foi.
Puis, il met ses doigts dans les oreilles du sourd pour signifier que la foi entre par l’ouïe, « fides ex auditu » comme dit l’apôtre saint Paul.
Ensuite Jésus lève les yeux vers le ciel puisque la foi est un don de Dieu, elle est une grâce divine. De cette manière Jésus, le Fils de Dieu, s’adresse à son Père plein de compassion miséricordieuse.
Ensuite Jésus gémit, parce que cette grâce allait lui coûter beaucoup. C’est par la croix en effet qu’il a obtenu pour les hommes la grâce de la foi. Jésus a gémi aussi en voyant la misère de l’homme sans la grâce de la foi, cet homme créé par lui et à son image devenu esclave du démon.
Enfin Jésus a prononcé un mot dans une langue étrange, probablement en chaldéen : « Ephpheta » qui signifie ouvre-toi, parce que la foi est un langage étrange pour nous, elle n’est pas notre langue maternelle ; notre langue maternelle est la raison. La foi est pour nous quelque chose ajoutée, elle est un langage appris et non pas connaturel.

Reprenant comme Dieu et comme Verbe la parole de restauration toute-puissante : Ephphetha ! Le néant, ou plutôt, ici, la ruine pire que le néant, obéit à cette voix bien connue ; l’ouïe de l’infortuné se réveille ; elle s’ouvre avec délices aux enseignements que lui prodigue la tendresse triomphante de l’Eglise, dont les prières maternelles ont obtenu cette délivrance ; et la foi qui pénètre en lui du même coup produisant son effet, sa langue enchaînée reprend le cantique de louange au Seigneur interrompu par le fatal péché depuis des siècles  l’usage de ce pouvoir créateur qui fit toutes choses parfaites à l’origine, Jésus prononce.

Après tout cela l’ancien sourd-muet a commencé à parler et à entendre correctement, dit l’Evangile. En effet avant de recevoir la foi l’homme peut à peine parler et il le fait mal, c’est-à-dire qu’il peut connaitre Dieu avec beaucoup de difficulté et d’une manière incertaine et confuse, comme l’ont connu les anciens philosophes. Mais après avoir reçu la foi l’homme connait Dieu d’une manière sûre.

L’Evangile se termine par un enseignement sur l’humilité. Jésus demande le silence aux témoins du miracle qu’il vient d’accomplir, bien qu’il n’ignore pas que leur légitime admiration ne tiendra nul compte de ses recommandations sur ce point. Mais il veut apprendre à ceux qui le suivent à fuir l’ostentation et à se cacher dans le secret de la face de leur Dieu. « Nous sommes des serviteurs inutiles, nous n’avons fait que ce que nous devions faire » (Luc 17,10).

Rendons grâce à Dieu pour le don de la foi et demandons-lui encore la grâce de lui rester toujours fidèles.

Ainsi soit-il.

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